La poussée militaire russe teste la principale ligne de front ukrainienne

Une femme âgée passe devant des bâtiments résidentiels lourdement endommagés par des attaques aériennes à Kostyantynivka, dans la région orientale de Donetsk, le 17 mars 2025, lors de l'invasion russe de l'Ukraine.
Photo: ROMAN PILIPEY/AFP via Getty Images
Cette semaine, l’attention du monde entier s’est largement concentrée sur le sommet historique entre le président Donald Trump et son homologue russe, Vladimir Poutine, en Alaska.
Mais les préparatifs de cet événement ont coïncidé avec d’importants développements militaires à Donetsk, où les forces russes ont effectué cette semaine une poussée soudaine de plusieurs kilomètres à l’intérieur du territoire tenu par les Ukrainiens.
Bien que les responsables ukrainiens affirment que la situation s’est stabilisée, l’avancée russe a fait craindre un effondrement potentiel des lignes de défense de Kiev.
« Le front ne s’est pas effondré, mais le risque est élevé », a déclaré à Epoch Times Abdullah Agar, éminent analyste militaire turc et ancien officier des forces spéciales.
« Une percée a été évitée pour l’instant, mais les lignes [ukrainiennes] sont soumises à une tension extrême », a-t-il ajouté.
Théâtre du conflit dans la région de Donetsk

Tim Ripley, analyste britannique de la défense, a estimé qu’il était « trop tôt pour dire » si la ligne de défense de l’Ukraine était en train de plier sous la pression.
Mais les récents développements suggèrent une « tendance croissante à la porosité le long de la ligne de front [ukrainienne] », a-t-il dit à Epoch Times.
« Les Russes n’ont pas recours à des attaques massives de chars ou de véhicules », a précisé M. Ripley. « Ils envoient de petits groupes de soldats pour contourner les positions ukrainiennes. »
« Les Ukrainiens, craignant d’être pris au piège dans leurs tranchées, se retirent – ils démantèlent les positions défensives.
Le 12 août, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a confirmé que les forces russes avaient progressé de plusieurs kilomètres vers la ville de Dobropillia, située à environ 14 kilomètres au nord de la ville de Pokrovsk.
D’une importance stratégique considérable, Pokrovsk est une plaque tournante vitale pour le transit ukrainien, dont la prise est depuis longtemps un objectif clé de la Russie.
« La perte de Pokrovsk rendrait beaucoup plus difficile la défense de villes clés comme Sloviansk et Kramatorsk », a expliqué M. Agar.
« Si la Russie coupe la route d’approvisionnement entre Dobropillia et Kramatorsk, la défense de l’Ukraine sera confrontée à de graves problèmes en termes de moral, de ressources, de renforts et d’évacuations, ce qui entraînera de sérieux revers opérationnels.
Selon M. Ripley, « quatre opérations d’encerclement sont en cours le long de la ligne de front Donetsk-Luhansk ; quatre renflements que les Russes tentent de comprimer ».
« Ils y consacrent beaucoup de ressources et semblent avoir un certain succès », a poursuivi M. Ripley.
Sonner l’alarme
Le 11 août, DeepState, un blog ukrainien qui suit les développements militaires, a indiqué que les forces russes, « en exerçant une pression constante et avec des effectifs supérieurs », avaient avancé sur deux localités près de Dobropillia.
« L’ennemi poursuit ses avancées en direction de l’autoroute Dobropillia-Kramatorsk », a informé DeepState sur son canal Telegram.
La situation sur la ligne de front « évolue de manière assez chaotique, car l’ennemi, qui a trouvé des failles dans les défenses, s’infiltre profondément dans la zone ».
Le 13 août, le ministère russe de la Défense a déclaré que ses forces avaient « libéré » deux localités – Suvorovo et Nikanorivka – à moins de 16 km de Dobropillia.
Le même jour, Denis Pushilin, chef de la République populaire de Donetsk, reconnue par Moscou, a déclaré, dans des propos cités par l’agence de presse TASS, que les troupes ukrainiennes présentes dans la région se repliaient désormais sur des positions moins bien fortifiées.
L’armée ukrainienne a minimisé l’ampleur de l’avancée russe tout en envoyant des troupes supplémentaires sur la ligne de front de Donetsk, notamment des unités de son bataillon Azov.
Le 14 août, Vadym Filashkin, gouverneur régional de Donetsk nommé par Kiev, a déclaré que les renforts avaient réussi à stopper l’avancée russe.
« La situation dans le secteur de Dobropillia s’est stabilisée », a-t-il écrit sur Telegram. « Grâce aux efforts héroïques de nos forces de défense, la ligne de front tient bon. »
Andriy Kovalev, porte-parole de l’état-major de l’armée ukrainienne, a fait écho à l’affirmation de M. Filashkin en déclarant à l’agence de presse Interfax Ukraine, le 14 août, que les combattants d’Azov infligeaient des « pertes significatives » aux « envahisseurs russes ».
Néanmoins, le 15 août, l’agence de presse officielle de Kiev, Ukrinform, a rapporté que M. Filashkin avait ordonné l’évacuation des civils de la ville de Druzhkivka, à Donetsk, et de quatre villages voisins.
« L’ordre d’évacuation est l’indicateur de combat le plus intéressant », a déclaré M. Ripley. « Le fait qu’ils ordonnent aux civils d’évacuer suggère qu’ils sont inquiets. »
En début de semaine, Bohdan Krotevych, ancien chef d’état-major du bataillon Azov, a lancé un terrible avertissement sur l’état d’épuisement de la ligne de front de Donetsk.
Dans un message adressé à M. Zelensky sur les réseaux sociaux, M. Krotevych a déclaré que la ligne de défense Pokrovsk-Konstantynivka était dans un « chaos total » et que la situation « s’aggravait de jour en jour ».
« Il n’existe pas de ligne de combat stable », a-t-il écrit sur la plateforme de médias sociaux X le 11 août.
« Pokrovsk et [la ville voisine de] Myrnohrad sont presque encerclées », a-t-il ajouté. « Kostyantynivka est semi-encerclée. L’ennemi avance vers Kramatorsk et Druzhkivka. »
Selon M. Agar, les déclarations de M. Krotevych « résument parfaitement l’incertitude qui règne sur le front et les mesures palliatives, les changements de position et la défense flexible qui sont devenus nécessaires ».
« Avec les précautions prises par l’Ukraine, les renforts qu’elle a envoyés et les forces qu’elle a engagées, le combat à ce point de pression critique a pris une nouvelle forme – ce que j’appelle la ‘défense flexible’ », a-t-il déclaré.
S’adressant à l’Associated Press le 13 août, Serhii Filimonov, commandant d’un bataillon ukrainien, a déclaré que si les forces russes s’emparaient de Pokrovsk, « elles couperaient la logistique de Druzhkivka, Kramatorsk, Sloviansk et Kostyantynivka ».
« Kostyantynivka peut tomber sans combat s’ils [les Russes] y parviennent. Ils couperont simplement la logistique », a-t-il ajouté. « Plus au nord, du côté de Lyman, ils essaient de couper Sloviansk de la même manière.
M. Agar a affirmé que l’Ukraine et ses alliés étaient « parfaitement conscients » de ce qu’une percée russe signifierait pour l’ensemble de la ligne de front.
« C’est pourquoi ils essaieront très certainement d’élaborer de nouvelles mesures. S’ils ne le font pas ou ne le peuvent pas, l’environnement militaire et politique – et la position stratégique globale – devront s’adapter à cette rupture [de la ligne de front]. »

Des militaires ukrainiens de la 24e brigade mécanisée préparent un drone nocturne Magura à voler vers la ligne de front dans les environs de Chasiv Yar, dans la région de Donetsk, le 29 avril 2025, dans le cadre de l’invasion russe de l’Ukraine. (GENYA SAVILOV/AFP via Getty Images)
« Conflit évolutif »
M. Ripley a décrit la situation à Pokrovsk et dans ses environs comme étant « très précaire ».
« La première percée s’est produite au sud, et elles [les forces russes] semblent maintenant être à l’intérieur de la ville », a-t-il indiqué. « Il y a maintenant une percée au nord-est de la ville, qui se dirige directement vers le nord. »
« La percée vers le nord, qui a eu lieu lundi, a coupé deux routes principales, ce qui a provoqué les ordres d’évacuation », a-t-il ajouté. « Ce qui met les Russes en position de frapper Sloviansk et Kramatorsk, les deux derniers bastions de Donetsk. »
M. Agar estime qu’en fin de compte, « l’issue dépendra de la capacité de l’Ukraine et de ses alliés à rétablir l’équilibre sur la ligne de front et de la capacité de la Russie à exploiter ses avancées ».
« Il s’agit d’un conflit évolutif, façonné non seulement par ce qui se passe sur le terrain, mais aussi par des forces extérieures plus importantes. Le soutien de l’OTAN, un faux pas potentiel de la Russie, les résultats des négociations […] ou même une menace efficace de Donald Trump pourraient tous devenir des facteurs décisifs. »
« L’objectif de l’Occident est de faire pression sur la Russie – par la guerre et les sanctions – jusqu’au point où ils peuvent la remodeler en quelque chose qu’ils veulent », a déclaré M. Agar. « Certains pensent qu’ils sont sur le point d’y parvenir. »
« L’Ukraine est confrontée à de graves risques, mais la Russie aussi. Il s’agit, au fond, d’une guerre d’endurance. »
Avec Reuters et Associated Press

Adam Morrow couvre la guerre entre la Russie et l'Ukraine pour Epoch Times.
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