Le Préhistomuseum de Ramioul en Belgique, le plus grand site européen consacré à la préhistoire

16 janvier 2018 08:00 Mis à jour: 30 août 2018 17:23

30 hectares d’expériences à vivre au cœur d’un vallon boisé classé, un étonnant espace muséal intégré dans l’environnement, une collection unique de plus de 500.000 pièces, de quoi offrir une découverte passionnante même aux enfants qui se croient allergiques aux musées.

Malgré son design très épuré, le Conservatoire bâti en acier corten se fond naturellement dans son environnement de forêts et de bâtiments reconstitués. (Charles Mahaux)

Tout a commencé en 1908 avec la découverte de la grotte de Ramioul et de son ossuaire néolithique, de quoi confirmer que cette région en Haute-Meuse liégeoise est habitée par l’homme depuis 75000 ans au moins. La grotte, la première électrifiée visitable en Belgique en 1917, était valorisée par un petit musée tenu par des bénévoles.

Accompagnés d’une archéologue, les participants aux différents ateliers essayent de faire un geste préhistorique: rien de moins évident… (photo Charles Mahaux)

Il faudra attendre la fin du XXe siècle pour le passage à une autre dimension avec la création du Préhistosite dont le concept était déjà novateur avec une découverte active des patrimoines archéologique et naturel. Le succès grandissant a amené l’équipe à la tête du musée à rénover complètement le site. Le Préhistomuseum est né en février 2016, un musée décalé qui allie l’expérience touristique à l’expérience culturelle et qui s’adresse à des publics aussi divers que familles, écoles, chercheurs et archéologues.

Les archéologues ont reconstitué divers bâtiments préhistoriques comme ici une palissade du Néolithique moyen. (Charles Mahaux)

Presque un parc d’attractions… préhistoriques !
Une journée entière ne permet pas de faire le tour des activités. Les plus aventureux apprécieront le labyrinthe végétal qui retrace l’évolution humaine sur 8 millions d’années où on est confronté aux impasses de l’humanité. À chacun de choisir sa voie en s’aidant ou non des indices proposés, de quoi sortir homo sapiens de cette aventure à moins d’être plutôt « malin comme un singe » ??? Ailleurs, un parcours pieds nus offre une autre expérience ludique qui met tous les sens en éveil, à la recherche des empreintes de l’Homme, celles que l’homme préhistorique a laissées mais aussi celles que nous laisserons demain. Au pied de quatre grands arbres à palabres, des coffres en bois délivrent des contes issus de partout dans le monde.

De 20000 à 12000 ans avant notre ère, l’arme utilisée était le propulseur. En prolongeant le bras, il permettait une accélération de projectiles légers comme les sagaies. (Charles Mahaux)

Un siècle plus tard, la grotte de Ramioul est replongée dans le noir pour que le visiteur revive l’aventure vécue par les premiers explorateurs. À la lumière d’une lampe frontale, les cavités semblent receler de nombreux secrets qui drainent le parcours d’une magie envoûtante. Balade à poursuivre ensuite autour de la grotte, au cœur d’une réserve naturelle où la nature a repris les pleins pouvoirs. La découverte d’un paysage qui n’est pas né par hasard est jalonnée par un système judicieux de lorgnettes qui indiquent les témoins d’une évolution qui passerait inaperçue autrement.

Grâce à une tablette, le visiteur peut explorer les réserves du musée et rencontrer des archéologues qui proposent leur regard sur les collections. C’est aussi une manière de faire apparaître l’invisible. (Charles Mahaux)

Enfin deux circuits de chasse proposent des cibles grandeur nature qui évoquent des animaux des périodes glaciaire et tempérée. Equipé d’un arc préhistorique ou d’un propulseur qui, pour les plus adroits, offre une vitesse de tir de 90 km/h, les chasseurs d’un jour sont amenés à réfléchir aux conditions de survie des hommes préhistoriques confrontés entre autres à des aurochs, des rhinocéros laineux, des mammouths, tous disparus aujourd’hui.

Grâce à une tablette, le visiteur peut explorer les réserves du musée et rencontrer des archéologues qui proposent leur regard sur les collections. C’est aussi une manière de faire apparaître l’invisible. (Charles Mahaux)

La Préhistoire au bout d’une tablette ou dans son assiette
Le lieu-dit Conservatoire qui abrite à la fois les salles d’exposition permanentes et temporaires, les réserves muséales (pas moins de 500.000 pièces) et le CCED, le Centre de conservation, d’étude et de documentation occupe un édifice bas mais tout en longueur dont l’enveloppe en acier corten offre déjà de belles teintes orangées destinées à se fondre naturellement dans le paysage. Si la scénographie du complexe semble traditionnelle, elle ouvre une belle surprise aux visiteurs qui, quel que soit leur âge, sont équipés d’une tablette interactive en plusieurs langues qui permet à chacun de vivre une visite interactive personnelle, à organiser selon ses intérêts. Un simple clic au-dessus d’un objet ouvre une fenêtre sur un monde en perspective : elle informe, elle interroge et mène enfin à une réflexion sur les enjeux de notre société tributaire de notre empreinte.

Accompagnés d’une archéologue, les participants aux différents ateliers essayent de faire un geste préhistorique: rien de moins évident… (Charles Mahaux)

S’initier aux gestes des hommes préhistoriques est une autre expérience à vivre grâce aux ateliers pratiques assurés par des archéologues-animateurs : comment allumer le feu, tailler un silex, modeler un objet en argile, etc. En visitant ensuite les reconstitutions de constructions préhistoriques, on découvre entre autres comment se construisait une palissade ou un tipi. C’est en appréhendant cette réalité et en répétant avec d’autres des gestes de nos lointains ancêtres que chacun, à son niveau, entendra en soi une ritournelle, celle des questions existentielles : qui sommes-nous ? où allons-nous ?

Grâce à une lampe frontale, on visite la grotte de Ramioul comm un spéléologue, à la recherche des objets qui racontent leur histoire, aujourd’hui signalés par des témoins réfléchissants. (Charles Mahaux)

Enfin, pour les gourmets, le passé peut se savourer à l’archéorestaurant où des festins historiques sont proposés autour d’une table d’hôtes de 8 convives au moins pour rassembler les uns et les autres autour d’une découverte gustative qui traverse 4 époques : Antiquité, Moyen Age, Renaissance et Temps Modernes, sous la houlette de Pierre Leclercq, un historien de l’Université de Liège devenu un chef cuisinier passionné par l’histoire de la gastronomie. Une belle occasion de découvrir des ingrédients oubliés ainsi que des associations de goûts inattendues.

Accompagnés d’une archéologue, les participants aux différents ateliers essayent de faire un geste préhistorique: rien de moins évident… (Charles Mahaux)

Infos pratiques : www.prehisto.museum Pour s’y rendre, il suffit de s’offrir une escapade de deux jours au moins à Liège qui offre elle aussi de nombreux trésors à découvrir. On accède aisément au musée en prenant le bus de la ligne 9 départ Liège Opéra.

Un tarif à la ficelle : Le visiteur paie à la sortie au prorata du temps passé sur le site.

Expositions temporaires : Jusqu’au 29 juin 2018, une nouvelle expo temporaire qui invite à passer en mode action « Cro Magnon Préhistoric challenge » ou comment se mesurer à l’homme préhistorique grâce à certaines expériences qui nous donnent une leçon de modestie…

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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