Le PCC se sert des festivités de Noël en Chine pour redorer son image mais prône un communisme pur et dur

Noël n'est qu'un spectacle pour eux, mais rendre hommage à Mao reste la priorité idéologique du moment.

Par Jessica Mao & Michael Zhuang
2 janvier 2024 23:42 Mis à jour: 2 janvier 2024 23:45

En Chine, les festivités de Noël ont coïncidé avec l’anniversaire de l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Mao Zedong. Auparavant, pour le dirigeant chinois Xi Jinping Noël était une fête occidentale à connotation religieuse, qui rentrait en contradiction avec l’idéologie athée du communisme.

Dans le passé, il a exprimé sa volonté de vouloir protéger la « culture chinoise » au détriment de ce type de festivités occidentales, et ainsi de nombreux gouvernements locaux en Chine décidaient d’annuler les festivités de Noël. Certaines universités chinoises ont même interdit aux étudiants de quitter leur dortoir la veille de Noël et leur ont demandé de ne pas avoir d’« objets liés à Noël » dans leur dortoir.

Certaines villes ont déployé un grand nombre de policiers dans les rues et ont imposé des contrôles stricts à proximité des églises. Les autorités locales ont également interdit aux commerçants de vendre des cartes de Noël entre autres articles.

Pourtant, cette année a donné l’impression d’être différente. A Shanghai, la ville la plus peuplée de Chine, les habitants ont pu participé à un large éventail de célébrations de Noël. Début décembre, les rues de Shanghai se sont remplies de décorations de Noël, de marchés de Noël et de personnes vêtues de toutes sortes de costumes de Noël. Cette riche atmosphère de Noël à Shanghai a attiré beaucoup d’attention compte tenu des consignes du PCC.

Parallèlement, les autorités du PCC viennent de célébré le 130e anniversaire de la naissance de Mao Zedong, avec des festivités très médiatisées dont l’ampleur contraste nettement avec les années précédentes.

Commémoration de l’anniversaire de Mao

Contrairement à Shanghai qui célèbre la fête « étrangère » de Noël, la capitale chinoise, Pékin, s’est concentré, le 26 décembre, sur le 130e anniversaire de la naissance de Mao par le biais d’une impressionnante cérémonie.

Un événement a été organisé au Grand Hall du Peuple à Pékin, avec dans les tribunes les sept membres du Comité permanent du Politburo du PCC. Xi Jinping a prononcé un discours de louanges en l’honneur de Mao en qui il voit un « trésor spirituel » apte à guider le parti dans l’avenir.

Comme dans son discours prononcé lors du 120e anniversaire, Xi a minimisé les impacts de la révolution culturelle : même si Mao « a commis des erreurs » pendant cette période, a-t-il dit, ses succès ne doivent pas être oubliés.

Avant l’événement, M. Xi a également fait visiter à d’autres membres du Politburo et à un groupe de fonctionnaires du PCC la salle commémorative du président Mao. Les officiels se sont inclinés trois fois devant une statue assise de Mao et ont rendu hommage à son corps embaumé.

Des événements commémoratifs ont également été organisés dans toute la Chine et les médias d’État ont publié de nombreux articles commémoratifs et documentaires sur sa vie. Comparé aux anniversaires précédents, l’ampleur des événements était nettement visible cette année.

Célébrer Noël tout en prônant le communisme de Mao

Lai Jianping, ancien avocat de Pékin et président de la Fédération pour une Chine démocratique, a déclaré dans une interview accordée à Epoch Times le 29 décembre que la décision du PCC de tolérer les festivités de Noël à Shanghai n’est qu’une façade à destination des étrangers, mais qu’en réalité, le véritable objectif du régime est de ramener la société chinoise aux idéologies communistes radicales de Mao.

Selon lui les festivités de Noël à Shanghai ont été autorisées et même orchestrées par le PCC. Il explique qu’en vertu du contrôle extrêmement strict exercé que le PCC exerce sur la société, tous les événements et manifestations doivent être approuvés. Par conséquent, ce type de célébration, plus glamour que les années précédentes et d’une plus grande ampleur, est en fait dirigé par le régime.

« Noël est un spectacle, mais honorer Mao est leur véritable objectif idéologique », dit-il. « Le PCC tente de créer une fausse impression dans le monde entier. Il essaie de montrer aux partisans de la réforme et de l’ouverture et aux défenseurs des valeurs démocratiques et occidentales que le parti est toujours ouvert et prêt à reconnaître la société occidentale et certaines de ses valeurs. »

Il ajoute : « En réalité, le PCC veut prendre un virage à gauche toute et revenir au communisme radical, que représentent la dictature totalitaire de Mao et ses idéaux d’extrême gauche. En apparence, le régime tente de combiner populisme et nationalisme dans son programme politique, ce qui rendra certaines forces de gauche [au sein du PCC] encore plus favorables à Xi ».

Selon M. Lai, il existe un certain niveau de division au sein de l’opinion publique chinoise. Aux échelons supérieurs du PCC, la coordination est bonne et les membres sont unis. Toutefois, il n’en va pas de même pour le commun des mortels en Chine. Le public chinois est très divisé : souvent les élites et les intellectuels ont une impression négative de Mao, mais il a aussi ses admirateurs.

« Toute personne dotée d’un peu de bon sens comprend l’état de la société chinoise sous Mao, où les gens n’avaient ni droits ni libertés politiques et où les difficultés économiques étaient extrêmes », a expliqué M. Lai. « Le pays tout entier était plongé dans une extrême pauvreté et la plupart des gens n’étaient donc pas favorables au maoïsme. Mais les anciens ‘gardes rouges’ [de l’époque de Mao] vénèrent encore Mao au point de lui vouer un culte. Ils veulent faire croire que de nombreux Chinois regrettent Mao. Mais ce n’est pas la réalité. Les personnes qui admirent Mao sont beaucoup moins nombreuses que celles qui le détestent. »

Il explique également que tous les membres du Politburo et les hauts fonctionnaires du PCC sont fidèles à Xi, et ne s’opposeront jamais à ses idées. Pourtant, au sein des élites du parti, des divergences sur les politiques économiques se font sentir.  Par conséquent, il est important pour le PCC de renforcer son totalitarisme et son contrôle sur la société et le peuple. Le communisme radical de Mao correspond à la politique actuelle voulue par le PCC, mais le régime veut tendre un « rameau d’olivier » à ceux qui, dans le pays, n’adhèrent peut-être pas au maoïsme pur et dur. Les festivités de Noël ont donc été utilisées pour afficher l’image d’un régime « ouvert » et « tolérant » à l’égard de certains idéaux occidentaux.

Xin Ning a collaboré à la rédaction de cet article.

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