Les écrans impactent négativement le cerveau des enfants, favorisant le TDAH, selon des experts

La déconnexion peut offrir un refuge contre les risques liés au trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité (TDAH).

Par Vance Voetberg
27 septembre 2023 06:25 Mis à jour: 27 septembre 2023 06:25

Une tempête en matière de santé mentale se prépare parmi les jeunes, les troubles de l’attention atteignant des niveaux critiques. Mais un nombre croissant d’experts estime qu’une partie de la solution pourrait être simple : limiter le temps passé devant un écran.

De nouvelles recherches établissent un lien entre l’utilisation excessive de la technologie et l’augmentation des taux du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). La déconnexion peut offrir un refuge contre les problèmes croissants de TDAH.

L’écran : « principal responsable » du TDAH

« Le cerveau en phase de développement s’attache aux stimuli les plus pertinents, » a souligné Roger McFillin, psychologue clinicien certifié en psychologie comportementale et cognitive, à Epoch Times.

Les écrans stimulent excessivement les neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine, importants pour la santé mentale, a-t-il ajouté, notant qu’un dérèglement de ces voies peut entraîner des troubles comme le TDAH et des retards de développement.

Dans une toute nouvelle étude réalisée en 2023, des chercheurs ont lancé l’une des enquêtes les plus complètes sur les effets du temps passé devant un écran sur les jeunes enfants. L’étude a porté sur plus de 7000 enfants âgés de 2 à 4 ans. Les auteurs ont noté que les résultats suggèrent une association dose-réponse entre un temps d’écran plus long à 1 an et des retards de développement dans la communication et la résolution de problèmes entre 2 et 4 ans. Ce constat illustre les ramifications tardives des effets des écrans sur le développement des enfants.

Le temps passé devant un écran est « le principal responsable » de la montée en flèche des taux de TDAH, selon le Dr Victoria Dunckley, pédopsychiatre et experte des effets du temps passé devant un écran sur le système nerveux des enfants.

Une étude de 2019 publiée dans Trends in Neuroscience and Education a testé l’hypothèse selon laquelle le temps passé devant un écran réduisait la durée d’attention des jeunes enfants. Des chercheurs ont séparé 30 enfants d’âge préscolaire en deux groupes : un groupe a regardé des histoires se dérouler sur un écran, tandis que l’autre groupe a entendu les mêmes histoires lues à voix haute.

Au bout de six semaines, les électroencéphalogrammes (EEG) ont montré que les enfants exposés aux écrans présentaient des schémas cérébraux similaires à ceux des enfants souffrant de TDAH.

Dans une étude publiée dans la revue Pediatrics, des chercheurs ont constaté que l’exposition précoce aux écrans entraînait des problèmes d’attention par la suite. L’étude a porté sur 1278 enfants âgés de 1 an et 1345 enfants âgés de 3 ans. En suivant les enfants pendant six ans, les chercheurs ont observé que 10% d’entre eux présentaient des problèmes d’attention à 7 ans. Les heures passées devant la télévision par jour à 1 et 3 ans étaient associées à des problèmes d’attention à 7 ans.

En outre, dans une méta-analyse réalisée en 2023 et portant sur neuf études totalisant plus de 81.000 enfants, les chercheurs ont constaté qu’une exposition excessive aux écrans pouvait contribuer de manière significative au développement du TDAH chez les enfants. « Par conséquent, écrivent les auteurs, il est nécessaire de réduire le temps d’écran chaque jour chez les enfants pour prévenir l’apparition d’un TDAH. »

Les écrans provoquent des « courts-circuits » dans le cerveau

Le temps passé devant un écran peut avoir un impact négatif sur le développement du langage, le traitement visuel, la mémoire et la cognition sociale.

Le temps passé devant un écran interactif, qui inclut les médias sociaux et les jeux sur une tablette ou un téléphone, est particulièrement excitant pour le cerveau, a indiqué le Dr Dunckley à Epoch Times.

« Le système nerveux se met sans cesse dans un état de combat ou de fuite sans pouvoir libérer cette énergie, » a expliqué la chercheuse. Lorsque l’hyper-excitation se produit régulièrement, le lobe frontal du cerveau est effectivement « court-circuité, » a-t-elle ajouté.

Lorsque le lobe frontal, qui contrôle les émotions, la motivation et l’attention, est touché, les enfants peuvent devenir impulsifs, agités, agressifs ou même déprimés.

Les recherches sur les effets des écrans interactifs sur le cerveau des jeunes enfants sont limitées. Toutefois, certains affirment que la forme du contenu importe plus que le temps passé devant l’écran. « Une narration faible, un rythme et un montage rapides, des stimuli complexes ou trop différents de la réalité peuvent empêcher l’enfant d’extraire ou de généraliser des informations, » note une revue.

Une médication trop rapide ?

Le lien entre les écrans et une mauvaise santé mentale est devenu de plus en plus évident ces dix dernières années. La plupart des traitements se concentrent sur les produits pharmaceutiques. En 2021, 8% des enfants américains âgés de 5 à 17 ans se sont vu prescrire des médicaments pour des problèmes de santé mentale, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Depuis la pandémie de Covid-19, les troubles psychiatriques, dont le TDAH, ont connu une nouvelle augmentation, a expliqué le Dr Stephen Farone, professeur aux départements de psychiatrie, de neuroscience et de physiologie et vice-président pour la recherche au département de psychiatrie et de sciences comportementales de l’université médicale SUNY Upstate.

Les préparations à base d’amphétamines, les plus couramment prescrits en Amérique du Nord sont des stimulants pour le TDAH. Selon un rapport publié dans Molecular Psychiatry, les amphétamines font également partie des médicaments sur ordonnance les plus consommés.

Le traitement précoce aux amphétamines, le médicament souvent prescrit aux enfants souffrant de TDAH, a été associé à un retard de croissance en taille et en poids chez certains enfants. Toutefois, les experts en santé mentale des enfants estiment que les avantages de ces médicaments l’emportent sur le risque potentiel de problèmes de croissance.

Pour de nombreuses pathologies, des changements de mode de vie tels que la réduction du temps passé devant un écran pourraient entraîner une amélioration, a indiqué M. McFillin.

« Je reçois souvent des enfants qui ont des antécédents complexes et/ou qui sont résistants au traitement, et la première chose que je fais est un dépistage rapide, » a expliqué le Dr Dunckley. Cette première étape cruciale permet souvent d’améliorer les résultats scolaires, l’humeur, le sommeil et la sociabilité, même si elle ne résout pas entièrement le problème.

Par exemple, évitez le temps d’écran « baby-sitter » pour les jeunes enfants. Une étude récente publiée dans BMC Public Health a analysé le temps d’écran des tout-petits. Les enfants étaient près de neuf fois plus susceptibles de faire un usage excessif des écrans lorsqu’ils les regardaient seuls que lorsqu’ils étaient accompagnés d’un parent ou par d’autres enfants, et quatre fois plus susceptibles d’en faire un usage excessif si les parents les regardaient trop souvent.

« Bien que nous soyons immergés dans une culture numérique, nous devons travailler avec la physiologie du cerveau et les besoins de développement, et non pas contre eux, » a ajouté le Dr Dunckley.

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