Opinion
Les institutions de l’enseignement supérieur en Occident ne doivent jamais céder à la pression de Pékin
Les universités ne devraient pas empêcher des professeurs de publier des travaux jugés peu flatteurs par le régime communiste chinois.

Des bâtiments du centre de formation professionnelle d’Artux, considéré comme un camp de « rééducation » où sont détenues principalement des minorités musulmanes, au nord de Kashgar dans le Xinjiang, le 2 juin 2019.
Photo: GREG BAKER/AFP via Getty Images
S’il est une chose dont nous pouvons collectivement être fiers en Occident, c’est notre système éducatif. Certes, l’école primaire souffre d’effectifs surchargés et le lycée manque de formations réellement adaptées au marché du travail. Les universités, quant à elles, sont parfois décriées pour leur domination idéologique – mais, au fil des siècles, nous avons gagné en qualité et en niveau de formation.
Notre modèle permet aux chercheurs d’explorer ce qui les passionne, avec peu d’ingérence extérieure ou interne. La démarche est simple : trouver un sujet, l’étudier, vérifier ses sources, recueillir d’autres avis, puis publier son travail. C’est ainsi que la société toute entière profite de cet élan intellectuel.
Bien sûr, tout cela rencontre aussi des défis. Une vague anti-science voit parfois des sujets rigoureusement étudiés, publiés et validés, rejetés au profit d’« influenceurs » dénués de compétences ; le phénomène est amplifié par les réseaux sociaux. Par ailleurs, certains s’efforcent de fermer des pans entiers de la recherche sous prétexte de « vérités dérangeantes ». Or, dans une société démocratique et laïque, les minorités ne peuvent imposer leur veto à la science : si on est gêné par une étude, il suffit de ne pas la lire ! Le problème est réglé.
Mais, venons-en à ce que fait aujourd’hui la République populaire de Chine : elle exerce des pressions sur les institutions de l’enseignement supérieur afin de dissuader des professeurs de publier des recherches jugées peu conformes à la propagande du régime communiste. Selon une récente tribune dans The Economist, Laura Murphy, professeure au Centre Helena Kennedy pour la justice internationale de l’Université Sheffield Hallam (SHU) et associée au Centre des droits de l’homme de Harvard, affirme que la SHU a refusé d’éditer son équipe de recherche, qui révélait le recours au travail forcé des Ouïghours dans le secteur des minerais stratégiques en Chine. Certes, toutes les recherches ne sont pas publiées : elles peuvent être incomplètes, mal rédigées ou plagiées.
Mais là, la situation devient préoccupante. La professeure Murphy n’a appris – que par une demande d’accès à l’information – que des agents des services de sécurité chinois avaient visité le bureau de recrutement des étudiants de l’université à Pékin, pour signaler que le site web de la SHU était désormais restreint en Chine à cause de ses recherches. Une précédente visite, en 2024, s’était déjà accompagnée de menaces explicites et d’une injonction à cesser l’enquête.
Décortiquons ce cas : une université occidentale a retiré un programme de recherche valide, uniquement sur la base de pressions venues du régime chinois. Laura Murphy précise que le régime, ainsi que des entreprises privées probablement impliquées dans le recours au travail forcé ouïghour, tentaient de faire taire ses travaux depuis années.
Interrogée, la SHU a tenu des propos peu crédibles : « La décision a été prise au vu de circonstances complexes à l’époque, y compris l’impossibilité de souscrire l’assurance professionnelle requise… et n’a pas été motivée par des intérêts commerciaux en Chine ». Qui peut croire cela ? L’université a clairement agi en pensant au marché étudiant chinois (donc à ses revenus), et craint sans doute la fermeture de son antenne locale. Elle a sacrifié l’un des siens pour ménager Pékin : encore un exemple d’autocratie qui veut faire croire qu’il n’y a « rien à voir ».
Il y a cependant une lueur d’espoir : la professeure Murphy ayant menacé de poursuites, l’université a fait machine arrière, présenté ses excuses et autorisé la reprise de la recherche. Quelle magnanimité !
Cet épisode est d’une grande importance. Comme l’écrit Laura Murphy : « La liberté académique est la pierre angulaire de la production scientifique dans les sociétés démocratiques. Sa préservation exige que les universités protègent leurs chercheurs des représailles des régimes autoritaires, en refusant de céder aux menaces ou de brider la recherche. »
Mais combien d’autres institutions plient devant Pékin ? Combien de chercheurs verront leur financement amputé par crainte de réveiller le dragon ? Quelle part de la recherche scientifique sera affectée par cette lâcheté morale ? Il est temps d’affirmer un principe : la recherche légitime doit non seulement se poursuivre, mais recevoir un soutien digne de ce nom, surtout sur les questions de droits de l’homme.
Comme l’a dit le président John F. Kennedy, « L’objectif de l’éducation est de faire progresser la connaissance et de diffuser la vérité ». Il semblerait que certains dirigeants d’université ont besoin de retourner à l’école et d’en apprendre les fondements.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Phil Gurski ayant travaillé pendant 32 ans au sein des services de renseignement canadiens, est un spécialiste du terrorisme. Il est l'auteur de six ouvrages sur le terrorisme.
Articles actuels de l’auteur









