« L’Europe ne doit pas être une grosse Suisse molle » : l’ambassadeur de Suisse en France juge les propos de Nathalie Loiseau « inacceptables »

Par Emmanuelle Bourdy
7 février 2022 19:48 Mis à jour: 7 février 2022 19:48

L’eurodéputée Nathalie Loiseau a déclaré dans Le Point que l’Union Européenne ne devait pas devenir une « grosse Suisse molle », dans le conflit opposant l’Ukraine à Moscou. Cette phrase a suscité de nombreuses réactions d’indignation. L’ambassade de Suisse en France lui a répondu, mais plutôt que de s’excuser, elle a renchéri en pointant du doigt « des trolls haineux ».

Lors d’une interview accordée au Point ce vendredi 4 février 2022, la députée européenne (LREM) Nathalie Loiseau a évoqué ce qu’elle a pu voir en Ukraine concernant les tensions à la frontière russo-ukrainienne, demandant aux « États membres de l’Union à continuer leurs efforts diplomatiques en vue d’une désescalade ». Elle a par ailleurs ajouté que « l’Europe ne peut pas se contenter d’être une grosse Suisse molle », des propos qui ont immédiatement fait réagir l’ambassadeur de Suisse à Paris, ainsi que de nombreux internautes dans la classe politique.

« La tonalité de ses propos est pour le moins désobligeante »

« Merci d’évoquer la Suisse. Depuis des décennies, nous œuvrons pour la paix et la sécurité, en Europe et dans le monde. Avec discrétion et détermination, aux côtés de nos partenaires, comme la France et l’UE, et dans les enceintes multilatérales », a rétorqué l’Ambassade de Suisse en France sur Twitter, ce 5 février 2022.

L’ambassadeur Roberto Balzaretti, ex-secrétaire d’État aux affaires européennes, a indiqué à nos confrères de l’AFP ce samedi 5 février que « la tonalité de ses propos est pour le moins désobligeante. Cette phrase est très gênante. Cela appelait une réaction. Ces propos sont inacceptables ». Il a cependant nuancé en soulignant être « d’accord sur tout avec Nathalie Loiseau », ajoutant : « Nous faisons les mêmes choses : aider l’Ukraine, amener les Russes à la table des négociations. J’aurais pu donner moi-même cette interview. Elle voulait pousser l’Union européenne à faire plus. » Il a par ailleurs affirmé être « tout à fait prêt à discuter » avec l’eurodéputée sur la façon de gérer la crise entre les Occidentaux et la Russie. « Sur le fond, il n’y a pas de différence entre la politique française et la politique suisse sur ce sujet », a-t-il conclu.

« Je savais que cela déclencherait des trolls haineux »

L’ancienne ministre des Affaires européennes qui siège désormais au Parlement européen ne s’est pas excusée pour autant, bien au contraire. « Aller en Ukraine, dans le Donbass, dénoncer la présence de plus de 100 000 troupes russes, demander à l’Europe d’être ferme et rappeler que l’Ukraine ne souhaite que la liberté et la paix, je savais que cela déclencherait des trolls haineux. Pas déçue. C’est pratique, on vous voit », a-t-elle renchéri, satisfaite des réactions que suscitaient ses propos.

Sur les réseaux sociaux, Valérie Boyer, la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, a notamment qualifié la députée Européenne de « grossier personnage ». Julien Aubert, le député du Vaucluse, a quant à lui rappelé que « Nathalie Loiseau, ancienne ministre aux affaires Européennes désignée par Emmanuel Macron, tête de liste aux Européennes, fut présentée en son temps comme un modèle de compétence ».

« ‘L’avantage’ de Nathalie Loiseau, c’est qu’elle donne à voir sans fard l’arrogance française qui est la marque de fabrique de l’actuelle majorité… Cette manière de considérer les autres avec mépris et condescendance affaiblit la France dans un moment géopolitique critique », a également tweeté l’eurodéputé vert David Cormand. William Thay, le président du think tank Le Millénaire a ironisé : « La France a réussi à se brouiller avec la Suisse. Personne n’avait réussi cet exploit avant Nathalie Loiseau. »

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