Le groupe kurde soutenu par les États-Unis et Damas s’accordent sur un cessez-le-feu dans le nord de la Syrie

Alep depuis la citadelle antique en Syrie, le 10 septembre 2024
Photo: AFP via Getty Images
Le gouvernement syrien a accepté un cessez-le-feu avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe armé kurde soutenu par les États-Unis, après l’éclatement de combats durant le week-end dans la ville d’Alep, au nord-ouest du pays.
Le ministre syrien de la Défense, Murhaf Abu Qasra, a déclaré le 7 octobre avoir rencontré à Damas le commandant des FDS, Mazloum Abdi. À l’issue de cet entretien, les deux parties sont convenues d’un « cessez-le-feu global… dans le nord et le nord-est de la Syrie ».
La mise en œuvre de cet accord de trêve « commencera immédiatement », a précisé M. Abu Qasra dans un message publié sur X.
Créées en 2015, les FDS ont assisté les forces américaines déployées dans la région dans leur combat contre le groupe terroriste État islamique (EI).
Depuis lors, les FDS ont consolidé un vaste territoire dans le nord-est syrien, où le gouvernement central de Damas n’exerce qu’un contrôle limité.
Ces dernières semaines, les tensions se sont accrues entre les FDS et Damas malgré un accord signé en mars, qui prévoyait l’intégration du groupe kurde aux institutions syriennes.
Ces tensions ont dégénéré le week-end dernier, lorsque des combattants des FDS se sont affrontés avec les forces gouvernementales dans deux districts kurdes d’Alep.
Damas a accusé les FDS d’avoir mené des attaques contre des points de contrôle en périphérie de la ville, tuant un agent de sécurité et en blessant trois autres.
Selon l’agence officielle syrienne SANA, plusieurs civils ont également été blessés lorsque les FDS ont visé des zones résidentielles à l’aide de tirs de mitrailleuses et de mortiers.
Le porte-parole des FDS, Farhad Shami, a démenti ces allégations, affirmant que les violences avaient été initiées par « des factions affiliées au gouvernement intérimaire de Damas ».
Dans des propos relayés par Rudaw, une agence d’information kurde irakienne basée à Erbil, M. Shami a attribué la responsabilité des affrontements à Alep à des « provocations » de groupes liés à Damas.
Rudaw a également cité l’Asayish, une force de sécurité locale kurde, selon laquelle elle aurait repoussé une attaque de grande ampleur menée par des forces alliées au régime syrien.
Comme les FDS, l’Asayish opère dans le cadre de l’Administration autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie, une structure kurde agissant indépendamment du pouvoir central syrien.
Le 6 octobre, le ministère syrien de la Défense a déclaré que les récents déplacements de ses troupes dans le nord du pays relevaient d’un redéploiement planifié, et ne constituaient pas le lancement de nouvelles opérations militaires.
Dans une déclaration citée par SANA, le ministère précise avoir repositionné ses forces en réaction aux attaques répétées des FDS contre des civils et des membres des forces armées.
Epoch Times n’a pas pu vérifier de manière indépendante les revendications des deux parties.

Patrouille de forces américaines dans la ville syrienne de Qamichli, province d’Hassaké, contrôlée en majorité par les FDS, le 9 janvier 2025 (Delil Souleiman/AFP via Getty Images)
Appel à l’autonomie
En mars, M. Abdi avait rencontré à Damas le président syrien Ahmed al-Sharaa : un accord avait alors été signé pour intégrer les FDS à l’appareil sécuritaire syrien.
Cet accord prévoyait également que les infrastructures sous contrôle des FDS — comptoirs frontaliers, aéroport, champs pétroliers et gaziers — soient transférées à l’État central.

Le président syrien Ahmed al-Sharaa lors du débat général de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le 24 septembre 2025 (Angela Weiss/AFP via Getty Images)
L’accord a été remis en cause en avril, lorsque des groupes kurdes régionaux — parmi lesquels les FDS — ont publié une déclaration commune réclamant une autonomie kurde dans le nord-est syrien, dans le cadre d’un État syrien décentralisé.
Damas a rapidement rejeté cette revendication, évoquant une « ligne rouge » en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale de la Syrie.
« Nous rejetons clairement toute tentative d’imposer une partition ou de créer des cantons séparatistes au nom du fédéralisme ou de l’autonomie, sans consensus national », avait alors déclaré le bureau de M. al-Sharaa.
La Turquie, étroitement alliée à Damas et qui considère les FDS comme une organisation terroriste, rejette aussi catégoriquement l’idée d’une autonomie kurde en Syrie.
Ankara a menacé les FDS d’une intervention armée si elles ne s’intégraient pas à l’État syrien, conformément à l’accord de mars.
« Nous avons utilisé tous les canaux diplomatiques, à la fois pour préserver l’intégrité territoriale de la Syrie et empêcher la formation d’une structure terroriste à nos frontières », a déclaré ce mois-ci le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« La Turquie ne permettra pas qu’un scénario identique à celui vécu en Irak ne se reproduise en Syrie », a-t-il ajouté, en référence à la région autonome kurde d’Irak, créée après l’invasion américaine de 2003.
« Si nos initiatives diplomatiques demeurent sans réponse, la posture et la politique de la Turquie sont claires. »
Avec Reuters

Adam Morrow couvre la guerre entre la Russie et l'Ukraine pour Epoch Times.
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