Législatives en Espagne: derrière les polémiques, les programmes

Par Epoch Times avec AFP
22 juillet 2023 09:00 Mis à jour: 22 juillet 2023 14:07

La campagne des législatives de dimanche en Espagne s’est principalement disputée à coup de slogans, esquivant souvent le débat de fond sur les programmes des deux principaux candidats et ceux de leurs alliés des extrêmes, dont ils auront besoin pour gouverner.

Le Parti Populaire (PP, conservateur) d’Alberto Núñez Feijóo, auquel les sondages prédisent la victoire, mais sans majorité absolue au Parlement s’il ne s’allie pas avec le parti Vox, déroule ses propositions sur 112 pages et 365 mesures sous le titre : « le moment est venu. »

Le leader du Parti populaire (PP) Alberto Núñez Feijóo, le 20 juillet 2023 avant les élections générales du 23 juillet. (Photo PIERRE-PHILIPPE MARCOU/AFP via Getty Images)

« En-avant » pour une « meilleure Espagne », peut-on lire dans le programme de 272 pages du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre sortant Pedro Sánchez, qui veut gouverner avec la gauche radicale de Sumar. Le PSOE met en avant le bilan économique du gouvernement Sánchez, avec une croissance forte (5,5% en 2022) et une inflation repassée sous les 2% en juin, une performance globalement meilleure que celle de ses voisins européens.

Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) Pedro Sanchez lors d’une réunion de campagne à Barcelone le 16 juillet 2023, avant les élections générales espagnoles du 23 juillet. (Photo PAU BARRENA/AFP via Getty Images)

Pouvoir d’achat et pression fiscale 

Le PP accuse les socialistes d’avoir négligé le pouvoir d’achat des familles et propose une baisse temporaire de la TVA sur la viande, le poisson et les conserves. Il promet surtout de « réduire la pression fiscale » pour « les familles, les travailleurs indépendants (et) les entreprises », au moyen d’une « réforme intégrale du système fiscal » qui inclura l’élimination de l’impôt sur les grandes fortunes.

Dans ce domaine, le PSOE envisage la « prolongation » de la taxation temporaire des bénéfices des banques, des fournisseurs d’énergie et des grandes fortunes, que Sumar veut pérenniser.

Marché du travail, dette publique et loyers

Après avoir augmenté le salaire minimum et réformé le marché du travail afin de lutter contre la précarité, le PSOE propose un « pacte pour le plein-emploi avec les partenaires sociaux » et un plan d’action contre le chômage des jeunes, très élevé en Espagne.

Le PP a admis que la réforme du marché du travail était « substantiellement bonne » et indiqué qu’il ne reviendrait pas dessus. Il propose aussi de lutter contre l’accroissement de la dette publique, qui dépasse 110% du PIB, et de réduire le déficit budgétaire, après des années d’endettement « incontrôlé ». Le PP veut également abolir la récente loi destinée à freiner la hausse des loyers.

Transition écologique

Priorité de l’extrême gauche, « la transition écologique juste » occupe aussi une place de choix chez les socialistes, avec, par exemple, des objectifs chiffrés de protection des espaces naturels, contrairement au PP, dont les députés au Parlement européen ont voté la semaine dernière contre la loi de restauration des écosystèmes, un texte-phare du Pacte vert de l’UE.

La prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires et le développement de l’hydrogène vert sont les mesures énergétiques phares du PP, alors que le PSOE, hostile au nucléaire, insiste sur les énergies renouvelables.

Irrigation

Sur la question cruciale de l’eau, dans un pays dont l’agriculture dépend de l’irrigation pour exporter ses fruits et légumes dans toute l’Europe, le leader du PP a promis « d’amener l’eau là où il n’y en a pas ». La gauche dénonce des propositions « irréalistes » et insiste sur la nécessité de nouveaux modèles d’agriculture.

Pour sa part, Vox, ouvertement climatosceptique et défenseur acharné de la ruralité et de l’agriculture intensive, prône une sortie de l’Accord de Paris et l’abolition de la loi de 2021 sur le changement climatique et la transition énergétique.

Autodétermination de genre

Alberto Núñez Feijóo s’est engagé à « abolir le sanchisme » (du nom de Pedro Sánchez), c’est-à-dire « toutes ces lois inspirées des minorités et qui portent atteinte aux majorités », en premier lieu la loi sur l’autodétermination de genre.

Il veut aussi revenir sur la loi sur le consentement sexuel explicite, qui a permis à des délinquants sexuels d’être libérés ou d’obtenir des réductions de peine, sur celle permettant aux mineures de 16 ans et plus d’avorter sans l’autorisation parentale et sur la légalisation du suicide assisté.

Immigration

Sur l’immigration, les socialistes veulent augmenter les capacités d’accueil, alors que le PP demande un système d’immigration choisie et un renforcement des contrôles aux frontières.

Le PP souhaite enfin abolir la loi dite de « mémoire démocratique », adoptée en octobre 2022 pour réhabiliter la mémoire des victimes de la Guerre civile et du franquisme.

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