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Sébastien Lecornu supprime les avantages « à vie » des anciens ministres dès le 1er janvier 2026

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Photo: MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Les « avantages à vie » des anciens membres du gouvernement seront « supprimés » dès le 1er janvier 2026, a officiellement annoncé lundi 15 septembre le Premier ministre Sébastien Lecornu sur X, concrétisant une promesse lancée durant le week-end dans un entretien à la presse quotidienne régionale. Cette décision marque l’une des premières mesures phares du nouveau locataire de Matignon dans un contexte budgétaire particulièrement tendu.
Il n’est « pas concevable » que les anciens ministres « puissent bénéficier d’avantages à vie en raison d’un statut temporaire », a écrit le Premier ministre sur le réseau social, justifiant cette réforme par des considérations à la fois financières et morales. Cette réforme entend envoyer un signal politique fort : mettre fin à des avantages jugés anachroniques et redonner de la crédibilité à la parole publique en matière de rigueur budgétaire.

Des exceptions maintenues pour la sécurité

Sébastien Lecornu a précisé que la protection policière accordée aux ex-Premiers ministres et ministres de l’Intérieur pourrait être « reconduite » en fonction des risques encourus, reconnaissant ainsi la spécificité des menaces pesant sur certains anciens responsables gouvernementaux. En revanche, les autres privilèges – moyens matériels, chauffeur, véhicule de fonction – des anciens chefs du gouvernement ne seront désormais accordés que pour « une durée limitée ».
« On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas. La réforme, ce n’est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion », avait lancé l’ancien ministre des Armées dans une interview accordée durant le week-end à plusieurs titres de la presse régionale, assumant une démarche d’exemplarité gouvernementale.

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Un coût significatif pour les finances publiques

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, pas moins de 158 ministres et 6 Premiers ministres bénéficient de ces privilèges, même après la fin de leur mandat. Ces avantages représentent un coût de 1,6 million d’euros en 2024 pour l’État, une somme qui peut paraître symbolique au regard des 44 milliards d’euros d’économies recherchées par le gouvernement, mais qui revêt une dimension politique importante dans la quête de crédibilité budgétaire.
Cette mesure s’inscrit dans la recherche d’économies tous azimuts menée par Matignon pour élaborer le budget 2026, dans un contexte de déficit public préoccupant et de pression européenne sur les finances françaises. Si l’économie réalisée reste modeste, le geste symbolique vise à légitimer les futures demandes d’efforts adressées aux citoyens et aux entreprises.

Une révision du décret de 2019 en préparation

Selon le quotidien Le Parisien, le gouvernement prévoit de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui encadre actuellement les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres. Ce texte réglementaire permet aujourd’hui aux anciens chefs de gouvernement de se voir octroyer « sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile », entièrement pris en charge par l’État.
Les ex-locataires de Matignon peuvent également bénéficier d’un « agent pour leur secrétariat particulier » pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 67 ans. Ces avantages considérables, qui permettent de maintenir un train de vie gouvernemental après le retour à la vie civile, ne s’appliquent toutefois pas lorsque les intéressés disposent déjà de ces privilèges via un mandat parlementaire, local ou leur fonction dans la haute administration.

Une spécificité française dans le viseur

Cette réforme vise une particularité du système français qui tranche avec les pratiques d’autres démocraties occidentales. La France se distingue en effet par la générosité de ces avantages post-ministériels, notamment comparée à des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, où les anciens responsables gouvernementaux ne bénéficient pas de tels privilèges matériels à vie.
La question de ces avantages était régulièrement soulevée par l’opposition et les médias, qui y voyaient un symbole de la déconnexion des élites politiques avec les réalités budgétaires du pays. En s’attaquant à ces privilèges, Sébastien Lecornu répond à une attente d’exemplarité largement partagée dans l’opinion publique.

Un signal politique dans un contexte difficile

Cette annonce intervient alors que le Premier ministre tente de rassembler une majorité parlementaire fragile et de présenter un budget 2026 socialement acceptable. En supprimant ces avantages, Lecornu cherche à donner des gages de sa volonté réformatrice et de sa capacité à s’attaquer aux symboles les plus visibles des privilèges politiques.
La mesure pourrait également servir d’argument face aux critiques de l’opposition et des syndicats sur les futures économies budgétaires. En montrant que les responsables politiques acceptent de renoncer à leurs propres avantages, le gouvernement espère renforcer sa légitimité pour demander des efforts à l’ensemble de la société française.

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Des questions pratiques en suspens

Si l’annonce de principe est claire, de nombreuses questions pratiques restent à trancher. Le gouvernement devra notamment définir la « durée limitée » pendant laquelle les avantages matériels continueront d’être accordés aux futurs anciens Premiers ministres, ainsi que les critères d’attribution de la protection policière maintenue pour certains profils.
La révision du décret de 2019 devra également préciser le sort réservé aux anciens responsables gouvernementaux actuellement bénéficiaires de ces avantages. S’appliqueront-ils immédiatement à tous les anciens ministres ou seulement à ceux qui quitteront leurs fonctions après le 1er janvier 2026 ?

Une première pierre d’un édifice réformateur

Reste à savoir si cette réforme, limitée dans son impact budgétaire mais forte en symbole, suffira à convaincre les Français de la sincérité de la démarche gouvernementale en matière d’économies publiques. L’efficacité politique de cette mesure se mesurera également à l’aune des prochaines réformes annoncées par Matignon, dans un contexte où chaque geste compte pour préserver la crédibilité du gouvernement.