« Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », exhorte l’Onu à Nice

Par Epoch Times avec AFP
9 juin 2025 17:10 Mis à jour: 13 juin 2025 18:24

Plus de soixante chefs d’État et de gouvernement, notamment venus du Pacifique et d’Amérique latine, sont rassemblés sur la Côte d’Azur à l’occasion de la troisième conférence dédiée à la protection d’un océan en proie notamment à la pollution et à la surpêche.

« Les abysses ne sont pas à vendre »

« La première réponse, c’est le multilatéralisme », a estimé Emmanuel Macron, le Premier à prendre la parole à la conférence de l’ONU coorganisée par la France à Nice. « Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre », a-t-il enchaîné en visant implicitement les déclarations expansionnistes du président américain sur le territoire autonome du Danemark. Le Français s’y rendra dimanche.

M. Macron a renouvelé son appel à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, pour l’instant soutenu par 33 pays.

« Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a lancé dans la foulée le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, alors que Donald Trump prévoit de lancer unilatéralement l’exploitation des galets de nickel et autres métaux critiques dans les eaux internationales du Pacifique, dans des zones gérées par une autorité onusienne à laquelle les États-Unis n’appartiennent pas.

« Nous voyons maintenant planer sur l’océan la menace de l’unilatéralisme. Nous ne pouvons pas permettre qu’il arrive à la mer ce qui est arrivé au commerce international », a abondé le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Il a appelé à des « actes clairs » de l’Autorité internationale des fonds marins pour mettre fin à cette « course prédatrice » aux métaux critiques.

Mais les petits pays du Sud, comme aux négociations climatiques, veulent maintenir la pression financière sur tous les pays riches, y compris les Européens.

« Si vous voulez vraiment protéger les océans, prouvez-le », a lancé Surangel Whipps Jr, président du petit atoll des Palaos dans le Pacifique, en appelant les Etats développés à « alléger la dette » pour que les petites nations insulaires comme la sienne puissent « investir dans l’adaptation » au changement climatique.

« Pour nous, l’océan n’est pas seulement une ressource, c’est notre ligne de vie. C’est notre culture, notre économie et notre survie », a-t-il dit.

Le Président Emmanuel Macron (au c.), la princesse Lalla Hasnaa du Maroc, présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement (au c. à g.), et le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres (au c. à g.), assistent au panel « L’Afrique pour les océans » à la préfecture lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les océans, qui rassemble des dirigeants, des chercheurs et des militants pour discuter de la manière de protéger la vie marine jusqu’au 13 juin, à Nice, le 9 juin 2025. (CHRISTIAN HARTMANN/POOL/AFP via Getty Images)

Le traité sur la haute mer sera « bien mis en oeuvre »

Sur le traité sur la haute mer, autre sujet brûlant du sommet, M. Macron a affirmé qu’il « serait bien mis en oeuvre ». « C’est donc gagné ! »

Selon lui, une cinquantaine de pays ont déposé leur ratification à ce jour et « quinze pays se sont formellement engagés à les rejoindre ». L’Élysée, sans donner de listes de pays, a précisé que ce serait le cas d’ici à la fin de l’année.

« Si cela est vrai –et nous ne le croirons qu’une fois les 60 ratifications déposées– c’est le moment que nous attendions, un moment important pour la protection des océans », a réagi l’ONG Greenpeace.

Le traité vise à protéger la vie marine dans les eaux internationales (au-delà de 200 milles marins – 370 km – des côtes). Signé en 2023, il pourra entrer en vigueur 120 jours après la 60e ratification. La France espérait franchir ces 60 ratifications à Nice mais a dû renoncer à ce calendrier symbolique.

Plusieurs pays entendent annoncer la création de nouvelles aires marines protégées ou des interdictions de certaines pratiques de pêche, comme le chalut de fond.

La France l’a fait samedi dans certaines de ses aires marines protégées, sans toutefois convaincre les ONG, qui soulignent que cela ne concerne que 4% des eaux métropolitaines, soit 15.000 km2.

Le chalutage de fond critiqué

Lundi, Londres prévoit d’annoncer son intention d’interdire le chalutage dans la moitié des aires marines protégées anglaises, soit 30.000 km2.

Mis en lumière dans le film « Ocean » du Britannique David Attenborough, le chalutage de fond est critiqué pour les dommages qu’il engendre sur les habitats marins sensibles (herbiers, coraux, etc.) en raclant le plancher marin.

Les pêcheurs travaillent à bord du chalutier de pêche Good Fellowship, tandis que ses filets chalutent le fond marin pour les crevettes et autres crustacés, en mer du Nord, dans le nord-est de l’Angleterre le 21 janvier 2020. Photo de WILLIAM EDWARDS / AFP via Getty Images.

La communauté internationale s’est fixé un objectif de 30% de protection en 2030, contre seulement 8,36% aujourd’hui. La France espère atteindre 10% grâce à des annonces à Nice. Mais « protection » signifie rarement interdiction de la pêche ou d’autres activités, chaque pays décidant du niveau de protection.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.