Les écrans à l’école: le tout-numérique, un danger pour les enfants?

Par Sarita Modmesaïb
17 novembre 2023 15:44 Mis à jour: 17 novembre 2023 15:44

Alors que le danger d’une surexposition aux écrans par les enfants et les adolescents est maintenant avéré, on constate pourtant un recours de plus en plus massif aux interfaces numériques à l’école. Faut-il y voir une incohérence du système éducatif à revoir?

Au lendemain de la publication des résultats des évaluations nationales en 6e et en 4e, le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a appelé à un « sursaut collectif » pour éviter une « catastrophe sanitaire et éducative ».

Une étude parue en avril 2023 et baptisée Elfe (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), révélait que les enfants de 2 ans passent en moyenne 56 minutes par jour devant les écrans, cette durée s’élevant ensuite progressivement avec l’âge pour atteindre déjà 1h34 à 5 ans et demi. Des durées d’exposition bien trop élevées pour de jeunes enfants et qui vont à l’encontre des recommandations actuelles, « pas d’écran avant l’âge de 2 ou 3 ans, maximum 1 heure ensuite ».

CoLINE pour lutter contre « l’invasion numérique à l’école » 

Parallèlement au danger de surexposition à la maison, des parents d’élèves et des spécialistes de l’éducation alertent également sur le rôle joué par les écrans à l’école, à l’image de ce collectif créé afin de lutter contre « l’invasion numérique à l’école » (CoLINE). Deux mères de familles en sont à l’origine : Julie Pérel, orthophoniste résidant à Rennes et Audrey Vinel, strasbourgeoise et mère de trois garçons adolescents.

« Des centaines de millions sont dépensés pour équiper lycéens, collégiens et écoliers de tablettes et d’ordinateurs portables avec lesquels ils sont obligés de travailler à l’école et à la maison, et qui entrent dans leurs chambres sans que nous puissions nous y opposer, puisque c’est pour faire ses devoirs », dénonce le collectif CoLINE sur Le Parisien.

Le collectif dénonce ainsi une éducation par le numérique sans être passé par une éducation au numérique. « Les enfants n’apprennent certainement pas mieux avec ça. On nous dit qu’il faut alléger les cartables des enfants, les immerger dans le monde du numérique, mais personne ne leur apprend à se servir de ces outils », déplore Audrey Vinel.

Les ENT, facilitateurs des apprentissages et de la communication ?

Audrey Vinel explique que le collectif cible notamment Les Espaces Numériques de Travail (ENT) « qui servent à la communication entre les enseignants et leurs élèves, mais aussi avec les parents. Depuis 2013, ils se sont petit à petit imposés dans le second degré et se propagent à présent au primaire », souligne-t-elle dans une interview accordée à TF1.

Aussi, la mère de famille prend-elle l’exemple du dispositif Lycée 4.0 lancée en 2017 dans la région Grand-Est: un ordinateur distribué à chaque élève avec le passage aux manuels et plates-formes numériques. « Depuis 2019, les élèves dans ces établissements n’ont plus de livres. On nous dit que c’est pour la santé des enfants, pour protéger leur dos, mais quand je vois les miens avachis dans leur lit devant leurs écrans, je ne suis pas sûre que ce soit meilleur pour leur dos, sans parler de leur cerveau », déplore Mme Vinel sur TF1. « Le pire, c’est que ça commence à concerner les enfants de maternelle. Il paraît que les tablettes, c’est formidable pour les activités de découverte de l’écriture et du dessin. Il me semble qu’une feuille et un crayon, c’est un peu plus pertinent. »

Ces ordinateurs sont sensés se substituer au carnet de liaison et au cahier de texte sur lequel les enfants écrivaient eux-même leurs leçons à faire, permettant une meilleure visibilité pour leurs parents. « Là les gamins ne mémorisent même plus, souligne Audrey Vinel. Ça veut dire aussi des messages pour tout et n’importe quoi, et les infos importantes se noient dans la masse. Vous êtes censé avoir eu l’information, la rater est de votre seule responsabilité. »

Julie Pérel se souvient du stress provoqué par le logiciel Pronote sur son fils « car il se connectait toute la soirée au logiciel Pronote à cause des devoirs qui tombaient à n’importe quel moment. Il n’en dormait plus », déplore-t-elle sur Le Parisien.

En outre, aux devoirs faits ou non, vient s’ajouter la tentation de se connecter aux jeux vidéos ou aux réseaux sociaux, augmentant considérablement le temps passé sur les écrans…

Le collectif déplore ainsi le manque de formation à ces outils numériques, pourtant obligatoires pour le travail et la communication à la maison, mais détournant parfois l’autorité des parents dans l’instauration de règles de durées face aux écrans. « Avec en plus l’idée que ça n’améliore rien, ni la scolarité des enfants, ni une meilleure communication avec les établissements scolaires. Le pire, les gamins en fin de compte ne deviennent même pas des utilisateurs avisés de l’outil informatique, ils deviennent juste des consommateurs. »

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