Les maisons de cette vieille ville allemande se louent à 0,88 euro par an depuis 500 ans – mais il y a un hic

Par Michael Wing
12 janvier 2024 16:06 Mis à jour: 12 janvier 2024 16:06

On dirait une petite ville médiévale à l’intérieur d’une ville.

Une communauté fortifiée au cœur d’Augsbourg, en Allemagne, la Fuggerei existe depuis 500 ans et offre non seulement un abri aux pauvres, mais aussi un refuge contre l’inflation et les hausses de loyer brutales.

Considérée comme le plus ancien projet de logement social au monde, la Fuggerei n’a pas augmenté son loyer une seule fois depuis sa création en 1521.

La communauté fermée se compose de 57 maisons en briques, comprenant 142 appartements et abritant 142 occupants, dont le loyer annuel ne s’élevait à l’origine qu’à 1 gulden rhénan. À l’époque, ce montant correspondait à un mois de salaire.

En monnaie d’aujourd’hui, cela représente 0,88 euro.

La porte de la Fuggerei (Anne Czichos/Shutterstock)
La porte de la Fuggerei (Anne Czichos/Shutterstock) ; (Encadré) Portrait de « Jakob Fugger le riche » par Albrecht Dürer (Domaine public)

Le loyer est resté le même pendant tous ces siècles grâce à l’héritage de la famille Fugger – qui s’est enrichie dans le commerce du textile – et du marchand médiéval Jakob Fugger, surnommé « Jakob Fugger le riche ».

Riche financier et philanthrope, Jakob Fugger a imaginé une communauté pour les habitants d’Augsbourg dans le besoin qui avaient connu des temps difficiles sans que ce soit leur faute. À condition qu’ils n’aient pas de dettes, ils bénéficieraient d’un espace de vie abordable qui leur permettrait d’améliorer leurs conditions de vie.

Une route à l’intérieur du complexe Fuggerei (Konstantin Yolshin/Shutterstock)

Précurseur des immeubles à vocation sociale d’aujourd’hui, ce complexe de près de 50.000 mètres carrés était également équipé d’espaces de travail où les occupants pouvaient produire des biens pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

Il y avait bien sûr quelques conditions :

Tout d’abord, il fallait vivre à Augsbourg depuis au moins deux ans.

Il fallait également être de confession catholique.

Enfin, il fallait prier trois fois par jour pour la famille de son bienfaiteur, Jakob Fugger, une règle qui reste en vigueur encore aujourd’hui.

Bien que les registres paroissiaux soient apparemment vérifiés lors de la sélection des candidats, il était difficile d’imposer la prière pour les Fugger, de sorte que la question était laissée à l’appréciation exclusive de l’occupant et de Jakob Fugger au paradis.

À l’intérieur du complexe Fuggerei (Travelview/Shutterstock)
L’intérieur d’un appartement de la Fuggerei (Travelview/Shutterstock)
L’intérieur d’un appartement de la Fuggerei (Travelview/Shutterstock)

Malgré des règles apparemment désuètes, une personne de contact au sein de la communauté a déclaré à la CBC Radio en 2021 qu’environ 80 personnes étaient sur la liste d’attente pour aller vivre dans le complexe.

« Plus de gens souhaitent avoir un appartement au rez-de-chaussée, ce qui les oblige à attendre longtemps pour obtenir un appartement – peut-être cinq, six ou sept ans », a expliqué Doris Herzog, une assistante sociale.

Il y a aussi des appartements au deuxième étage, qui ont l’avantage d’avoir un grenier.

Lorsqu’ils emménagent, les membres de la communauté respectent les règles établies. Par exemple, il faut être à l’intérieur avant 22 heures, heure à laquelle les portes sont fermées pour la nuit. Dans le cas contraire, il faut payer un euro pour être admis. Les membres doivent également apporter leurs contributions en se portant bénévoles comme jardiniers et gardiens de nuit.

Le complexe Fuggerei (Photo20ast/Shutterstock)
Vues des maisons à l’intérieur de la Fuggerei (Travelview et Photo20ast/Shutterstock)

Après la mort de Jakob Fugger, la Fondation Fugger a pris la direction de la communauté, honorant ses conditions et son loyer jusqu’à aujourd’hui. Elle a réussi à rester en avance sur l’inflation grâce à des investissements judicieux, principalement dans le domaine de la sylviculture.

Au fil des siècles, la Fuggerei a connu des revers. Ses occupants ont célébré leur culte dans une église voisine jusqu’à ce qu’elle devienne protestante pendant la Réforme, ce qui a conduit à la construction de l’église Saint-Marc sur le site.

La guerre a aussi fait des ravages : la Fuggerei a été endommagée pendant la guerre de Trente Ans et détruite lors du bombardement d’Augsbourg pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, chaque fois, elle a été reconstruite dans le style traditionnel, comme il se doit.

L’intérieur du complexe Fuggerei (Yuri Turkov/Shutterstock)

Aujourd’hui, la communauté est devenue plus qu’un refuge contre la flambée des prix des loyers, car les touristes sont les bienvenus tout en étant priés de respecter les habitants. Un appartement reste vacant, dédié à l’accueil du public. Un modeste droit d’entrée de 6,5 euros est perçu pour son entretien.

Parmi les attractions de la Fuggerei, une plaque en pierre commémore Franz Mozart, l’arrière-grand-père de Wolfgang Amadeus Mozart, l’un des nombreux Allemands défavorisés qui ont vécu ici.

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