Les armées au-devant d’arbitrages budgétaires cruciaux

Par Epoch Times avec AFP
31 mars 2023 11:25 Mis à jour: 31 mars 2023 12:21

Les armées, auxquelles le président Emmanuel Macron a promis une enveloppe budgétaire en hausse jusqu’en 2030, seront bientôt fixées sur les arbitrages capacitaires rendus et la répartition annuelle de l’effort, objet d’âpres discussions entre Matignon et leur ministère.

La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, d’un montant total de 413 milliards d’euros contre 295 milliards pour la précédente LPM, sera présentée mardi en Conseil des ministres, avant un examen en séance publique au Parlement « 5 à 6 semaines plus tard », selon une source gouvernementale. Si la poursuite de la remontée en puissance du budget des armées après des années de disette est actée, l’enjeu réside dans la ventilation annuelle de cette enveloppe.

Dans un contexte de forte tension budgétaire, la Première ministre Élisabeth Borne souhaitait initialement limiter le montant de la LPM à 392 milliards, souligne la source gouvernementale, confirmant des informations révélées par La Tribune. La cheffe du gouvernement plaide désormais pour de petites marches annuelles afin de repousser le plus gros de l’effort budgétaire après 2027, soit à la fin du quinquennat.

Passer de trois à deux milliards par an jusqu’en 2027  : un scénario redouté et mal accueilli

Un scénario redouté par le ministère des Armées, qui espère des hausses annuelles conséquentes dès l’an prochain pour financer les besoins capacitaires immédiats mais aussi pour lancer de futurs chantiers et reconstituer les stocks, impératif mis en lumière par la guerre en Ukraine.

D’autant que la hausse de l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie va mathématiquement rogner l’augmentation du budget de défense. « L’effet de l’inflation est estimé à 30 milliards d’euros sur 7 ans », reconnaît-on au ministère des Armées. « En termes réels, il n’y a pas le compte », commente un haut gradé. « La trajectoire budgétaire de la LPM est capitale. L’option de Matignon à 2 milliards d’euros (par an) est inacceptable. Elle obligerait un effort colossal post 2027. Dans cette période trouble, Élisabeth Borne ne peut pas jouer aux apprentis sorciers », dénonce vendredi sur Twitter le sénateur LR Cédric Perrin, alors que l’augmentation prévue en 2024 dans la précédente LPM était de 3 milliards d’euros.

Repousser de plusieurs années les augmentations budgétaires les plus importantes serait également mal accueilli par les industriels de défense, à qui l’exécutif a parallèlement demandé de se mettre en ordre de bataille pour produire plus et à moindre coût. Face au conflit mené par la Russie en Ukraine et à la nécessité d’envoyer toujours plus d’armes à Kiev, le président a appelé à passer à une « économie de guerre ». « On demande aux industriels » d’être « encore plus agressifs sur la conquête de nouveaux clients export » pour « faire vivre dans la durée » ces matériels « que l’on a produit vite et en nombre », explique l’Élysée.

Des programmes à la baisse en perspective

Parmi les programmes qui pourraient pâtir des arbitrages attendus figure l’avion de transport polyvalent A400M, dont la cible initiale de 50 exemplaires pourrait être réduite, ou encore les patrouilleurs de haute mer, dont les commandes envisagées pourraient être abaissées de 10 à 7. Pour préserver au maximum l’enveloppe budgétaire allouée aux Armées, le ministre Sébastien Lecornu a d’ores et déjà annoncé que le financement de l’aide militaire à l’Ukraine ne serait pas inclus dans la LPM.

Autre mesure de précaution, cette fois en réponse à un contexte de crise sociale aiguë : le service national universel (SNU), cher à Emmanuel Macron, dont une partie du financement a été retiré de la prochaine loi de programmation militaire, a-t-on appris jeudi de plusieurs sources gouvernementales. « Vu le contexte de mobilisation chez les jeunes (contre la réforme des retraites, ndlr), le SNU serait le carburant qui allume l’incendie », affirme-t-on au ministère des Armées, qui redoutait que l’opposition fasse du SNU un casus belli et entrave l’adoption de la LPM.

Grand projet d’Emmanuel Macron, ce service national a été lancé en 2019 de manière ciblée et ne concerne pour l’instant que des jeunes volontaires (32.000 en 2022). L’idée est de le rendre à terme universel, et donc généralisé et obligatoire. Un rapport du Sénat, publié cette semaine, recommande lui de « surseoir » à la généralisation du SNU étudiée par le gouvernement, « au regard des incertitudes » du projet, notamment en termes de coûts, « probablement supérieurs à 2 milliards d’euros ».

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