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Les rêves verts de la Chine brisés

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Des employés travaillent sur des modules solaires destinés à l’exportation dans une usine à Lianyungang, dans la province orientale du Jiangsu, en Chine, le 4 janvier 2024.

Photo: STR/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

La filière verte chinoise est confrontée à de sérieuses turbulences.
Depuis plusieurs années, la Chine s’est engagée à fond dans la « révolution verte ». Les technologies vertes représentent une source de revenus majeure pour le régime communiste, soutenu par des environnementalistes occidentaux décidés à imposer la « neutralité carbone » et par des gouvernements ayant encouragé le passage des énergies fossiles aux « renouvelables ».
Pour la Chine, les renouvelables sont à la croisée du développement technologique vert, des villes du quart d’heure et du contrôle social généralisé, le tout orchestré par les commissariats locaux et alimenté par d’importantes ressources financières.
Examinons ce sujet de plus près.
Les investissements verts chinois
L’Occident, pressé de tourner le dos aux hydrocarbures, a offert au Parti communiste chinois (PCC) une occasion en or de poursuivre plusieurs objectifs politico-économiques : affaiblir les infrastructures énergétiques des pays occidentaux – en particulier les États-Unis, perçus comme l’ennemi principal –, créer de nouveaux débouchés à l’international pour l’industrie chinoise, renforcer la dépendance occidentale aux composants verts chinois et aux terres rares nécessaires à leur fabrication, et dégager un énorme excédent commercial permettant de soutenir l’armée ainsi que d’autres investissements du pays.
Plus important encore, ces investissements devaient accroître le prestige technologique chinois sur la scène internationale, dans un secteur stratégique pour les pays occidentaux, ce qui s’inscrivait parfaitement dans le récit du PCC sur « l’inéluctabilité » du leadership chinois.
Rien d’étonnant, donc, à voir Xi Jinping et les médias d’État chanter régulièrement l’hymne vert, en vantant la « décarbonation mondiale » et le « rôle majeur » de la Chine dans la transition verte à l’échelle planétaire. Le New York Times publiait même en avril dernier une tribune affirmant que « Xi pense que la Chine peut ralentir le changement climatique ».
Entre 2000 et 2010, les investissements verts chinois étaient estimés entre 50 et 100 milliards de dollars par an. Dès le 11e plan quinquennal (2006-2010), la priorité verte a été affirmée, poussant les montants investis à grimper chaque année pour atteindre 890 milliards de dollars en 2023, soit « presque autant que l’ensemble des investissements mondiaux dans les énergies fossiles cette année-là », d’après Carbon Brief.
Le volume de dépôts de brevets liés aux technologies vertes témoigne également de la volonté du PCC d’investir ce secteur. Aujourd’hui, les entreprises chinoises déposent 75 % des demandes de brevets mondiaux dans l’énergie propre, contre seulement 5 % en 2000, selon un récent rapport d’Ember, un think tank spécialisé dans l’énergie.
Plus précisément, entre 2016 et 2020, plus de 200.000 brevets dans le domaine de l’écologie et de la réduction des émissions de carbone ont été déposés en Chine, soit plus de 36 % du total mondial pour cette période, selon les données citées par le ministère chinois du Commerce.
Autre facteur de cette croissance des « trois géants » du vert – batteries, véhicules électriques et solaire : les investissements directs étrangers massifs, atteignant 227 milliards de dollars en 2023 et 250 milliards en 2024, ce qui est « comparable au Plan Marshall, ajusté à l’inflation », selon Business Standard.
Résultat : les secteurs de l’énergie propre ont représenté un quart de la croissance du PIB chinois en 2024, selon le Centre for Research on Energy and Clean Air. Aujourd’hui, la Chine produit plus de 80 % des panneaux solaires mondiaux, plus de 60 % des véhicules électriques et au moins 75 % des batteries et cellules lithium-ion de la planète.

Des voitures électriques BYD destinées à l’export attendent d’être chargées sur un navire dans un port de Yantai, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine, le 18 avril 2024. (STR/AFP via Getty Images)

En conclusion, la Chine a placé beaucoup d’œufs dans son panier vert – et a donc beaucoup à perdre si les subventions occidentales venaient à s’arrêter, à mesure que la science remet en cause les affirmations des militants environnementaux.
Quand le vert rencontre le rouge
Depuis 1949, le PCC prône l’« urbanisation contrôlée », une approche de l’aménagement du territoire inspirée des principes socialistes ou communistes. Dans ce système vertical, le gouvernement central ou une instance administrative prend toutes les décisions cruciales, au détriment des lois du marché ou de l’initiative individuelle.
Le fait que les subventions publiques rendent la technologie verte compétitive rapproche naturellement l’idéologie socialiste de ce secteur. Orienter la société chinoise vers un avenir décarboné signifie aussi surveiller, restreindre et encadrer les mouvements de citoyens. À Shanghai, le concept de « cercle de vie communautaire du quart d’heure » garantit que tous les services essentiels et commerces de proximité soient accessibles à pied ou à vélo en moins de quinze minutes (exit l’automobile thermique !). Ce plan urbain a été validé en 2017 par le Conseil des affaires d’État.
Le régime chinois peaufine ses outils de surveillance de masse, de scanners, de caméras, de données biométriques et de contrôle social au nom de la construction d’un avenir propre, moderne et sans carbone, vitrine technologique de la Chine pour le reste du monde – et démonstration adressée à d’autres régimes autoritaires. L’anonymat et le droit à la confidentialité n’ont guère leur place dans ce « meilleur des mondes » version PCC.
Bien entendu, les commissariats locaux exploitent pleinement ces outils pour imposer la discipline et l’application stricte des consignes, qu’elles concernent la consommation d’énergie, les restrictions de circulation, le port du masque ou l’accès aux services médicaux.
Leader mondial des technologies vertes, la Chine s’aligne sur les objectifs de décarbonation occidentaux. Que pourrait-il mal tourner ? (Sur les difficultés de la transition verte allemande, voir ici).
Les grains de sable occidentaux
C’est l’arrivée de l’administration Trump qui a allumé les voyants rouges à Zhongnanhai sur le front vert.
En juillet, le Climate Working Group du Département américain de l’Énergie a publié un rapport intitulé « A Critical Review of Impacts of Greenhouse Gas Emissions on the U.S. Climate » (Examen critique des impacts des émissions de gaz à effet de serre sur le climat américain). Après analyse approfondie des données et projections climatiques, il en ressort les conclusions clés suivantes :

• Le réchauffement induit par le dioxyde de carbone pourrait avoir moins d’impact économique négatif qu’on ne le pensait auparavant, et des politiques d’atténuation agressives pourraient être plus nuisibles qu’utiles.

• Les mesures prises par les États-Unis devraient avoir un impact direct très limité sur le climat global, et leurs effets ne seront perceptibles qu’après de longs délais.

Plus important encore, le dioxyde de carbone ne contribue qu’à hauteur de 4 à 5 % à l’effet de serre, tandis que la vapeur d’eau et les nuages y participent à 95 %. De plus, selon une récente étude publiée dans Frontiers, seuls 4 % de ces 4 à 5 % d’effet de serre peuvent être attribués à l’activité humaine.
Enfin, l’augmentation de CO2 atmosphérique ces cent dernières années n’a pas modifié de façon mesurable l’effet de serre global.
En résumé, le « fondement scientifique » qui a permis à l’EPA, en 2009, de qualifier le dioxyde de carbone de polluant – base de toutes les réglementations et subventions américaines en faveur du vert – s’avère un mythe.
En guise de conclusion
Depuis vingt ans, la Chine a misé son développement sur les technologies vertes, dopant la production et l’exportation de panneaux solaires, véhicules électriques, batteries, transformateurs et autres composants. Mais la demande étrangère dépend étroitement des subventions publiques, notamment aux États-Unis.
Or, l’administration Trump a déjà annoncé que la qualification du dioxyde de carbone comme substance dangereuse par l’EPA, socle de toutes les réglementations climatiques fédérales, sera prochainement abrogée.
L’économie chinoise survivra-t-elle au retrait des subventions américaines au vert ? Reuters rappelait en août dernier que « les plus grands fabricants chinois de panneaux solaires ont réduit d’un tiers leurs effectifs en un an ». Un signe avant-coureur des obstacles à venir.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Stu Cvrk a pris sa retraite en tant que capitaine après avoir servi 30 ans dans la marine américaine dans diverses fonctions d’active et de réserve, avec une expérience opérationnelle considérable au Moyen-Orient et dans le Pacifique occidental. Fort de sa formation et de son expérience en tant qu’océanographe et analyste de systèmes, Stu Cvrk est diplômé de l’Académie navale des États-Unis, où il a reçu un enseignement libéral classique qui sert de base à ses commentaires politiques.

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