Le militant des droits de l’homme Guo Feixiong entame une grève de la faim en prison

Par Mary Hong
30 septembre 2023 13:25 Mis à jour: 30 septembre 2023 13:25

Guo Feixiong, éminent avocat et militant chinois des droits de l’homme, a entamé une grève de la faim depuis le mois d’août parce que les autorités refusent de lui fournir un traitement médical. Entre-temps, un groupe de défense des droits a publié un avis sur sa situation critique afin de sensibiliser la communauté internationale.

Me Guo Feixiong, également connu sous le nom de Yang Maodong, 56 ans, a été condamné en mai à huit ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », un chef d’accusation souvent utilisé pour cibler les critiques de Pékin. À l’époque, il avait entamé une grève de la faim de plus de 100 jours parce que les autorités chinoises refusaient de lui fournir un traitement médical.

Le 19 septembre, l’association chinoise Rights Protection Network, également connue sous le nom de Weiquanwang, a publié un avis indiquant que l’état de santé de Me Guo Feixiong se détériorait ; son poids est tombé à 41,5 kg et il souffre de fortes fièvres et de frissons. L’avis ajoute que la prison a refusé la demande de la famille de transférer Me Guo Feixiong dans une clinique pour qu’il y reçoive des soins médicaux appropriés.

Me Guo Feixiong est originaire de la province de Hubei, dans le centre de la Chine. Il a participé aux manifestations pro-démocratiques menées par les étudiants de la place Tiananmen en 1989. Il s’est fait connaître en participant au mouvement des nouveaux citoyens et au mouvement de la rue sud, en défendant les pratiquants de Falun Gong et en appelant les fonctionnaires corrompus du parti communiste à révéler leurs avoirs.

En 2005, par exemple, Me Guo Feixiong, en tant que consultant juridique du cabinet d’avocats Beijing Shengzhi, a fourni des conseils juridiques aux villageois de Taishi qui tentaient de destituer leur chef parce qu’il aurait essayé de vendre leurs terres et d’en détourner le produit. Par la suite, Me Guo Feixiong s’est vu décerner le titre de « Personnalité de l’année » par l’Asia Weekly en 2005 et le « Prix du combattant de la démocratie en Chine ».
En 2015, Me Guo Feixiong a reçu le prix Front Line Defenders. Son épouse, Zhang Qing, et sa fille, Yang Tianjiao, ont accepté le prix en son nom à Dublin, la capitale irlandaise.

Persécution

En janvier 2021, alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour rendre visite à son épouse en phase terminale aux États-Unis, Me Guo Feixiong a été intercepté à l’aéroport international de Shanghai Pudong et détenu par la sécurité publique au motif qu’il était « soupçonné de mettre en péril la sécurité nationale ». Il a perdu tout contact avec le monde extérieur pendant plusieurs mois.

Pour éviter d’être persécutée par les punitions collectives infligées par le régime chinois aux membres de sa famille, Zhang Qing avait fui la Chine avec ses deux jeunes enfants en février 2009. Elle est arrivée aux États-Unis deux mois plus tard et a obtenu le statut de réfugiée en novembre de la même année.

Des habitants expliquent aux médias que la police a attaqué leur village avec un canon à eau à haute pression et arrêté 48 personnes à Taishi, en Chine, le 12 septembre 2005. (AFP/Getty Images)

Même après avoir demandé à plusieurs reprises aux autorités chinoises de lui permettre de rendre visite à sa femme,  Me Guo Feixiong a été officiellement arrêté par le bureau de la sécurité publique de Guangzhou pour « incitation à la subversion contre le pouvoir de l’État » le 12 janvier 2022, deux jours après le décès sa femme Zhang Qing.

La sœur de Me Guo Feixiong, Yang Maoping, a déclaré à Radio Taïwan International qu’elle était vraiment désolée pour sa belle-sœur, Zhang Qing, qui a élevé seule deux enfants pendant plus de dix ans aux États-Unis.

« C’était très difficile. Elle était gravement malade. Il a été arrêté alors qu’elle était sur le point de mourir. C’est inhumain… les enfants ont été laissés seuls sans que personne ne s’occupe d’eux », a déploré Yang Maoping en mai 2023, alors que les autorités procédaient à une audition sur le cas de Guo Feixiong.

Le 12 mai, le département d’État américain a condamné Pékin pour avoir empêché des diplomates d’assister au procès de Me Guo Feixiong et à sa condamnation à huit ans de prison, et a appelé le régime « à libérer immédiatement Me Guo Feixiong et à lui permettre de se rendre aux États-Unis pour retrouver sa famille. »

Demande rejetée

Me Guo Feixiong est actuellement détenu à la prison de Sihui, dans le sud-est de la province de Guangdong.

Selon le Réseau de protection des droits, Yang Maoping a demandé à la prison d’améliorer le régime alimentaire de Me Guo Feixiong et de lui fournir un traitement médical, mais les responsables de la prison ont ignoré sa demande. Elle a également déposé une plainte auprès du Bureau des prisons, mais n’a pas reçu de réponse.

Epoch Times a contacté la prison de Sihui, mais un membre du personnel a refusé de commenter la situation.

Epoch Times a également appelé le Bureau de l’administration pénitentiaire de la province de Guangdong pour s’enquérir de la demande de transfert. Un membre du personnel a répondu : « Nous ne vous donnerons pas d’informations sur le prisonnier. Si vous voulez le savoir, apportez votre carte d’identité et vérifiez auprès de la prison de Sihui. Le prisonnier peut soumettre une demande de transfert à la police de la prison s’il le souhaite ».

Le défenseur des droits Zhu Chengzhi, qui fait l’objet d’une surveillance policière depuis plusieurs années, a exprimé à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times : « Le monde extérieur sait très peu de choses sur la situation de Me Guo Feixiong. De temps en temps, je peux en apprendre un peu sur Internet. La situation en Chine continentale étant très particulière, je n’ose pas en parler à sa famille ou à d’autres amis. Je crains que cela ne leur cause des ennuis ».
Zhu Chengzhi est la première victime connue de la prison secrète du régime chinois ou de la surveillance résidentielle dans un lieu désigné (RSDL), qui « permet à la police de retirer de la rue des personnes ciblées, de les placer à l’isolement dans des lieux secrets, de les garder au secret et d’empêcher leur famille ou toute autre personne de savoir où elles se trouvent », selon Peter Dahlin, fondateur de l’association de défense des droits Safeguard Defenders.

Zhu Chengzhi, originaire de la province du Yunnan et ancien propriétaire d’une mine de manganèse, a été arrêté à plusieurs reprises pour avoir déposé des pétitions et soutenu les manifestations pro-démocratiques de la place Tiananmen en 1989.

« J’espère que davantage de personnes du monde extérieur prêteront attention à Me Guo Feixiong et prendront sa défense. Cela l’aiderait vraiment », a conclu Zhu Chengzhi.
Alex Wu et Li Xi ont contribué à cet article.

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