Les mouvements de masse effraient le PCC, explique un militant

Par Mary Hong
11 mai 2023 08:37 Mis à jour: 11 mai 2023 08:37

Monsieur Ou Rongui est l’un des initiateurs et participants du mouvement démocratique de la ville de Guangzhou en Chine, qui se fait appeler La rue du Sud. Il est désormais en exil en Nouvelle-Zélande, après avoir été emprisonné à plusieurs reprises par le régime chinois, pendant des années, pour avoir exprimé des ambitions démocratiques pour le pays.

M. Ou s’est récemment exprimé dans l’édition chinoise d’Epoch Times.

Tout a commencé dans les rues de Guangzhou, une métropole du sud du pays, où les militants ont manifesté en faveur de la démocratie en brandissant des banderoles et scandant des slogans.

Il a expliqué pourquoi toute cette série de mouvements à Guangzhou a été une menace majeure réelle pour le PCC.

M. Ou, 37 ans, explique que la plupart des Chinois qui tentent de défendre leurs droits ne savent pas qu’ils tombent dans un piège tendu par le régime.

Il a évoqué le nombre considérable de Chinois qui demandent justice en déposant plainte auprès du bureau des pétitions, le Bureau des lettres et des visites, à Pékin. Au lieu que leurs problèmes soient résolus, les pétitionnaires deviennent la cible d’une répression encore plus intense.

Il a rappelé aux gens qu’ils se battent contre « un régime diabolique, et non pas un gouvernement ».

Il a insisté sur le fait que c’est à une secte que les gens ont affaire.

Les débuts de la révélation

Né dans la campagne de Guilin, dans le Guangxi, à la frontière du Viêt Nam, dans le sud de la Chine, M. Ou semble avoir une résistance innée à l’égard du PCC. Enfant, lorsque ses camarades de jeu vénéraient Mao Zedong, il avait déjà des doutes au fond de lui.

Il s’est rendu compte de la nature autoritaire du PCC lorsqu’il a demandé sa première carte de résident dans un commissariat de police à l’âge de 16 ans.

Il se souvient que cette expérience lui a appris que le PCC n’était pas au service du peuple.

Lui et plusieurs jeunes Chinois enthousiastes ont fait passer leurs idées démocratiques de l’internet à la rue. Leur mobilisation en 2011 et 2012 a donné lieu à de nombreuses arrestations.

Il a également été harcelé par les services de sécurité de l’État la veille du 4 juin, date de la commémoration annuelle du massacre de la place Tiananmen en 1989.

Epoch Times Photo
Yan Xiong (2e à droite), l’un des 21 manifestants de la place Tiananmen les plus recherchés en 1989, s’entretient avec des dirigeants locaux pro-démocratie avant de participer à une manifestation dans les rues de Hong Kong, le 31 mai 2009. (Samantha Sin/AFP via Getty Images)

En 2016, il a été condamné à un an de prison pour avoir manifesté contre une démolition forcée dans la province de Guangxi.

Les obstacles qu’il a rencontrés en essayant d’obtenir un appartement à Guangzhou étaient monnaie courante. Sa carte magnétique électronique était constamment désactivée et l’accès à son appartement lui était souvent refusé.

En mai 2020, la police de la route l’a prévenu qu’ils allaient confisquer son camion et l’ont poussé à quitter Guangzhou. En mars de cette année, il est arrivé en Nouvelle-Zélande.

La Révolution de jasmin à la chinoise

À la suite de la Révolution de jasmin de 2011 au Moyen-Orient, un mouvement de jasmin similaire a vu le jour en Chine.

La chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en août 2011 a enthousiasmé les militants pro-démocratie en Chine.

Des manifestations ont eu lieu à Guangzhou le 28 août 2011, alors que Hu Jintao était président du PCC.

Les manifestants ont brandi une banderole intitulée « Célébrons la chute du dictateur Kadhafi », exprimant ainsi leur volonté de faire de même avec le PCC.

Liu Yuandong, un militant pour la démocratie, a pris la parole et a déclaré : « Hu Jintao va t’en! » et « Pourquoi avons-nous une politique de l’enfant unique ? ».

La police a interrompu le rassemblement et plus d’une douzaine de jeunes militants ont été arrêtés. La manifestation n’a duré qu’une dizaine de minutes. Plus tard dans la soirée, ils ont été relâchés.

A protester is removed by police outside the Chaoyang Hospital
Une pétitionnaire est approchée par la police devant l’hôpital où séjourne l’activiste chinois Chen Guangcheng à Pékin, le 5 mai. La femme, qui a exprimé son mécontentement à l’égard du traitement réservé par le régime chinois aux pétitionnaires, a demandé à rendre visite à Chen. (Ed Jones/AFP/GettyImages)

Libérez Chen Guancheng

En septembre 2011, ils ont organisé une autre manifestation pour soutenir l’avocat des droits de l’homme Chen Guancheng.

Monsieur Chen, militant aveugle connu pour sa lutte contre la politique de l’enfant unique en Chine et pour sa défense des droits des femmes, a été emprisonné en 2006.

Lorsque il a finalement été libéré en 2010, le PCC l’a maintenu en résidence surveillée.

En septembre 2011, les militants de la Rue du Sud lui ont exprimé leur soutien en portant un t-shirt à son effigie derrière des barreaux, avec le slogan « Free Chen Guancheng » (Libérez Chen Guancheng). M. Ou a déclaré que de nombreux militants ayant participé à l’événement ont été emprisonnés.

Le rêve chinois de constitutionnalisme

En 2013, le Southern Weekly a publié un éditorial pour le Nouvel An intitulé « Le rêve de la Chine, le rêve du constitutionnalisme », indiquant une confrontation ouverte entre les journalistes chinois et la propagande d’État.

L’éditorial a rapidement été censuré et l’éditeur a été sanctionné.

Deux jours plus tard, de nombreuses personnes ont exprimé leur soutien aux journalistes de l’hebdomadaire. Les membres du mouvement de la Rue du Sud ont également brandi leur slogan « Lutter pour la liberté de la presse, construire une Chine démocratique ».

Les membres du mouvement ont de nouveau été confrontés aux représailles du régime en mars 2013, a expliqué M. Ou.

Liu Yuandong, par exemple, a été arrêté en 2013. Il a été condamné à trois ans de prison pour avoir « rassemblé des foules dans le but de perturber l’ordre social ». M. Liu, un biologiste, est resté discret et a repris la tête de son entreprise après avoir été libéré de prison.

Wang Aizhong, est un autre exemple : il a été arrêté en 2013, puis de nouveau détenu en 2021 sous l’accusation de « provoquer des querelles et des troubles » en raison de messages postés sur Internet.

L’épouse de M. Wang a révélé sur les réseaux sociaux chinois qu’il est toujours détenu sans qu’aucune procédure judiciaire n’ait jamais été engagée à ce jour.

Les mouvements civils frappent durement le PCC

M. Ou estime qu’il est impossible d’arrêter un véritable mouvement politique, surtout quand celui-ci est initié par une organisation. À proprement parler, un mouvement a toujours un objectif bien défini.

« Le mouvement de la feuille blanche, par exemple, visait à lever les confinements ; cependant, s’il avait été mené par un militant de la démocratie, il se serait mué en une cause pro-liberté et pro-démocratie, et non plus seulement une simple manifestation visant à lever le confinement de la ville », a-t-il déclaré.

Il a expliqué que tout mouvement politique est une forme de pouvoir populaire. Le PCC sait manipuler les mouvements en les déclenchant, en les contrôlant et en guidant la direction du pouvoir populaire, comme pendant la révolution culturelle.

Mais quand un mouvement vient de la base ou de la société, à quelque niveau que ce soit, il n’est pas autorisé par le PCC.

Tout mouvement extérieur heurte le système nerveux du PCC, « il devient extrêmement inquiétant pour le régime », a-t-il déclaré.

Selon lui, les mesures de contrôle de la pandémie ont constitué le contrôle le plus extrême et le plus coercitif que le PCC ait exercé sur la société, puisque des milliards de personnes ont été enfermées chez elles.

Pourtant, le mouvement de la feuille blanche a réussi à défier le régime et a contraint le PCC à rapidement mettre fin au confinement.

« C’est pourquoi nous devons initier la mobilisation de l’extérieur, afin d’éviter qu’elle ne soit manipulée et contrôlée. Cela touchera le PCC dans une certaine mesure », a-t-il expliqué.

La majorité des Chinois sont pieds et poings liés face à leurs propres intérêts, a-t-il ajouté, « mais les mouvements civils des premières années ont ouvert la voie », et c’est ainsi que le mouvement de la feuille blanche a vu le jour, et c’est ce qui fait très peur au PCC.

Li Yuanming a contribué à cet article.

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