Le Sel-de-Bretagne : licenciée à cause d’un mot sur un Post-it, la cour d’appel tranche en sa faveur

Par Emmanuelle Bourdy
2 février 2021 06:55 Mis à jour: 2 février 2021 06:55

En arrivant chez une personne âgée pour laquelle elle devait effectuer une prestation, une aide à domicile avait été mal reçue par celle-ci. Pour avoir laissé un Post-it expliquant à cette dame âgée son comportement méprisant à son égard, elle avait été licenciée par son employeur. L’affaire avait été portée en justice. La Cour d’appel de Rennes a jugé qu’il s’agissait d’un « licenciement sans cause réelle et sérieuse ».

L’ADMR (Association d’aide à la personne) du canton du Sel-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) avait licencié son employée, parce que celle-ci s’était plainte du comportement d’une cliente en lui griffonnant un mot sur un Post-it, rapporte France Bleu. Les faits s’étaient produits en mars 2015. Cécile, alors âgée de 43 ans, était employée en CDI par les services de l’ADMR. Elle s’était rendue chez l’une de ses clientes, une dame âgée, mais cette dernière, particulièrement grincheuse ce jour-là, l’avait très mal accueillie.

Cécile avait alors posé sur la table de la dame âgée un Post-it sur lequel elle avait préalablement écrit : « Madame, quand j’arrive chez vous, la moindre des choses c’est de me dire bonjour et de m’accueillir, pas de m’engueuler parce que je n’ouvre pas la porte. Je ne suis pas un chien, mais une personne. » L’ADMR avait alors jugé bon de licencier cette aide à domicile un mois plus tard, « pour cause réelle et sérieuse », considérant que par ce geste, l’employée avait commis une faute professionnelle.

L’affaire avait alors été portée devant le Conseil des prud’hommes de Rennes, relate encore France Bleu. En 2017, l’ADMR est condamnée mais fait appel. Il a fallu attendre le 21 janvier 2021 à Cécile pour connaître le jugement final. L’arrêt de la Cour d’appel de Rennes entérine le jugement. L’association d’aide à domicile est alors condamnée à verser à Cécile 4 800 € de dommages et intérêts « à titre de dommages-intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse », ainsi que 3 000 € complémentaires.

« La Cour explique qu’on ne peut pas être licencié parce qu’on dit sur un Post-it que c’est trop dur, c’est illégal », explique François Macquaire, juriste au syndicat CFTC à Rennes, qui a défendu Cécile. « Écrire sur un Post-it peut être considéré éventuellement comme une réaction maladroite ce n’est pas la question, mais vous n’avez pas à vous faire insulter par des particuliers employeurs ou des personnes chez qui vous êtes en souffrance », renchérit-il, ajoutant que « quand ça devient intolérable dans votre travail, vous avez le droit de partir, c’est la loi. »

« Je voudrais m’adresser aux salariés de l’ADMR du Sel-de-Bretagne pour dire que je n’aurais jamais dû être licenciée », renchérit Cécile. « J’ai souffert pendant 5 ans à cause de cela ; ça a été très dur pour moi », confie Cécile, qui reproche l’attitude sans pitié du directeur de l’ADMR d’alors. L’ancienne aide à domicile a même dû déménager en Normandie.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.