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Espagne : le monde rural réclame des réglementations urgentes pour empêcher les énergies renouvelables d’occuper des terres agricoles productives

Illustration. Crédit photo Union des Syndicats espagnols
Le 7 juillet, les agriculteurs ont exigé des réglementations urgentes et des mesures concrètes pour protéger la conservation des sols contre les spéculations qui obligent les propriétaires à céder des terres fertiles et cultivables à des entreprises qui installent des panneaux solaires et des infrastructures d’énergie renouvelable.
La création et l’amélioration d’un sol agricole fertile peuvent prendre plusieurs générations, car le sol est un écosystème complexe qui ne se développe pas du jour au lendemain. « Nous ne pouvons pas permettre que des terres cultivables soient transformées en champs de panneaux solaires sans aucun type de zonage », a dénoncé le porte-parole de l’Union des syndicats d’agriculteurs et d’éleveurs, à l’occasion de la Journée mondiale de la conservation des sols, le 7 juillet.
« Nous sommes confrontés à une perte irréversible de terres agricoles exploitables et au déplacement de l’activité productive dans de nombreuses régions. »
En effet, « chaque année, environ 1 milliard de tonnes de sol sont perdues dans l’UE à cause de l’érosion », a souligné l’organisation. Dans le cas de l’Espagne, les régions les plus touchées sont le bassin méditerranéen et diverses zones montagneuses.
Les mesures demandées sont, en premier lieu, le renforcement du contrôle des nouvelles installations énergétiques et la mise en place d’un zonage officiel d’intérêt agricole empêchant la location ou l’expropriation de ces terres pour des raisons liées aux énergies renouvelables.
L’instabilité et la spéculation foncière dues à l’expansion accélérée des infrastructures énergétiques sans critère territorial affectent la relève générationnelle et compromettent la durabilité du modèle agricole professionnel, ce qui souligne la nécessité d’une reconnaissance et d’une protection.
Le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 12,4 % dans l’enquête de 2023 par rapport au recensement de 2020, et les terres agricoles appartiennent à un nombre de plus en plus restreint de personnes se consacrant à l’élevage et à l’agriculture, a indiqué en février l’Institut national espagnol de statistique dans son rapport sur la structure des exploitations agricoles du 26 février. En outre, l’élevage a diminué de 12,1 % pour les chèvres, de 11,4 % pour les moutons, de 10 % pour les lapins, de 10 % pour les porcs et de 6,4 % pour les bovins.
Ce problème touche particulièrement les terrains situés à proximité des centres de transformation énergétique, car les énergies renouvelables nécessitent une sous-station électrique et, plutôt que de créer de nouvelles sous-stations, on cherche à exploiter celles qui existent déjà.
Peu importe qu’il s’agisse de terres fertiles, le mode d’action des entreprises intéressées consiste à louer une partie de ces terrains par le biais de contrats à très long terme, puis à demander à l’administration de déclarer ces sols d’utilité publique. Si elles n’obtiennent pas que le propriétaire leur cède volontairement le terrain, elles demandent alors à l’administration de faciliter l’expropriation forcée.
Antonio Miguel, un agriculteur de Jaén, a expliqué qu’il a été confronté au choix d’accepter de louer ses terres agricoles, qu’il a cultivées toute sa vie, ou de les voir expropriées. La location de ses terres lui rapportera environ 3000 euros par hectare, une somme qu’Antonio juge insuffisante par rapport à la valeur que représentent ses propriétés pour lui.
« Après toute une vie à prendre soin de ce champ, je me retrouve sans alternative. Quel genre de démocratie est-ce, où l’on doit céder sa propriété pour ne pas la perdre complètement ? », a-t-il déploré.
Une déclaration d’utilité publique concernant tout ou partie d’une propriété n’accorde que 30 jours, à partir de la publication de l’annonce dans les bulletins officiels et dans le journal provincial le plus diffusé, pour que les personnes concernées puissent présenter leurs objections.
« Les agriculteurs sont en première ligne pour défendre la terre, car nous en vivons », a déclaré un porte-parole de l’Union de Uniones. « On ne peut pas protéger la terre sans ceux qui la travaillent chaque jour », a ajouté l’organisation.
« Le sol n’est pas une marchandise de plus, c’est une base de vie. Sans lui, il n’y a pas d’aliments »
L’organisation a exigé « des politiques adaptées à la réalité agro-pastorale, avec des réglementations basées sur la science et non sur l’idéologie », et a demandé de « simplifier et adapter les normes environnementales ainsi que les éco-régimes de la PAC (Politique Agricole Commune) », un ensemble de politiques de l’Union européenne qui affectent directement les agriculteurs et pourraient inverser la situation de crise actuelle.
« Le sol n’est pas une marchandise de plus, c’est une base de vie. Sans lui, il n’y a pas d’aliments, pas d’agriculture, et pas d’avenir pour le monde rural. »
Ces politiques devraient « refléter la réalité productive du terrain et permettre sa viabilité économique, afin de soutenir l’adoption de pratiques de conservation par les agriculteurs, en particulier ceux qui travaillent dans des zones sensibles à l’érosion ou à la désertification, qui sont en outre les plus vulnérables », a-t-elle ajouté.

Journaliste et rédactrice. Elle a étudié trois ans et demi en médecine à l'Université du Chili, en plus de faire de la musique au conservatoire Rosita Renard et au piano à la Suzuki Method School. Après avoir participé à un cours d'écriture créative en Italie, elle a étudié et pratiqué le journalisme à Epoch Times.
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