L’élite de Davos envisage de mener la quatrième révolution industrielle

Par John Mac Ghlionn
13 janvier 2023 16:37 Mis à jour: 14 janvier 2023 19:40

À partir du 18e siècle, la révolution industrielle a fondamentalement modifié le tissu social. Les moyens de production sont passés des maisons aux usines et la société s’est urbanisée et industrialisée.

La deuxième révolution industrielle, qui a débuté dans les années 1850, a doté l’humanité de technologies avancées comme les avions et les automobiles. C’était l’ère de l’esprit d’entreprise, avec des personnalités telles qu’Henry Ford, fondateur de la Ford Motor Company, qui a développé la production de masse par chaîne de montage.

Moins d’un siècle plus tard, a eu lieu la troisième révolution industrielle. Les humains ont découvert des téléphones portables, aussi grands que des ordinateurs au départ, et des ordinateurs aussi grands que des réfrigérateurs. L’espace, perçu seulement à travers des lentilles télescopiques autrefois, pouvait désormais être exploré physiquement. Neil Armstrong est devenu le premier homme à marcher sur la Lune, bien que certains sceptiques affirment que cela n’a pas eu lieu.

Les Britanniques ont ouvert la voie avec les première et deuxième révolutions industrielles. Les États‑Unis ont été le fer de lance de la troisième révolution. Cependant, la quatrième révolution industrielle aura un aspect un peu différent. En effet, c’est le Forum économique mondial de Davos (FEM) qui ouvrira la voie, avec l’approbation de la Chine.

Klaus Schwab, le fondateur et président du FEM, a abordé à plusieurs reprises de la restructuration de l’économie mondiale et de la manière dont ce processus entraînera inévitablement diverses tensions sociales. Toutefois, pour progresser en tant que société, ces tensions sont, selon lui, nécessaires. L’année dernière, Klaus Schwab a appelé à « accueillir la quatrième révolution industrielle », une nouvelle ère qui fusionnera « nos identités physiques, numériques et biologiques ».

Ce n’est pas la première fois que Klaus Schwab évoque cette nouvelle révolution. En réalité, le terme même a été inventé par cet Allemand. Il est convaincu que la fusion des différents domaines (physique, numérique et biologique) aura un impact sur « toutes les disciplines, économies et industries » et transformera le questionnement fondamental « sur ce que signifie être humain ».

La réunion annuelle du FEM se déroulera du 16 au 20 janvier. La quatrième révolution industrielle, selon le site du Forum de Davos, sera au centre de nombreuses discussions. On nous informe que pour surmonter certains « points de friction actuels », tels que « le changement climatique et la fragmentation géopolitique », les sociétés du monde entier doivent « favoriser les technologies émergentes de la quatrième révolution industrielle et optimiser leur agilité ».

Si vous imaginez un futur dystopique où les humains sont surveillés encore plus strictement, alors vous y êtes tout à fait. Cela nous amène à la Chine, dont le régime a reçu de grands éloges de Klaus Schwab et qui est à l’avant‑garde de la nouvelle révolution.

En Chine, « physique, numérique et biologique » sont étroitement contrôlés par le Parti communiste chinois (PCC). Depuis des années, Pékin exporte les instruments assurant ce système particulier de gouvernance dans le monde entier.

Avec un passé de vol de propriété intellectuelle (en 2019, une entreprise américaine sur cinq a affirmé que la Chine avait volé sa propriété intellectuelle) et d’espionnage dans la recherche, la quatrième révolution industrielle sera définie par le big data et divers systèmes d’intelligence artificielle (IA).

Ajoutez à l’expérience du régime chinois dans le vol de la propriété intellectuelle ses progrès  en matière d’éducation nationale, et vous avez la formule adéquate pour une croissance rapide. Alors qu’un nombre croissant d’étudiants chinois suivent des cursus dans les sciences, la technologie, l’ingénierie ou les mathématiques (STIM), un nombre croissant d’Occidentaux s’en détournent. Avec moins de diplômés en STIM, on pourrait avoir du mal à faire face à une Chine de plus en plus agressive, compétitive et experte en technologie moderne.

Dans le cadre de la quatrième révolution industrielle, l’intelligence artificielle (IA) et l’informatique quantique joueront un rôle essentiel dans le façonnement des sociétés de demain. C’est une mauvaise nouvelle pour les Occidentaux.

Visiteurs filmés par des caméras d’intelligence artificielle dotées d’une technologie de reconnaissance faciale, lors de la 14e Exposition internationale de la Chine sur la protection et la sécurité publiques tenue à Pékin, le 24 octobre 2018. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

Bien que, par exemple, le gouvernement américain dépense trois fois plus sur la défense que la Chine, il n’a pas grand‑chose à montrer. Selon Nicolas Chaillan, ancien ingénieur logiciel en chef du Pentagone, les progrès de la Chine dans le domaine de l’intelligence artificielle, « de l’apprentissage automatique et des cybercapacités » rendent pathétiques les cyberdéfenses américaines. Les obstacles bureaucratiques et de nombreuses réglementations empêchent le pays de rivaliser avec la Chine.

De plus, la Chine est sur le point de créer l’ « Internet quantique« , tout un univers en ligne qui sera pratiquement inviolable. En cas de succès, cela donnera au Parti communiste chinois (PCC) un moyen sans précédent d’influence géopolitique et technologique.

Ayant longtemps vécu en Chine, j’ai été témoin des entrepôts entièrement automatisés, de ses restaurants gérés par des robots et de ses taxis sans chauffeur. La Chine, qui domine déjà la 5G, est une puissance technologique. À l’avenir, la domination high‑tech du pays aura un impact majeur sur tous les aspects de la vie, y compris dans le domaine militaire.

L’avenir de la guerre

Klaus Schwab insiste longuement sur ce point : la révolution actuelle ne ressemble à aucune autre. Elle n’est pas simplement une progression naturelle de la précédente. Elle est totalement nouvelle, ne ressemblant à rien de ce qui s’est passé auparavant. La nature synergique de l’informatique quantique et de l’intelligence artificielle, ainsi que des biotechnologies et des nanotechnologies, transformera nos vies à un point que nous pouvons à peine imaginer.

En ce qui concerne la recherche et le développement, la Chine continue d’augmenter ses dépenses à un rythme annuel de 16% de son PIB, alors que l’Amérique et l’Occident sont bien derrière. Rien qu’à Shenzhen, une ville de 12 millions d’habitants, Pékin a investi plus de 100 milliards de dollars dans la recherche technologique. Les progrès stupéfiants de la Chine ne devraient pas nous surprendre. C’est un pays qui construit des villes plus rapidement que la plupart des pays occidentaux ne construisent des maisons.

Comme l’ont noté les experts en stratégie David Barno et Nora Bensahel, cette révolution donne également naissance à toute une panoplie de nouveaux « systèmes d’armes très innovants, notamment les canons électromagnétiques, les armes à énergie dirigée, les projectiles à hyper‑vélocité et les missiles hypersoniques ». Ce type d’armement « augmentera considérablement la vitesse, la portée et la puissance destructrice des armes conventionnelles au‑delà de tout ce qui était imaginable auparavant ». Cela donne aussi un avantage au régime chinois, met en garde David Barno.

L’Amérique et la Chine, déjà engagées dans une nouvelle guerre froide, pourraient se retrouver confrontées dans une véritable guerre dans un avenir proche. Dans ce cas, c’est la Chine, et non les États‑Unis, qui aurait probablement le dessus. Les conséquences en seraient très graves pour le monde entier.

Le régime chinois « veut diriger la quatrième révolution industrielle et, par son biais, gagner l’avenir », constate David Goldman, chroniqueur de Asia Times. La quatrième révolution industrielle a déjà débuté. Il est grand temps pour les pays occidentaux de s’assurer que le régime chinois ne la domine pas. Quant au Forum économique mondial, que nous le voulions ou non, les élites de Davos sont destinées à jouer un rôle majeur dans cette métamorphose alimentée par la technologie.

John Mac Ghlionn est chercheur et essayiste. Ses écrits ont été publiés dans des journaux comme le New York Post, Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review, The Spectator US et d’autres médias respectables. Il est spécialiste dans la psychologie et les relations sociales, avec un intérêt particulier dans les domaines des dysfonctionnements sociaux et la manipulation des médias.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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