L’intelligence artificielle pourrait anéantir les opportunités d’apprentissage de base pour les jeunes si la société devient trop dépendante de la technologie, met en garde un chercheur en intelligence artificielle.
Paul Darwen, doyen associé des technologies de l’information au campus de Brisbane (Australie) de l’université James Cook, a déclaré que l’avènement de l’IA pourrait être similaire à des inventions précédentes, telles que les calculatrices et les tableurs, qui soulagent les gens des « corvées fastidieuses » d’un travail subalterne, tout en leur permettant de se concentrer sur des activités plus créatives.
« C’est comme avoir un assistant de 12 ans qui fait beaucoup d’erreurs, mais ça accélère certaines choses », a indiqué M. Darwen à Epoch Times.
« Dans le monde de la programmation, des choses comme Copilot [le service de chat de Microsoft] se sont répandues très rapidement, si bien que les gens comptent sur elles pour faire une grande partie du travail fastidieux de programmation, ce qui les libère pour penser à la vue d’ensemble et à la façon dont tout cela s’articule. »
« Donc, selon cet argument, bien sûr, c’est génial, [l’IA] sera comme les calculatrices. »
Le doyen associé a toutefois souligné que l’IA générative est plus puissante qu’une simple calculatrice et qu’elle pourrait empiéter sur des tâches que la société devrait continuer à accomplir manuellement.
Dans le domaine de la programmation, il est difficile d’enseigner aux jeunes les rudiments de la programmation alors que les produits d’IA peuvent les aider à écrire du code.

« Mais si [les jeunes ou les travailleurs débutants] n’apprennent pas les bases, comment pourraient-ils apprendre les notions plus sophistiquées ? », s’est interrogé M. Darwen.
« C’est donc un problème, celui du bootstrapping (amorçage) pour les personnes qui ont déjà appris les bases. »
« Bien sûr, l’IA est un outil formidable, mais pour les personnes qui n’ont jamais appris les bases, la tentation est grande d’utiliser sournoisement cet outil au lieu d’apprendre. »
Outre les services de chat IA populaires (ChatGPt, Copilot, Claude, etc.), les entreprises technologiques ont également mis au point des « agents » IA, un type de produit qui pourrait constituer la prochaine frontière de son développement.
Selon la plateforme de développement GitHub, les agents d’IA peuvent transformer la programmation en automatisant de nombreux processus, notamment la révision du code, les tests, le déploiement du code et la détection des vulnérabilités.

Les jeunes n’ont peut-être pas besoin d’apprendre la programmation, affirme le PDG de Nvidia
Les remarques de M. Darwen interviennent alors que des personnalités connues du secteur se font l’écho d’idées similaires.
Lors du sommet mondial des gouvernements qui s’est tenu à Dubaï en février 2024, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a affirmé que les enfants n’avaient plus besoin d’apprendre à programmer.
« Au cours des 10 à 15 dernières années, presque tous ceux qui sont intervenus sur une scène comme celle-ci vous ont dit qu’il est vital que vos enfants apprennent l’informatique, [et] que tout le monde devrait apprendre à programmer », a-t-il déclaré.
« En fait, c’est presque le contraire. Notre tâche consiste à créer une technologie informatique qui fasse en sorte que personne n’ait à programmer, et que le langage de programmation devienne celui de l’homme », a-t-il poursuivi.
M. Huang a également indiqué que tout le monde pouvait désormais être programmeur grâce au « miracle de l’intelligence artificielle » et que le perfectionnement des compétences deviendrait de plus en plus important à l’avenir.
« Le pays, les personnes qui comprennent comment résoudre le problème spécifique à la biologie numérique ou à l’éducation des jeunes, ou encore à la fabrication ou à l’agriculture – ces personnes qui maîtrisent un domaine particulier – peuvent désormais utiliser la technologie qui est à leur disposition », a-t-il ajouté.
« Vous avez maintenant un ordinateur qui fait ce que vous lui demandez. »
« Il est vital que nous améliorions les compétences de chacun, et ce processus sera, je pense, agréable, [et] surprenant. »

L’IA pourrait étouffer la créativité dans de nombreux domaines
Parallèlement, M. Darwen estime qu’il est possible que l’IA étouffe la créativité de la société.
« L’IA ne peut qu’imiter ce qui se trouve dans les données d’entraînement. Elle peut mélanger ces éléments de différentes manières, mais elle est limitée aux éléments qui se trouvent dans les données d’entraînement, elle a donc du mal avec tout ce qui est complètement nouveau », a-t-il souligné.
« Il est possible que si les chercheurs s’appuient sur l’IA, celle-ci régurgite des idées existantes et les rende implicitement aveugles à quelque chose de complètement nouveau auquel ils auraient pu penser autrement. »
Selon M. Darwen, cette situation s’est déjà produite dans le domaine de l’art, où l’IA peut être utilisée pour générer des images en quelques clics.
« Cela signifie-t-il que plus aucun art nouveau verra le jour et que nous ne ferons que ressasser à l’infini l’art qui a été créé jusqu’à la création de ces outils ? », a-t-il demandé.
« Ils entraînent l’IA sur les images générées il y a six mois, et la quantité d’images générées par l’IA est désormais bien supérieure à celle des images originales créées par des artistes humains. Elles seront donc évincées. »
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