La déclaration du président américain Donald Trump, selon laquelle l’Australie serait « inondée » de Sud-Africains en fuite, est-elle vraie ?
Selon les données du gouvernement sud-africain, ses propos auraient un certain fondement.
Lors d’une réunion officielle avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa à la Maison-Blanche, le 21 mai, Donald Trump a affirmé à son homologue qu’un « nombre considérable de personnes » avaient fui l’Afrique du Sud pour les États-Unis ou l’Australie.
Il a également affirmé que les fermiers blancs, notamment les Afrikaners — des Sud-Africains d’origine néerlandaise — étaient persécutés, victimes de brutalité, de violence, et de confiscations de terres.
« On les exécute. Et il se trouve qu’ils sont blancs, et que la plupart d’entre eux sont fermiers », a déclaré Donald Trump à Cyril Ramaphosa.
« Nous avons des milliers de personnes qui veulent entrer dans notre pays. »
« Regardez l’Australie – ils sont inondés, et nous aussi, par des gens qui veulent partir. Leur ferme ne vaut plus rien. »
Pour appuyer ses propos, il a demandé à ses collaborateurs de montrer une vidéo d’un discours de Julius Malema, le leader d’Economic Freedom Fighters (EFF), un parti communiste, et le quatrième plus grand parti politique en Afrique du Sud.
Julius Malema faisait auparavant partie de l’ANC, avant de fonder l’EFF après un long conflit avec l’ancien président Jacob Zuma.
Dans la vidéo projetée à la Maison-Blanche, Julius Malema déclare que les Sud-Africains peuvent occuper des terres sans autorisation gouvernementale, et dans une autre scène, il appelle ouvertement à tuer les fermiers, lors d’un rassemblement de l’EFF, des propos salués par des applaudissements.
Donald Trump a également remis à Cyril Ramaphosa un dossier d’articles de presse relatant les meurtres de fermiers blancs en Afrique du Sud.
En réponse, Cyril Ramaphosa a déclaré que Julius Malema appartenait à un « parti minoritaire » en Afrique du Sud, et que ses propos ne reflétaient pas la politique du gouvernement.
Le président sud-africain a également nié l’existence de confiscations de terres dans son pays, affirmant que la propriété foncière était protégée par la Constitution sud-africaine.
Concernant les meurtres de fermiers, il a indiqué que ces affaires relevaient de criminels, en précisant que les victimes n’étaient pas uniquement blanches, mais en majorité noires.

Les Sud-Africains fuient-ils leur pays ?
Alors que certains médias qualifient de fausses les affirmations de Donald Trump selon lesquelles l’Australie serait « inondée », les chiffres indiquent une autre réalité.
Selon le Migration Profile Report 2023 de Statistics South Africa, l’Australie était le deuxième pays comptant le plus grand nombre d’expatriés sud-africains en 2020, avec 199.960 personnes, derrière le Royaume-Uni (247.336).
Les États-Unis étaient le troisième pays d’accueil (117.321), suivis de la Nouvelle-Zélande (73.846) et du Canada (48.093).
L’émigration a fortement augmenté entre 2000 et 2020, le nombre de Sud-Africains vivant à l’étranger passant de 501.600 à 914.901.
L’émigration forcée a également explosé : les réfugiés sont passés de 266 en 2000 à 4258 en 2020.
De plus en plus de Sud-Africains veulent quitter le pays, et ils sont de moins en moins nombreux à vouloir y revenir.
En 2011, 45.866 citoyens sud-africains sont rentrés au pays. En 2022, ce nombre a chuté à 27.983.

Les migrations depuis les années 1990
Des données récentes du Bureau australien des statistiques montrent que l’Afrique du Sud se classe au septième rang des pays de naissance des résidents australiens nés à l’étranger — une tendance peu surprenante, les deux pays partageant un héritage britannique.
En 2024, le pays comptait 244.160 résidents australiens nés en Afrique du Sud, contre 174.903 en 2015.
Un universitaire affirme que le « génocide culturel » reçoit le soutien des autorités
Eric Louw, universitaire et ancien membre de l’ANC, le parti de Nelson Mandela au pouvoir depuis 1994, a déclaré que rester dans son pays était devenu « intenable ».
« J’ai migré vers l’Australie, donc je ne suis pas techniquement un réfugié. Mais j’ai quitté l’Afrique du Sud pour sortir mes enfants d’une situation intenable », a-t-il confié à Epoch Times.
Bien qu’il refuse d’utiliser le mot « génocide » pour décrire la situation des fermiers blancs, il parle de « génocide culturel » à l’encontre des Afrikaners.
Il souligne qu’en 1994, la langue afrikaans était utilisée dans cinq universités. Aujourd’hui, elle a disparu à cause de la politique de l’ANC.
« Depuis 1994, toutes les universités et écoles supérieures en afrikaans ont été contraintes de passer à l’anglais par l’ANC. Et désormais, l’ANC accentue la pression pour que les écoles primaires et secondaires en afrikaans passent aussi à l’anglais », explique-t-il.
« Les Afrikaners subissent une attaque culturelle systématique de la part de l’ANC. Si l’on prive un peuple de la capacité à se reproduire culturellement, en fermant ses universités, ses collèges et ses écoles, alors cela constitue une forme de génocide culturel. »

L’ANC et l’EFF partagent les mêmes idées, selon M. Louw
Il conteste également les propos de Cyril Ramaphosa, selon lesquels Julius Malema n’aurait aucun lien avec le gouvernement ANC.
Il cite la vidéo montrée à la Maison-Blanche, qui inclut une scène de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma chantant une chanson appelant à tuer les fermiers blancs lors d’un congrès national de l’ANC en 2012.
« Julius Malema, Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa ont tous tenu des discours affirmant que les Blancs sont des colons indésirables », déclare Eric Louw.
« Ce langage anti-colon et antiblanc a clairement servi de justification aux meurtres (et tortures brutales) de fermiers blancs. »
« Dans quel autre pays le président appellerait-il à tirer sur un groupe ethnique, et à les tuer ? »

L’universitaire ajoute que l’ANC est responsable de l’effondrement de l’ordre public en Afrique du Sud, ainsi que de la criminalité violente généralisée, en milieu rural comme urbain.
« Les Blancs comme les Noirs sont victimes de crimes violents », dit-il.
« Mais lorsque les Blancs sont tués, ils sont très souvent torturés de manière particulièrement barbare. Cela n’arrive pas quand ce sont des Noirs qui sont assassinés. »
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