Le propriétaire chinois de Temu déplace son siège en Irlande, les consommateurs se méfiant de plus en plus de la Chine

Par Alex Wu
15 mai 2023 18:19 Mis à jour: 16 mai 2023 15:09

Le géant chinois du commerce électronique PDD Holdings, qui possède Temu, a déplacé son siège officiel de la Chine vers l’Irlande ces derniers jours. Alors que l’agression de la Chine communiste continue d’exacerber les tensions avec l’Occident et les nations démocratiques libérales, de plus en plus d’entreprises chinoises tentent de minimiser leurs liens avec la Chine, dans un contexte d’aversion croissante pour le Parti communiste chinois dans le commerce mondial.

Temu, une plateforme d’achat en ligne pour le grand public, a été fondée en 2022 à Boston, dans le Massachusetts, par la société mère PDD Holdings Inc. qui exploite Pinduoduo – une version moins chère d’Amazon – en Chine.

Dans une récente déclaration à la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, PDD Holdings a indiqué que Dublin était son « principal bureau administratif », en remplacement de son bureau principal de Shanghai.

Temu n’est pas la première entreprise chinoise à opérer un tel changement.

Une autre entreprise chinoise d’e-commerce de mode rapide, Shein, qui est devenue populaire aux États-Unis avant Temu, a également minimisé ses origines chinoises.

Un homme nettoie les vitres de la première salle d’exposition permanente du géant chinois de la mode rapide en ligne Shein, lors d’une présentation aux médias à Tokyo, au Japon, le 10 novembre 2022. (Richard A. Brooks/AFP via Getty Images)

En 2021, lorsque Shein s’est fait connaître pour la première fois aux États-Unis, son site web indiquait seulement qu’il s’agissait d’une entreprise « internationale », sans préciser où son siège social était implanté ni mentionner la Chine.

Aujourd’hui, le site web de Shein indique que son siège social se trouve à Singapour et qu’elle possède des « centres d’opérations principaux aux États-Unis et sur d’autres marchés mondiaux importants », mais ne fait toujours aucune mention de la Chine.

Le géant des médias sociaux TikTok, qui appartient à la société chinoise ByteDance à Pékin, a également nié être une société chinoise.

L’année dernière, pas moins de 500 entreprises chinoises se sont discrètement réinscrites ou enregistrées dans des pays d’Asie du Sud-Est afin de se prémunir contre les risques politiques et l’escalade des tensions entre la Chine et le monde libre.

L’économiste américain Davy J. Wong a déclaré à Epoch Times cette récente tendance : « La raison de l’internationalisation est de s’aligner sur les normes internationales et de rendre l’exportation de marchandises vers les États-Unis et l’Europe plus facile et moins coûteuse. En raison des tensions récentes dans les relations sino-européennes et sino-américaines, ils veulent se transformer rapidement en entreprises non chinoises pour réduire l’aversion de la communauté internationale à l’égard de leurs origines chinoises ».

Wu Sezhi, secrétaire général adjoint de l’Institut de recherche publique de Taïwan, a déclaré à Epoch Times que le motif de la démarche de PDD Holdings et d’autres entreprises chinoises est évident.

« Elles espèrent se présenter comme des entreprises non chinoises. Après tout, le marché international accorde une attention particulière à la rentabilité et à l’image de marque de l’entreprise. Elles espèrent perdre le label chinois, ce qui est actuellement le plus grand casse-tête pour les entreprises chinoises qui se lancent à l’international. »

Préoccupations en matière de sécurité

Selon les médias internationaux, la société sœur de Temu, Pinduoduo, a été accusée d’espionner ses clients.

Des experts américains en sécurité ont découvert que l’application d’achat chinoise exploitait une cinquantaine de vulnérabilités du système Android pour permettre à l’application d’accéder à la localisation, aux contacts, au calendrier, aux notifications et aux albums photo des utilisateurs sans leur consentement. Le logiciel est également capable de modifier les paramètres du système et d’accéder aux comptes de médias sociaux et à l’historique des conversations des utilisateurs. Le logiciel peut également empêcher sa désinstallation et suivre l’activité d’autres applications d’achat.

Les experts en sécurité ont qualifié Pinduoduo de « malware le plus dangereux jamais vu » trouvé dans une application grand public. En mars, Google a retiré l’application de sa boutique.

Un téléphone portable affiche l’application de la plateforme de commerce électronique transfrontalier Temu à Shenzhen dans la province de Guangdong, en Chine, le 28 octobre 2022. (CFOTO/Future Publishing via Getty Images)

Le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir en Chine a adopté une loi sur le renseignement en 2017, qui stipule que « toute organisation et tout citoyen doit soutenir, assister et coopérer avec le travail de renseignement national conformément à la loi ».

Le 26 avril, le PCC a révisé sa « loi anti-espionnage » et élargi sa définition et les pouvoirs du personnel de la sécurité nationale chinoise, leur permettant « d’examiner et de récupérer des données, [et] de convoquer et d’enquêter sur des informations relatives à la propriété ».

La loi exige également que les citoyens chinois et les organisations telles que les services postaux, les messageries et les fournisseurs de services de télécommunications et Internet « fournissent le soutien et l’assistance nécessaires ».

Les sociétés mères chinoises, telles que les propriétaires de TikTok et de Temu, proposent des versions nationales et des versions étrangères de leurs applications afin d’apaiser les inquiétudes des utilisateurs internationaux en matière de sécurité. Les versions étrangères des applications des entreprises chinoises stockent un grand nombre de données appartenant aux utilisateurs américains.

He Chenghui, secrétaire général adjoint de l’Institut de la sécurité nationale de Taiwan, a déclaré à Epoch Times : « Le gouvernement chinois utilise la loi sur le renseignement pour exiger que toutes les entreprises chinoises aident le gouvernement dans la collecte de renseignements lorsque cela est nécessaire. Lorsque le gouvernement chinois exerce des pressions directes et oblige les entreprises privées à coopérer, le simple fait de changer les adresses des entreprises n’est qu’une couverture et ne peut empêcher les entreprises privées de se conformer aux exigences de la loi chinoise sur le renseignement. »

Selon M. Wong, « la société Temu, rebaptisée Pinduoduo, ne peut se soustraire aux règles stipulées dans la loi sur le renseignement, car les organisations et les citoyens définis dans cette loi sur le renseignement sont très larges, et le pouvoir d’interprétation appartient à Pékin. Il pense que vous êtes un citoyen chinois et une entreprise chinoise, et que vous devez donc coopérer avec lui. Même une entreprise comme TikTok ne peut se soustraire à cette loi, car Pékin a le pouvoir d’en interpréter la portée. »

M. Wu a déclaré que bien que Pinduoduo ait changé d’adresse et de siège social, il n’a pas modifié ses relations avec la Chine. La confrontation binaire entre la démocratie et le totalitarisme devient de plus en plus évidente, a-t-il ajouté. Ils doivent choisir le système de valeurs dans lequel ils s’inscrivent.

He Chenghui a souligné : « Si les entreprises chinoises veulent continuer à maintenir leur force au sein de la communauté internationale, elles doivent adopter les valeurs de liberté et de démocratie et les normes de fonctionnement de la société. Ce n’est qu’à cette condition qu’elles pourront continuer à se développer et à se renforcer. Dans le cas contraire, si les entreprises chinoises continuent à être ambivalentes entre la démocratie et le totalitarisme, en étant de connivence avec le régime chinois pour s’avantager mutuellement, il leur sera difficile de survivre à la concurrence au sein de la communauté internationale. »

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