Les négociations gouvernementales sur la corde raide en Allemagne

19 novembre 2017 19:59 Mis à jour: 19 novembre 2017 19:59

Angela Merkel se démenait dimanche soir pour tenter d’éviter un échec de plus en plus menaçant des négociations visant à former un nouveau gouvernement en Allemagne, qui plongerait le pays et l’Europe dans une phase d’instabilité.

Son camp conservateur (CDU-CSU), les Libéraux du FDP et les écologistes s’étaient donnés jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) pour trancher: accord ou échec.

Cet heure butoir est passée sans progrès apparent, les dirigeants des quatre partis concernés et leurs négociateurs continuant à enchaîner les réunions à Berlin pour essayer de surmonter leurs divergences sur le programme de gouvernement des quatre ans à venir. Les pourparlers pourraient durer jusque tard dans la soirée.

« Ça sent l’échec! », synonyme de nouvelles élections dans le pays, s’inquiétait le quotidien Bild sur son site internet, en citant des sources proches des négociations.

D’autres médias spéculaient sur un possible report des pourparlers avec une période de réflexion de deux semaines compte tenu des blocages persistants.

« J’appelle à bien réfléchir aux solutions alternatives en cas d’échec et donc j’invite tout le monde à se bouger pour parvenir à un résultat », a déclaré une proche de la chancelière, Julia Klöckner.

Au pouvoir depuis 12 ans, Mme Merkel a certes remporté fin septembre les élections législatives.

Mais elle l’a fait avec le pire score depuis 1949 pour son parti du fait de la percée de l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui surfe sur le mécontentement d’une partie de l’opinion suite l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile.

Conséquence: Angela Merkel a toute les peines à trouver une majorité à la chambre des députés, où les sociaux-démocrates (SPD) ont réitéré dimanche leur refus de gouverner avec elle après avoir été laminés aux élections. Ils se préparent à une cure d’opposition.

La chancelière mène du coup depuis plus d’un mois des négociations très difficiles en vue de former sa coalition, sur le papier contre nature, avec les Libéraux du FDP et les Verts. Un attelage hétéroclite encore jamais expérimenté au niveau national.

Faute de compromis, l’Allemagne devra sans doute retourner aux urnes début 2018. Des élections qui se feraient très probablement sans Angela Merkel à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) tant son sort est lié au succès des tractations en cours.

“Elle a tout intérêt à ce que ce gouvernement voie le jour, car un échec signerait aussi sa fin » politique, juge Frank Decker, politologue de l’université de Bonn, sur la chaîne de télévision parlementaire allemande, Phoenix.

Angela Merkel est déjà fragilisée au sein de sa famille politique depuis sa mauvaise performance aux législatives.

Son cap centriste et sa décision d’ouvrir les frontières du pays en 2015 aux migrants restent très controversés au sein de la CDU, et surtout de la CSU bavaroise, qui réclame un virage à droite.

Selon un sondage publié dimanche par le journal Die Welt, 61,4% des Allemands ne pensent pas qu’elle pourra se maintenir en poste en cas d’échec.

Principale pierre d’achoppement des négociations: les migrants en Allemagne et les suites de la politique généreuse d’accueil des réfugiés par Angela Merkel.

Les écologistes demandent que tous ceux bénéficiant du statut de réfugiés jouissent de la possibilité de regroupements familiaux. Actuellement, seuls certains d’entre eux en jouissent. La CSU et le FDP refusent cet assouplissement.

« La question est de savoir si on veut favoriser encore l’expansion de l’extrême droite dans le pays », s’est énervé un dirigeant de la CSU, Alexander Dobrindt.

Les Verts jugent la distinction « inhumaine » car ce sont en particulier les réfugiés syriens fuyant la guerre civile qui ne peuvent en profiter.

En cas d’échec, une période d’incertitude politique majeure s’ouvrirait en Allemagne et en Europe.

« L’Europe est tout sauf sortie de la crise et la question qui se pose est: va-t-on laisser le président (français) Emmanuel Macron se charger seul d’éteindre les incendies parce que l’Allemagne sera paralysée? », a demandé dimanche Cem Özdemir, un des dirigeants des Verts.

R.B avec AFP

 

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