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plus-iconLa crise du leadership

« Les collaborateurs sont agaçants ! » - ce que cette phrase révèle vraiment

Lorsque des entrepreneurs ou des cadres dirigeants disent : « Les collaborateurs sont agaçants ! », cela semble à première vue être une expression de frustration. Trop de bureaucratie, trop de discussions, trop peu d'initiative personnelle. Mais cette affirmation cache souvent davantage, à savoir un reflet des défis structurels, communicationnels et culturels au sein de l'entreprise.

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Coach Rolf Hempel, expert en développement managérial, accompagne entreprises et dirigeants en coaching, conseil et formation professionnelle.

Photo: 2025 b-steps GmbH

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Durée de lecture: 5 Min.

Une phrase, plusieurs niveaux de lecture

La formule, volontairement provocatrice, « Les collaborateurs sont agaçants ! » sonne comme une soupape qui lâche. Rares sont ceux qui visent réellement tous leurs employés : ils parlent avant tout d’un sentiment de surcharge qui s’est accumulé avec le temps. Les causes sont multiples : responsabilités floues, intégration laborieuse, engagement limité ou encore quiproquos dans la communication.

Selon une étude du Gallup Institute publiée en 2023, seuls 17 % des salariés allemands se sentent véritablement engagés dans leur travail. Près de 69 % se contentent du strict minimum. Dans les directions, cela mène souvent à la résignation – ou au fameux soupir agacé : « Les collaborateurs sont agaçants ! »

Recrutement : la frustration naît souvent bien avant l’arrivée en poste

Dans de nombreux secteurs, trouver la bonne personne relève aujourd’hui du défi. Les annonces restent sans réponse, les entretiens déçoivent, et lorsque enfin quelqu’un est recruté, l’étape cruciale de l’onboarding – une intégration structurée, bienveillante – fait défaut. Le nouveau venu se retrouve livré à lui-même, tandis que la direction attend une productivité immédiate.

Un cercle vicieux s’installe alors : des attentes floues entraînent des résultats décevants, qui confirment à leur tour l’impression que « personne ne fait d’efforts ».

Motivation : ni applaudissements forcés, ni tabous

La motivation réelle ne naît ni des baby-foots, ni des corbeilles de fruits. Elle se construit grâce à la reconnaissance, à la confiance et à la possibilité de prendre des responsabilités. Celui qui reçoit un retour régulier – sincère, constructif, respectueux – progresse. Mais dans bien des entreprises, cela manque cruellement. On attend des employés qu’ils « devinent » et prennent des initiatives, sans balises ni objectifs clairs.

Les managers se sentent alors abandonnés : « Je dois tout faire moi-même !» – un sentiment souvent accentué par une délégation bancale : on transfère la tâche, mais sans marge de décision.

Communication : entre ce qu’on souhaite et ce qui se dit vraiment

La qualité de la collaboration dépend largement de la communication. Et pourtant, c’est là que se révèle souvent le fossé entre niveaux hiérarchiques. Les salariés demandent transparence et participation, les dirigeants réclament davantage d’autonomie. Résultat : déceptions réciproques – et trop rarement un dialogue ouvert.

Exemple concret : dans une entreprise de taille moyenne, l’introduction d’un nouvel outil de pointage a suscité des mois de débats. Les employés y voyaient une forme de contrôle, les dirigeants une nécessité organisationnelle. On a discuté des mesures, mais jamais des objectifs. Au bout du compte : frustration pour tout le monde.

Responsabilité : quand « pouvoir » et « vouloir » ne se confondent pas

Une confusion fréquente en management consiste à associer compétence et motivation. Ce n’est pas parce que quelqu’un peut faire quelque chose qu’il veut réellement le faire. Et l’inverse est tout aussi vrai : vouloir n’est pas savoir.

Il faut donc les deux : formation et clarification des rôles, des attentes et des marges de décision. C’est à ce prix que la responsabilité peut être assumée – réellement, et sur un pied d’égalité.

Conclusion

Ce ne sont pas les employés qui agacent – mais souvent les systèmes qui dysfonctionnent.

« Les collaborateurs sont agaçants ! » exprime souvent un malaise plus profond. Ce ne sont pas les personnes qui posent problème, mais la façon dont on organise la collaboration. Celui qui ose interroger cette phrase, plutôt que de la subir, amorce une transformation – pour l’entreprise comme pour lui-même.

Les salariés ne sont que rarement difficiles par nature. Ils réagissent au cadre dans lequel ils évoluent. Et un leader qui choisit d’améliorer ce cadre découvre souvent que l’agacement n’est qu’un passage – avant l’évolution.