Commission européenne : La Chine doit être considérée comme une « économie d’État »

Par Christopher Balding
29 avril 2024 13:35 Mis à jour: 29 avril 2024 13:35

Depuis des décennies, les décideurs politiques et les analystes s’interrogent sur le type d’économie auquel appartient la Chine. La réponse à cette question a d’importantes implications politiques et juridiques, notamment sur la façon dont nous comprenons l’économie chinoise. L’Europe semble avoir enfin répondu à cette question pour elle-même et pour le monde.

Depuis son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce jusqu’à l’obtention du statut de « nation la plus favorisée », la Chine a été confrontée à la question politiquement inconfortable de savoir si elle était une économie « de marché » ou non.

Pendant des années, les universitaires et les décideurs politiques ont inventé des expressions qui tentaient de créer un nouvel espace entre les deux, la rendant ni marchande ni non marchande. Un professeur du MIT (Massachusetts Institute of Technology) avait même parlé de « capitalisme aux caractéristiques chinoises ». Quant à la Chine, elle se qualifie régulièrement d’ « économie socialiste de marché ». Si ces étiquettes idéologiques ont pu donner au moins un vernis de vérité il y a 20 ou 30 ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui, et ce depuis un certain temps.

La question de savoir si la Chine est une économie de marché ou non prend toute son importance pour l’Europe, compte tenu de l’afflux de véhicules électriques (VE) qui concurrencent les constructeurs automobiles européens. Préoccupée par le dumping des entreprises chinoises sur le marché européen, la Commission européenne (CE) a entamé une étude des pratiques économiques et financières chinoises afin de déterminer si la Chine répondait toujours à la définition d’une économie de marché.

Il est surprenant de constater que la Commission européenne, dans son rapport de 700 pages, ne mâche pas ses mots en ce qui concerne sa vision de l’économie chinoise. Le rapport indique que « les caractéristiques fondamentales de l’économie socialiste de marché (chinoise) sont la propriété dominante de l’État … un système de planification économique étendu et sophistiqué … ainsi que des politiques industrielles interventionnistes ». La CE explique pourquoi l’économie chinoise ne peut être considérée comme une économie de marché, pourtant, elle est connue pour avoir longtemps défendu la politique économique chinoise.

Ce rapport approfondi et bien documenté couvre le cadre politique et économique de la Chine d’aujourd’hui, les distorsions générales des facteurs de production tels que le travail et le capital, et les distorsions spécifiques à l’industrie, y compris les secteurs phares tels que les nouveaux VE, l’énergie renouvelable, l’acier et les télécommunications.

Bien qu’exhaustif, le rapport met l’accent sur la question essentielle du contrôle du Parti communiste chinois (PCC), notant que « le PCC exerce son contrôle sur le pays et son économie par le biais d’un certain nombre de canaux (tels que) le contrôle total des secteurs stratégiques de l’économie, y compris le contrôle du système financier et des ressources en capital … le contrôle des questions de personnel, y compris toutes les nominations essentielles … la coordination des politiques par le biais d’un réseau formel d’entités/comités du Parti entre les autorités de l’État et l’économie, ainsi que des réseaux informels entre les entités industrielles et des liens entre le Parti et les entreprises privées ». Toutes les autres distorsions découlent du péché originel du PCC, à savoir sa soif de domination.

L’économie est au service du pouvoir omniscient du PCC et, par définition, ne peut être un marché libre. La Commission européenne a constaté que l’État, par l’intermédiaire du PCC, jouait un rôle majeur dans l’orientation et le subventionnement de la production et dans le contrôle de secteurs et d’entreprises spécifiques. Par exemple, l’État possède les quatre grands constructeurs automobiles traditionnels chinois et les nouvelles entreprises de véhicules électriques qui bénéficient de divers avantages financiers, tels que des subventions, des remises de dettes et des banques d’État, pour n’en citer que quelques-uns.

Au vu des conclusions de la Commission européenne, la seule question qui se pose désormais est de savoir ce que l’Europe va faire face au problème du dumping de produits sur son marché par une économie contrôlée et gérée par l’État.

Ce rapport donne à la Commission européenne une grande latitude pour imposer diverses sanctions aux entreprises chinoises qui commercent avec l’Europe. La question est maintenant de savoir si elle le fera. Compte tenu de l’influence politique de Pékin et des exportateurs européens en Chine, tels que les constructeurs automobiles allemands, on peut se demander ce qui va se passer.

Étant donné le niveau d’inquiétude en Europe et aux États-Unis, les gouvernements augmenteront probablement les droits de douane sur les produits chinois. Ce rapport important ne fait que confirmer et documenter ce que l’on savait déjà. La question est de savoir ce que Washington et Bruxelles vont faire pour résoudre le problème.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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