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Les États-Unis rapatrient la chaîne d’approvisionnement solaire et défient la domination chinoise de l’industrie

L’Amérique dominait la fabrication solaire jusqu’aux années 1990, mais ce leadership s’est ensuite déplacé vers le Japon, l’Allemagne, puis enfin la Chine.

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Une ferme solaire à Disputanta, Virginie, le 19 août 2022

Photo: Drew Angerer/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Les États-Unis ont entièrement reconstruit leur chaîne d’approvisionnement solaire après des décennies de délocalisation, permettant désormais aux usines américaines de produire chaque composant clé lié à la génération et au stockage de l’énergie solaire, selon de nouvelles données de la Solar Energy Industries Association (SEIA).
L’association professionnelle nationale a indiqué dans un communiqué du 29 octobre que Corning Inc. avait lancé la production d’ingots et de plaquettes solaires dans une nouvelle usine au Michigan, marquant ainsi la réactivation du dernier segment majeur de la chaîne d’approvisionnement solaire aux États-Unis. Corning, entreprise spécialisée dans les sciences des matériaux, a annoncé cette avancée dans ses résultats financiers du troisième trimestre publiés la semaine dernière.

Un secteur en pleine renaissance

Autre signe de la reprise industrielle américaine dans le solaire, First Solar, premier fabricant national de panneaux, a révélé le 30 octobre son projet de construire une nouvelle usine aux États-Unis en 2026. Cette installation finalisera la production de panneaux amorcée dans ses sites à l’étranger, avec une capacité de 3,7 gigawatts (GW).
La SEIA signale que 65 usines solaires ou de stockage, nouvelles ou agrandies, sont entrées en service en 2025, représentant 4,5 milliards de dollars d’investissements privés. La capacité de production nationale a progressé dans chacun des segments de la chaîne solaire et de stockage depuis fin 2024, précise encore l’association.
Évoquant une « renaissance » du secteur solaire et du stockage américain, la SEIA indique qu’en octobre 2025, les États-Unis disposaient de plus de 60 GW de capacité de production de modules solaires, soit une augmentation de 37 % depuis décembre 2024. La capacité de production américaine de cellules solaires a plus que triplé sur la même période, passant de 1 GW à 3,2 GW.
« Cette croissance atteste du pouvoir de l’innovation américaine », a déclaré Abigail Ross Hopper, présidente-directrice générale de la SEIA, dans un communiqué. « Nous construisons des usines, recrutons des travailleurs américains et démontrons que l’énergie solaire signifie énergie produite en Amérique. »
Le secteur solaire dépend d’une chaîne logistique complexe, comprenant modules (panneaux), systèmes de montage, électroniques de puissance, technologies de réseau et batteries. Chacun de ces segments se décompose en de nombreux composants : ainsi, la chaîne des modules inclut le polysilicium, les ingots, les plaquettes, les cellules photovoltaïques (PV) et d’autres éléments.

Le retour du leadership américain

L’Amérique dominait la fabrication solaire jusqu’aux années 1990, mais la suprématie est passée au Japon, à l’Allemagne, puis à la Chine, conséquence de la désindustrialisation. Aujourd’hui, la part de la Chine sur l’ensemble des stades de fabrication des panneaux solaires dépasse 80 %, selon l’Agence internationale de l’énergie. Ce chiffre est plus du double de la demande mondiale chinoise en PV, résultat d’investissements publics massifs ayant généré une surcapacité.
L’essor de la Chine dans la fabrication solaire a incité les États-Unis à rapatrier leur production, dans le but de renforcer leur compétitivité et leur sécurité énergétique. L’Inflation Reduction Act, promulguée en 2022, a alloué environ 369 milliards de dollars au soutien des technologies vertes et aux programmes climatiques, incluant des crédits d’impôt pour les projets solaires.
« L’Inflation Reduction Act a répondu aux défis économiques et de sécurité nationale posés par les subventions industrielles chinoises et le déclin industriel américain », argumente un rapport du Congrès publié en mai 2025 par des membres démocrates du Comité économique conjoint.
Le président Donald Trump et les Républicains du Congrès ont entrepris d’abroger certains allégements fiscaux énergétiques et industriels de l’Inflation Reduction Act. Le One Big Beautiful Bill Act, signé en juillet, met à nouveau l’accent sur les énergies fossiles, prévoyant l’extension de la production de pétrole et de gaz sur les terrains et eaux fédérales, tout en supprimant les crédits d’impôt pour les projets d’éolien et solaire.
Chris Wright, secrétaire à l’énergie, a affirmé que des décennies de subventions fédérales en faveur d’énergies intermittentes telles que l’éolien et le solaire ont provoqué la hausse des prix de l’électricité et une plus grande instabilité du réseau. Plus de 75 % de l’électricité américaine provient du gaz, du nucléaire et du charbon, sources qui fournissent de l’énergie 24h/24 et 7j/7 sans dépendre des conditions météorologiques, précise-t-il.

Investissements privés et dynamique du secteur

Malgré la polémique sur le financement public, l’investissement privé et la demande des entreprises continuent de stimuler l’expansion du solaire. Les fournisseurs de cloud deviennent un moteur de la demande, finançant de nouveaux parcs solaires ou souscrivant des contrats pour alimenter leurs data centers.
Environ la moitié de la nouvelle capacité électrique qui doit être installée cette année aux États-Unis sera solaire, selon une analyse de l’EIA publiée en août. La baisse des coûts de production solaire est un facteur clé pour la montée en puissance du secteur et pourrait réduire la dépendance à l’aide publique.
« Le coût actualisé de l’électricité (LCOE) des panneaux solaires est inférieur à celui des cycles combinés au gaz naturel en moyenne, et ce, dans la plupart des régions même sans les crédits d’impôt », explique un rapport de l’EIA d’avril 2025. LCOE mesure le coût estimé de production d’électricité sur la durée de vie du système.
La volonté de retrouver l’autonomie énergétique solaire s’inscrit dans une tendance au rapatriement industriel qui concerne aussi les semi-conducteurs, équipements industriels, chimie, automobile ou aéronautique. Depuis 2010, plus de 2 millions d’emplois créés grâce au rapatriement et à l’investissement étranger direct ont été annoncés, dont 1,7 million désormais pourvus, selon un rapport de l’initiative Reshoring.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Greg Isaacson a passé sept ans en Chine et en Thaïlande à effectuer des recherches et des reportages sur les affaires et l'immobilier en Asie, en se concentrant sur l'immobilier commercial dans les marchés de langue chinoise ainsi que sur les investissements sortants de Chine. Il a également travaillé comme analyste de recherche immobilière à Chicago et comme reporter immobilier à New York.

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