Les ministres du Commerce de l’UE se réunissent à Bruxelles après l’annonce par les États-Unis d’un tarif douanier de 30%

Le commissaire européen désigné Maros Sefcovic au Parlement européen à Bruxelles le 4 novembre 2024.
Photo: Nicolas Tucat/AFP via Getty Images
Les ministres européens du Commerce se réunissent lundi à Bruxelles pour discuter des relations commerciales transatlantiques après que les États-Unis ont annoncé leur intention d’imposer un tarif de 30 % sur les importations en provenance de l’Union européenne.
Arrivé au Conseil des Affaires étrangères sur le commerce, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a déclaré qu’un tarif à ce niveau perturberait gravement les flux commerciaux entre les États-Unis et l’UE.
« L’idée d’un droit de douane de 30 % est effectivement prohibitive pour les échanges commerciaux », a souligné M. Sefcovic aux journalistes. « Nous restons convaincus que nos relations transatlantiques méritent une solution négociée, qui jette les bases d’une stabilité et d’une coopération renouvelées. »
Le commissaire a déclaré qu’il avait l’intention de s’entretenir avec ses homologues américains plus tard lundi, notant que les négociations au cours des dernières semaines semblaient proches d’un accord.
« Nous négocions cet accord de principe depuis quatre semaines, et je pense que nous y sommes presque », a-t-il précisé, ajoutant que l’annonce américaine change la dynamique des discussions.
Le président américain Donald Trump a accusé l’UE de maintenir des tarifs douaniers et des barrières non tarifaires injustes contre les exportations américaines et a averti que le taux de 30 % pourrait être augmenté si l’Europe ripostait.
L’UE, principal partenaire commercial des États-Unis, a annoncé dimanche qu’elle prolongerait la suspension de ses contre-mesures aux tarifs douaniers américains jusqu’au mois prochain.
L’annonce de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait suite à une déclaration antérieure dans laquelle elle affirmait que l’Union européenne prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts, y compris des contre-mesures proportionnées si nécessaire.
Donald Trump avait initialement donné à ses partenaires commerciaux jusqu’au 9 juillet pour parvenir à des accords avec son administration, menaçant d’imposer des tarifs douaniers si les négociations échouaient.
Des lettres ont depuis été envoyées à plus de 20 pays, dont le Mexique, les informant de l’existence de tarifs similaires de 30 %.
S’exprimant sur les risques d’un conflit commercial prolongé, M. Sefcovic a souligné que des tarifs douaniers plus élevés pourraient endommager les chaînes d’approvisionnement transatlantiques et perturber le flux de 1,7 billion de dollars (1,4 billion d’euros) de biens et services échangés chaque année entre l’UE et les États-Unis.
Selon M. Sefcovic, l’incertitude actuelle ne peut pas persister indéfiniment et l’UE doit se préparer à toutes les éventualités, y compris à des mesures visant à « rétablir l’équilibre » dans la relation transatlantique.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a annoncé lundi que l’UE préparait 21 milliards d’euros de droits de douane sur les produits américains si les négociations avec les États-Unis échouaient.
M. Tajani a averti que des mesures supplémentaires pourraient suivre, mais a déclaré garder espoir quant à un accord. Il a appelé à « zéro tarif » et à un marché ouvert entre le Canada, les États-Unis, le Mexique et l’Europe.
Volumes d’échanges
Le commerce bilatéral entre l’Union européenne et les États-Unis a atteint un nouveau sommet en 2024, avec un total d’échanges de biens et de services s’élevant à 1,68 billion d’euros (1,96 billion de dollars), selon les chiffres de l’UE.
Ce chiffre dépasse le produit intérieur brut (PIB) total de l’Espagne. En moyenne, des biens et services d’une valeur de plus de 4,6 milliards d’euros (5,38 milliards de dollars) traversent l’Atlantique chaque jour.
L’UE a enregistré un excédent commercial de 50 milliards d’euros (58 milliards de dollars) avec les États-Unis en 2024 en combinant les biens et les services, tandis que les données américaines ont montré un déficit commercial de biens de 235,6 milliards d’euros (275,4 milliards de dollars), en hausse de 12,9 % par rapport à 2023.
Dans une lettre envoyée aux dirigeants de l’UE, Donald Trump a défendu les tarifs douaniers prévus, décrivant les relations commerciales comme « loin d’être réciproques ».
« Veuillez comprendre que ces droits de douane sont nécessaires pour corriger les nombreuses années de politiques tarifaires et non tarifaires et de barrières commerciales de l’Union européenne, qui sont à l’origine d’importants et insoutenables déficits commerciaux des États-Unis », a écrit M. Trump. « Ce déficit constitue une menace majeure pour notre économie et, bien sûr, pour notre sécurité nationale ! »
L’UE cherche à éviter l’escalade et à diversifier ses échanges commerciaux
S’exprimant lundi, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, représentant la présidence de l’UE, a déclaré que les relations commerciales transatlantiques se trouvent à un tournant critique.
« Nous ne voulons aucune guerre commerciale avec eux. Elle serait dévastatrice, non seulement pour les Américains, mais aussi pour l’Europe », a déclaré M. Rasmussen aux journalistes. « Nous ne voulons donc pas envenimer la situation. »
M. Rasmussen a également salué les progrès réalisés par l’UE dans ses efforts pour diversifier ses partenariats commerciaux, soulignant un accord de principe avec l’Indonésie conclu au cours du week-end.
M. Sefcovic a déclaré que des discussions sont en cours avec d’autres partenaires de la région Asie-Pacifique, notamment la Corée du Sud, le Japon, le Vietnam, Singapour et les Philippines.
L’UE se prépare également à un sommet à Pékin plus tard ce mois-ci, tout en poursuivant les négociations sur des accords commerciaux majeurs avec le Mexique et le Mercosur, le bloc commercial sud-américain.
Lors d’une conférence de presse avec le président indonésien dimanche, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : « Lorsque l’incertitude économique rencontre la volatilité géopolitique, des partenaires comme nous doivent se rapprocher. »

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
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