Premiers résultats des élections parlementaires en Syrie : peu de sièges pour les femmes, les chrétiens et les minorités

Le président par intérim Ahmed al-Sharaa s’exprime dans un bureau de vote où les membres des comités locaux syriens participent au scrutin désignant un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025.
Photo: LOUAI BESHARA/AFP via Getty Images
Selon les premiers résultats des élections parlementaires tenues après la chute d’Assad, les femmes ainsi que les minorités ethniques et religieuses ont obtenu peu de sièges.
« Parmi les principales faiblesses du processus électoral figurent les résultats insatisfaisants en matière de représentation féminine syrienne », a déclaré Nawar Najma, porte-parole du comité électoral supérieur syrien, lors d’une conférence de presse le 6 octobre.
« La représentation chrétienne se limite à deux [sièges parlementaires], ce qui reste insuffisant au regard du nombre de chrétiens vivant en Syrie », a souligné M. Najma.
D’après le comité électoral, 119 représentants ont déjà été sélectionnés pour l’Assemblée du peuple syrien, qui compte 210 sièges.
Six de ces élus sont des femmes, tandis que dix autres sièges parlementaires ont été attribués à des membres de minorités ethniques ou religieuses, dont deux chrétiens.
Si les chiffres définitifs n’ont pas encore été publiés, les premières estimations indiquent que la future assemblée sera majoritairement masculine et sunnite.
Organisé le 5 octobre, ce scrutin parlementaire était le premier en Syrie depuis que l’ancien président Bachar al-Assad a été évincé en décembre dernier.
En janvier, Ahmed al-Sharaa a été nommé président par intérim de la Syrie. M. Al-Sharaa dirige le mouvement Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe islamiste sunnite qui entretient des liens historiques avec al-Qaïda et l’État islamique, et qui a joué un rôle majeur dans le renversement du régime Assad.
Depuis sa prise de fonctions, M. al-Sharaa s’est engagé à protéger les minorités ethniques et religieuses du pays, et à promouvoir la gouvernance démocratique et inclusive.
Il s’efforce également de dissocier son groupe des organisations terroristes telles qu’al-Qaïda, dont le HTS est issu sous le nom de Front al-Nosra ou Jabhat al-Nusra.

Un membre du Front al-Nosra, groupe terroriste affilié à al-Qaïda, dans une rue d’Alep, Syrie, le 11 janvier 2014. (Baraa Al-Halabi/AFP/Getty Images)
Le 16 mai 2013, le département d’État américain a désigné M. al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Golani, comme terroriste mondial spécialement désigné et a offert une récompense de 10 millions de dollars pour sa capture.
Le site Rewards for Justice du département d’État a affirmé que sous la direction de M. al-Sharaa, « [le Front al-Nosra] a mené de nombreuses attaques terroristes à travers la Syrie, ciblant fréquemment des civils ».
L’administration Biden a annulé la prime de contre-terrorisme contre M. al-Sharaa à la fin de 2024.
Certains détracteurs s’interrogent sur l’engagement du chef du HTS envers les idéaux démocratiques, pointant la nature fortement centralisée du scrutin parlementaire qui vient de s’achever.
Par décret présidentiel publié par M. al-Sharaa, toute personne soupçonnée de sympathies pro-Assad – ou jugée favorable à la « sécession, la division ou l’intervention étrangère » – était exclue des sous-comités électoraux et organes de vote.
Absence de suffrage universel
Les nouveaux parlementaires n’ont pas été élus au suffrage universel. Les candidats ont été choisis par des collèges électoraux, eux-mêmes désignés par des conseils régionaux mis en place par le comité électoral supérieur.
Ce comité, composé de onze membres nommés par M. al-Sharaa en juin, était chargé de superviser la totalité du processus électoral.
Les femmes représentaient un cinquième des membres du collège électoral, mais aucun quota n’a été fixé pour leur présence au sein du Parlement.
Aucun quota n’a non plus été instauré pour les différentes minorités ethniques et religieuses de Syrie, parmi lesquelles figurent les chrétiens, les Kurdes, les Druzes et les Alaouites.

Des membres des comités locaux syriens vérifient les urnes lors du scrutin organisé dans le cadre du processus de sélection d’un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025. (LOUAI BESHARA/AFP via Getty Images)
Deux tiers – soit 140 – des futurs parlementaires ont été désignés par les collèges électoraux, les 70 sièges restants étant directement attribués par M. al-Sharaa.
M. Najma, porte-parole du comité électoral, indique que M. al-Sharaa pourrait utiliser certaines de ces nominations pour renforcer la représentation féminine et minoritaire dans l’assemblée.
Selon le gouvernement, l’organisation d’un vote populaire s’est avérée irréalisable, faute de données démographiques fiables et en raison des déplacements massifs causés par des années de conflits.
Pour des raisons de sécurité, le scrutin a été reporté sine die dans la province méridionale de Sweida, à forte population druze, ainsi que dans le nord-est autonome kurde.
Ainsi, les 21 sièges réservés à ces régions, toutes deux échappant au contrôle du gouvernement central, resteront vacants jusqu’à nouvel ordre.
Une fois les résultats définitifs publiés, ils devront être validés par décret présidentiel, avant la première session de la nouvelle Assemblée du peuple.
La future assemblée aura vraisemblablement pour mission de légiférer sur de profondes réformes économiques après des décennies de contrôle étatique, et de ratifier des traités pouvant redéfinir les relations extérieures de la Syrie.
La durée du mandat parlementaire sera de trente mois, au cours desquels le gouvernement de M. al-Sharaa s’est engagé à préparer le terrain pour l’organisation future d’un véritable scrutin populaire.
Avec Reuters

Adam Morrow couvre la guerre entre la Russie et l'Ukraine pour Epoch Times.
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