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Le patron de Nvidia espère vendre des puces Blackwell à la Chine, des élus réclament des restrictions
Une étude publiée la semaine dernière conclut que les puces Blackwell de Nvidia, même bridées, pourraient aider la Chine à combler rapidement son retard en IA.

Jensen Huang, fondateur et directeur général de NVIDIA, lors d’une séance de questions réponses en marge du sommet des PDG de l’APEC, le 31 octobre 2025 à Gyeongju (Corée du Sud).
Photo: Woohae Cho/Getty Images
Le directeur général de Nvidia, Jensen Huang, a déclaré le 31 octobre qu’il espérait que l’entreprise pourrait, à terme, vendre ses puces phares Blackwell en Chine, tout en précisant qu’aucun projet n’était à l’ordre du jour à ce stade.
« Je l’espère, mais c’est une décision qui revient au président Trump », a‑t‑il indiqué à des journalistes, en marge du sommet des PDG de l’APEC, à Gyeongju, en Corée du Sud.
Les États‑Unis ont imposé des contrôles à l’exportation sur la vente des puces d’IA les plus avancées de Nvidia à destination de la Chine, afin de freiner ses avancées technologiques, en particulier pour des usages susceptibles de renforcer ses capacités militaires.
M. Huang estime toutefois que la Chine progresse en IA avec ou sans les puces de Nvidia.
« Rappelez‑vous que la Chine fabrique elle‑même de nombreuses puces d’IA, et l’armée chinoise a assurément largement accès à des puces produites en Chine », a déclaré M. Huang. « Le fait est que la Chine a bloqué le modèle H20 et, d’une certaine manière, elle dit : “Nous disposons déjà de technologies d’IA en quantité”. De ce point de vue, l’inquiétude liée à la sécurité nationale trouve sa réponse dans le refus par la Chine du H20 ou de toute puce américaine. »
En août, un compte de médias sociaux affilié à l’État chinois a exhorté les entreprises à éviter d’acheter les puces H20 de Nvidia, en invoquant l’existence supposée d’une porte dérobée ; un porte‑parole de Nvidia a démenti ces allégations à l’époque.
Plus tôt dans la semaine, M. Huang avait indiqué à la presse que la Chine avait clairement signifié ne pas vouloir de Nvidia sur son marché, et que l’entreprise n’avait, en conséquence, pas déposé de nouvelles demandes de licences d’exportation.
À l’issue de la rencontre bilatérale du 30 octobre avec le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, à Busan (Corée du Sud), M. Trump a déclaré à des journalistes à bord d’Air Force One que la question des semi‑conducteurs avait été abordée et que la Chine « allait discuter avec Nvidia et d’autres pour se procurer des puces », tout en ajoutant : « Il n’est pas question des Blackwell. »
La mention des puces Blackwell par M. Trump plus tôt dans la semaine, à bord d’Air Force One, a incité des élus des deux partis à appeler à la prudence.
La Commission spéciale de la Chambre des représentants sur le PCC a indiqué sur X que son président, le représentant John Moolenaar (républicain, Michigan), avait rappelé à l’administration Trump que les États‑Unis « ne peuvent pas vendre les puces d’IA avancées les plus récentes à l’adversaire numéro un de notre pays ».

Jensen Huang tient une carte Blackwell GeForce RTX 50 Series et un ordinateur portable RTX 5000 lors de son discours d’ouverture au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas (Nevada), le 6 janvier 2025. (PATRICK T. FALLON/AFP via Getty Images)
Le 30 octobre, M. Moolenaar et le coprésident de la commission, le représentant Raja Krishnamoorthi (démocrate, Illinois), ont présenté une proposition de loi obligeant les entreprises américaines à vendre en priorité leurs puces d’IA avancées à des sociétés américaines avant de faire affaire avec certains pays étrangers comme la Chine.
« À un moment où les puces les plus avancées sont en quantité limitée, le soutien à notre économie et à l’ingéniosité américaine doit primer sur toute facilitation de la modernisation militaire et des atteintes aux droits de l’homme par le PCC », a déclaré M. Krishnamoorthi dans un communiqué.
Parallèlement, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer (New York), a conduit un groupe de sénateurs démocrates à écrire à l’administration Trump pour lui demander de ne pas lever les restrictions sur les puces d’IA à destination de la Chine.
M. Schumer a critiqué M. Trump au Sénat au sujet d’accords avec la Chine ; s’agissant de technologie, il a affirmé que la Chine était « avide » d’acquérir des puces d’IA et que, si elle parvenait à obtenir les puces américaines les plus avancées, « la Chine dominerait l’IA en quelques années, avec des conséquences majeures pour l’Amérique et pour le monde ».
Selon une analyse du processeur vedette Blackwell de Nvidia (B300), publiée par l’Institute for Progress le 25 octobre, la vente à la Chine de versions allégées de cette puce, dites B30A, ne suffirait pas à empêcher Pékin de rattraper la puissance de calcul en IA des États‑Unis, la Chine pouvant simplement déployer davantage de puces pour obtenir un résultat équivalent.
L’étude avance que la Chine pourrait, en substance, acheter deux fois plus de B30A pour obtenir des performances comparables à celles du B300, vraisemblablement à coût similaire ; un porte‑parole de Nvidia a refusé de commenter les spécifications techniques.
L’analyse a évalué neuf scénarios de contrôle des exportations : si aucune puce avancée n’était exportée vers la Chine dans l’année à venir, les États‑Unis disposeraient en 2026 d’une capacité de calcul en IA 31 fois supérieure à celle de la Chine, en supposant également l’absence de tout contournement des restrictions.
Si les B30A étaient autorisées à l’export, l’étude conclut que les États‑Unis ne conserveraient plus qu’un rapport de 4 pour 1 en 2026.
« Dans les scénarios d’exportation les plus permissifs, incluant la vente de la B30A et de puces comparables produites par l’ensemble des entreprises américaines du secteur, l’avantage s’inverserait, la Chine prenant le dessus avec un ratio de 1,1 : 1 par rapport aux États‑Unis », note le rapport.
Reuters a contribué à cet article.

Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.
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