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Nutrition & santé

Les risques d’un régime pauvre en sel et comment utiliser le sel correctement

Comprendre le rôle réel du sel dans l’organisme permet de mieux ajuster ses apports et d’adopter les bons réflexes. Depuis des décennies, la réduction de la consommation de sel est présentée comme un pilier de la santé cardiovasculaire. Beaucoup suivent un régime pauvre en sodium et cuisinent avec seulement une pincée de sel. Pourtant, le sel n’est pas qu’un simple assaisonnement : c’est un minéral essentiel dont le corps a besoin pour maintenir son équilibre physiologique et énergétique.

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Photo: judoman/Shutterstock

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Durée de lecture: 8 Min.

En médecine traditionnelle chinoise (MTC), le sel nourrit le système du Rein et soutient l’ensemble des organes. Il apporte également le qi yang — cette énergie chaude et dynamique qui stimule le métabolisme, la circulation et la digestion. Lorsque les apports en sel deviennent trop faibles, cela peut conduire à une déficience de la rate, du rein et du cœur.
Les recherches modernes reconnaissent de plus en plus les risques d’une alimentation trop pauvre en sel, rejoignant la vision de la MTC : un déficit de sodium peut être aussi problématique qu’un excès.
Comment un régime pauvre en sel affecte l’organisme
Un régime pauvre en sel peut sembler bénéfique, mais une restriction excessive perturbe l’équilibre naturel du corps. De l’énergie à la digestion en passant par la circulation, plusieurs systèmes dépendent d’un apport suffisant en sodium pour bien fonctionner.

Déficience du rein

En MTC, le système du rein ne se limite pas aux organes anatomiques. Il englobe aussi les fonctions urinaires, reproductives, endocrines et osseuses.
L’énergie du rein se divise en yin et yang : le yin nourrit et humidifie, tandis que le yang réchauffe, active et dynamise.
Comme évoqué plus haut, le sel nourrit les reins. Lorsque les apports sont sévèrement restreints, le yang du rein s’affaiblit. Le corps perd alors sa force motrice “réchauffante”, indispensable au métabolisme, à la reproduction, à la régulation des liquides et à la solidité des os. Cela peut entraîner :
Baisse de la fonction sexuelle et de la fertilité : libido réduite, troubles de l’érection, éjaculation précoce, infertilité, cycles irréguliers.
Troubles gynécologiques et andrologiques : risque accru de fibromes ou de kystes ovariens chez la femme, hypertrophie prostatique chez l’homme.
Troubles urinaires : envies fréquentes, nycturie, difficultés à uriner, faible débit urinaire.
Ostéoporose : diminution de la nutrition osseuse, augmentant le risque de fractures à partir de la quarantaine et chez les personnes âgées.
Ces observations rejoignent les travaux montrant qu’un déficit chronique en sodium peut perturber les hormones, réduire le volume sanguin, fatiguer les glandes surrénales et favoriser la perte osseuse.

Déficience du cœur

La MTC enseigne que le yang du rein — énergie réchauffante — soutient le yang du cœur. On utilise souvent la métaphore du foyer et de la flamme : si le feu du foyer (le rein) faiblit, la flamme (le cœur) vacille. Lorsque la restriction en sel affaiblit le yang du Rein, le Cœur ne bénéficie plus du soutien énergétique nécessaire. Cela peut provoquer palpitations, oppression thoracique ou tachycardie.
Ce déséquilibre reflète un trouble circulatoire : le cœur peine à assurer un flux sanguin harmonieux.
La physiologie occidentale confirme ce principe : une carence sévère en sodium déstabilise les électrolytes, fait chuter la tension et perturbe le rythme cardiaque.
Déficience de la rate
Différente de la vision occidentale, la rate en MTC représente tout le système digestif. Lorsque le sel est trop restreint, la rate perd l’énergie yang nécessaire pour décomposer les aliments et les transformer en énergie. Cela entraîne ballonnements, constipation, digestion lente ou fatigue après les repas.
La physiologie moderne corrobore : un apport trop faible en sodium réduit l’acidité gastrique, diminue l’activité des enzymes digestives et ralentit la motilité intestinale.

Quelle quantité de sel consommer par jour ?

Le sel est indispensable au métabolisme, à l’hydratation, au fonctionnement nerveux et musculaire. Comme pour beaucoup de nutriments, l’excès comme l’insuffisance peuvent être nocifs. L’objectif est donc de trouver le juste milieu.
L’Organisation mondiale de la santé recommande aux adultes de ne pas dépasser 2 g de sodium par jour — soit environ 5 g de sel, une cuillère à café — pour réduire le risque d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. Mais des études récentes montrent que la relation entre sel et santé est plus complexe.
Une étude prospective publiée dans The New England Journal of Medicine, menée auprès de plus de 100.000 participants dans 17 pays suivis pendant 3,7 ans en moyenne, a mis en évidence une relation en jours entre l’excrétion de sodium et le risque de décès ou d’événements cardiovasculaires. Cela signifie que des apports très élevés comme très faibles augmentent les risques.
Selon les estimations basées sur l’excrétion urinaire, l’apport associé au risque le plus faible se situerait entre 3 et 6 g de sodium par jour (soit 7,5 à 15 g de sel).
Cette constatation suggère que la modération — et non la restriction extrême — serait la stratégie la plus bénéfique.

Les chercheurs ont identifié une courbe d’association en forme de « J » entre l’excrétion de sodium et le risque de décès ou d’événements cardiovasculaires. (Epoch Times)

L’apport optimal varie toutefois selon la constitution, l’activité physique, le climat ou l’état de santé. Les personnes qui transpirent beaucoup — sportifs, travailleurs en extérieur, habitants de zones chaudes — peuvent avoir besoin de davantage de sel pour compenser les pertes en sodium.
En résumé, le sel n’est ni un ennemi ni un ingrédient à consommer sans réfléchir : la meilleure approche consiste à ajuster ses apports selon ses besoins personnels.

Comment savoir si vous ne consommez pas assez de sel ?

Les symptômes suivants peuvent être liés à un manque chronique de sodium :
Étourdissements fréquents, fatigue, mains et pieds froids, crampes musculaires.
Gonflements récurrents, bouche sèche, peau sèche ou qui démange, chute de cheveux.
Baisse de libido, diminution de la fertilité, variations anormales de la tension artérielle.
Si ces signes s’améliorent nettement après une légère augmentation de votre consommation de sel, il est possible que votre organisme ait été en déficit.
En cas de doute, une prise de sang pour mesurer le sodium sérique peut aider à vérifier si les taux sont dans la norme. En cas de sodium bas, une augmentation modérée des apports et quelques ajustements alimentaires peuvent rétablir l’équilibre électrolytique.
Le sel n’est pas un poison : tout est question de dosage. Pour la MTC comme pour la médecine moderne, il joue un rôle fondamental dans le maintien de l’équilibre interne.
Plutôt que de suivre aveuglément la tendance du “sans sel”, il est essentiel d’adapter ses apports selon sa constitution et son état de santé. Consommer du sel naturel, en quantité adéquate, soutient la longévité et le bien-être global.
Kuo-pin Wu est le directeur de la clinique cardiaque Xinyitang de Taïwan. En 2008, il a commencé à étudier la médecine traditionnelle chinoise et a obtenu une licence à l'université médicale de Chine à Taïwan.

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