Le programme « woke » du Pentagone divise et affaiblit l’armée selon un ancien officier

Par J.M. Phelps
27 juin 2023 07:14 Mis à jour: 27 juin 2023 07:14

Les militaires américains sont de plus en plus exposés à un « environnement de travail hyperpolitisé et sexualisé », selon un ancien lieutenant-colonel, qui explique que les tensions que cela engendre au sein des équipes affaiblissent les forces armées du pays.

Les politiques du Pentagone en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) ont beaucoup fait parler d’elles ces dernières années, les conservateurs en particulier, leur reprochant de suivre à un agenda « woke ».

La lieutenant-générale DeAnna Burt, chef adjointe des opérations spatiales de l’armée américaine à la Space Force, estime que les « lois anti-LGBTQ+ » introduites par les assemblées législatives des différents états ont un impact négatif sur les choix de recrutement.

« Tout changement culturel radical exige un leadership au plus haut niveau, et nous ne pouvons plus attendre », a-t-elle déclaré lors d’un récent événement « Pentagon Pride » (fierté gay du Pentagone).

Depuis janvier de cette année, plus de 400 lois anti-LGBTQ+ ont été introduites au niveau des différents états.

« Ce chiffre est en augmentation et témoigne d’une tendance qui pourrait se révéler dangereuse pour les membres des forces armées, leurs familles et l’état de préparation des troupes dans leur ensemble », a-t-elle dit.

L’ancien lieutenant-colonel de la Space Force Matthew Lohmeier a été démis de ses fonctions en 2021 pour avoir exprimé son opposition à la théorie critique de la race (CRT) d’inspiration marxiste. Il a déclaré à Epoch Times qu’il n’y avait pas de place dans l’armée américaine pour le type de plaidoyer que Mme Burt relaye.

« Les Américains devraient savoir que lorsque quelqu’un s’engage à porter l’uniforme de son pays, très tôt on lui explique qu’il doit laisser son bagage politique à la porte et qu’il doit être plutôt apolitique lorsqu’il agit dans le cadre de ses fonctions officielles. »

Les militaires évitent souvent d’aborder des sujets politiques car, comme il le souligne, « pour les hommes et les femmes en uniforme, il y a quelque chose qui dépasse ces questions, et cette chose c’est notre mission de soutien à la sécurité nationale ».

« On peut dire que l’armée est devenue plus politique sous l’administration Clinton, ou sous l’administration Obama », a-t-il ajouté. « Mais c’est sous l’administration actuelle, avec Lloyd Austin au poste de secrétaire à la défense, que les choses ont radicalement changé ».

Epoch Times Photo
Matthew Lohmeier, ancien lieutenant-colonel de l’US Space Force. (Avec l’aimable autorisation de Lohmeier)

Dialogue culturel

« Le dialogue culturel au sein de l’armée est dominé par les lignes politiques », a déclaré M. Lohmeier.

En septembre 2020, sous la présidence de Donald Trump, les agences fédérales ont reçu l’interdiction d’organiser des formations sur la diversité et l’inclusion. Ces formations ont été décrites dans le décret comme étant de la « propagande antiaméricaine semant la discorde » et financée par les contribuables.

Lorsque le président Joe Biden est entré en fonction en janvier 2021, il a annulé ce décret et en a publié plusieurs autres qui allaient vers plus d’IED au sein du gouvernement fédéral.

« Alors que l’armée a toujours été, de façon générale, un reflet de la société américaine dans son ensemble, les choses sont devenues vraiment différentes avec l’administration actuelle », a expliqué M. Lohmeier.

« Les militants de gauche se sont vu offrir une tribune… C’est de l’agitation politique ».

Qu’il s’agisse de la promotion de la CRT, de l’IED, de l’agenda LGBT ou de l’activisme trans, tout cela « crée des divisions parce que tout le monde n’est pas d’accord » et certaines personnes considèrent que ces programmes détournent l’attention des priorités de l’armée.

Mais ce qui le préoccupe tout autant, c’est que « ces programmes portent atteinte aux valeurs de l’armée et à son rôle de défense de la Constitution ». Alors que la plupart des militaires s’efforcent de rester apolitiques, ils se retrouvent dans un environnement de travail hyperpolitisé et sexualisé. Et s’ils s’opposent à ces politiques, « ils seront étiquetés comme politisés et ‘partie intégrante du problème’ et ils seront ostracisés ».

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Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s’exprime lors de la 155e cérémonie du Memorial Day au cimetière national d’Arlington (Virginie), le 29 mai 2023. (Mandel Ngan/AFP via Getty Images)

Controverse sur les travestis

Un officier de l’armée de l’air en service actif a contacté M. Lohmeier en mai, lui faisant part d’une publicité pour un spectacle de travestis « familial » destiné à lancer le Mois de la fierté. L’événement était prévu pour le 1er juin à la base aérienne de Nellis, à Las Vegas.

« Le spectacle de travestis devait se dérouler sur la base, au club des officiers, et était sponsorisé et financé par la base, c’est-à-dire par l’argent des contribuables », a-t-il déclaré.

Sa source lui a expliqué que lui et sa famille étaient préoccupés par la tenue de cet événement et qu’ils n’étaient pas les seuls dans ce cas.

« D’autres familles de la base étaient mal à l’aise. Car même si la participation à l’événement n’était pas obligatoire, des prospectus étaient affichés un peu partout sur la base et les parents craignaient que leurs enfants ne soient soumis au contenu de ces prospectus », a ajouté M. Lohmeier.

C’est ainsi qu’un effort a été entrepris pour mettre un terme à l’événement.

« J’ai partagé l’information et le dépliant promotionnel aux membres du Congrès, et j’ai tweeté à ce sujet », a-t-il déclaré. « Quelques membres du Congrès, en particulier le député Matt Gaetz (Parti républicain, Floride), ont agi rapidement.

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Matt Gaetz (Parti républicain, Floride) lors d’une audition de la commission des forces armées de la Chambre des représentants sur la demande de budget de la défense, à Washington, le 29 mars 2023. (Andrew Caballero-Reynolds/AFP via Getty Images)

M. Gaetz a envoyé une lettre au secrétaire à la défense, Lloyd Austin, et au président de l’état-major interarmées, le général Mark Milley, « exigeant des réponses sur les raisons pour lesquelles ces choses se déroulent encore sur les installations [du ministère de la défense], parce que [le 29 mars], le secrétaire à la défense a déclaré lors d’une audition devant le Congrès que le ministère de la défense n’utilisait pas l’argent des contribuables pour financer des spectacles de drag queen ».

Le secrétaire à la défense était « soit pas au courant, soit malhonnête », a souligné M. Lohmeier, qui s’est toutefois félicité de la publication, début juin, d’une note d’orientation visant à mettre fin aux spectacles de travestis dans les installations du ministère de la défense à travers le monde.

Le 21 juin, les républicains de la commission des forces armées de la Chambre des représentants ont adopté des dispositions dans le projet de loi annuel sur les dépenses de défense visant à supprimer le poste de responsable en chef de la diversité au Pentagone, à mettre fin au financement des programmes DEI et à prendre d’autres mesures visant à mettre un terme aux politiques « woke ».

Leçons à tirer

Selon M. Lohmeier, il y a des leçons à tirer de cet exemple du Pentagone.

« Alors que des milliers de personnes s’inquiètent de la tenue de ces spectacles de drag-queens et de ces séances de lecture de contes pour enfants par des drag-queen, et il a suffi qu’une seule personne envoie une demande d’aide et cela a fait toute la différence », a-t-il déclaré. « Les militaires hommes et femmes doivent comprendre qu’ils ont le droit de s’exprimer et de faire part de leurs préoccupations, car en faisant cela, ils peuvent faire avancer les choix politiques. »

Il y a encore des milliers de militaires qui aiment leur pays, a déclaré M. Lohmeier.

« Ils sont fiers de leur pays et de la grandeur de l’idéal américain, et ils sont prêts à se battre pour défendre cet idéal. »

« Les meilleurs d’entre eux défendent la Constitution pour tous les Américains, mais ils ne doivent pas accepter de se plier à l’agenda politique de quelques privilégiés. Nous avons besoin de personnes décentes, dotées de valeurs américaines traditionnelles, qui servent dans les forces de police, dans les écoles et dans l’armée pour nous protéger des politiques illégales, contraires à l’éthique ou immorales qui découlent souvent d’un activisme politique et sexuel débridé », a-t-il ajouté.

« L’agenda LBTGQ+ est tout aussi diviseur pour notre armée que la CRT d’origine marxiste. Il divise tout autant que la formation à la diversité et à l’inclusion qui doit être supprimée. »

« La force de l’armée réside dans son unité et non dans sa diversité. »

Le département de l’armée de l’air et le département de la défense n’ont pas répondu aux demandes de commentaires d‘Epoch Times.

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