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Temps de l’enfant

Les enfants veulent moins de devoirs et plus de temps libre, mais restent divisés sur les vacances

Un panel de jeunes, âgés de 12 à 17 ans, a présenté vendredi ses propositions à la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant. À l’ordre du jour : alléger la densité du quotidien scolaire, répartir les cours sur cinq jours, et faire la part belle aux activités extra-scolaires, avec, en point d’orgue, la volonté de réaliser les devoirs à l’école.

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Photo: THOMAS COEX/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Vingt adolescents, minutieusement choisis par le Conseil économique social et environnemental (Cese), incarnent la diversité du territoire – garçons et filles, issus des milieux rural, urbain et périurbain. Leur contribution, déposée au fil de deux sessions de travail, vise à alimenter la réflexion des 130 citoyens composant la Convention, annoncée au printemps par le président de la République et qui remettra ses conclusions à l’exécutif le 23 novembre.

Une école pensée pour les enfants

« Nous parlons des rythmes scolaires depuis des décennies, sans parvenir à avancer. C’est une première mondiale d’avoir une convention citoyenne qui réunit des adultes et des enfants, qui travaillent ensemble », analyse Kenza Occansey, présidente du processus. L’objectif : faire entendre la voix de ceux qui vivent l’école au quotidien. « L’école n’est pas faite pour les enfants, mais pour que ce soit pratique pour les adultes », murmure Romane, 17 ans, donnant le ton du rapport remis ce jour-là.

Au fil des échanges, quatre difficultés majeures émergent : des journées jugées « trop longues et trop denses », une pression scolaire omniprésente, le stress lié à l’orientation, et une exposition massive aux écrans. Dans l’hémicycle du Cese, les jeunes testent leurs arguments, à l’aube d’un plaidoyer qu’ils devront porter devant les adultes. « On commence tôt, on finit tard, transports, devoirs, coucher, on n’a pas le temps », résume, lucide, Goustan, 16 ans, originaire de Lorient. Chez eux, un rêve émerge : une école plus ouverte, moins enfermante.

Des propositions concrètes, une ambition claire

La mesure la plus plébiscitée vise à effectuer les devoirs à l’école, dans des espaces dédiés, sous la houlette d’un accompagnant, afin de préserver le temps libre des élèves. Leur « journée idéale » s’étendrait de 9 h à 15 h 30, du lundi au vendredi, sans interruption le mercredi pour le collège et le lycée. Les matières théoriques se concentreraient le matin, les apprentissages pratiques l’après-midi, avec une pause méridienne s’étalant sur une heure trente alors qu’« il arrive que certains déjeunent en dix minutes ».

Les jeunes proposent aussi de ramener certains cours à 45 minutes, pour favoriser la concentration : « Les cours sont trop longs, les méthodes de travail peu stimulantes, ce qui entraîne baisse de l’attention, voire phobie scolaire », déplore Camille. Invités à imaginer des modalités plus ludiques – théâtre, quiz, effectifs réduits –, ils souhaitent aussi devenir davantage acteurs de leur apprentissage. « Nous voudrions être plus acteurs du cours que spectateurs », note notamment Éloïne, 16 ans, lycéenne du Mans. Après 15h30, le temps serait consacré au sport ou aux activités artistiques.

Préparer à la vie, écouter la détresse des élèves

Nathan, 16 ans, élève proche de Rouen, résume l’état d’épuisement d’une partie de la jeunesse : « Je pars de chez moi à 7h10 et reviens à 18h et j’ai encore une heure de devoirs. La nouvelle organisation me permettrait de faire du sport après 15h30 au lieu de seulement le mercredi. »

Estimant que l’école ne prépare pas suffisamment « à la vie future, la vie pratique », plusieurs jeunes suggèrent la création d’une nouvelle discipline, l’EMCP (enseignement moral et civique et pratique), où l’on apprendrait à gérer un budget, faire des démarches administratives, mais aussi les bases du ménage, du bricolage ou de la cuisine, afin de renforcer leur autonomie. L’orientation, autre point de crispation, est jugée trop précoce et peu accompagnée. Ils souhaitent pouvoir choisir leur mentor, multiplier les stages et périodes d’immersion.

Le rapport n’aborde pas la question des vacances scolaires, sur laquelle les jeunes n’ont pas réussi à s’accorder. Le débat devrait se poursuivre lors de la prochaine session des citoyens tirés au sort. « On aimerait que ceux qui décident se mettent à notre place, surtout les politiques, parce que forcément pour être député, ministre ou président il faut avoir plus de 18 ans », interpelle Caleb, 12 ans.

« Leurs propositions sont concrètes et nous rappellent que l’école doit être pensée pour les enfants, pas pour les adultes. A nous maintenant de faire en sorte que leur parole soit entendue et suivie d’effets », a réagi la Haute-Commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry, venue assister aux débats, saluant l’engagement et la pertinence de ce panel inédit de la jeunesse.