LFI : Manuel Bompard dans la course à la succession de Jean-Luc Mélenchon

Par Etienne Fauchaire
1 avril 2024 23:49 Mis à jour: 15 avril 2024 14:05

Manuel Bompard, futur remplaçant de Jean-Luc Mélenchon ? Bien qu’âgé de 72 ans, le chef de file de la France insoumise demeure encore la tête d’affiche incontestée du mouvement d’extrême gauche, et pourrait bien à nouveau concourir à la présidence de la République en 2027 : il est celui qui a « le plus de chances de l’emporter », si la joute élyséenne « devait avoir lieu demain », affirmait encore en octobre dernier Manuel Bompard sur Sud Radio. Le vieux briscard de la politique serait alors au seuil de ses 76 ans. Se refuse-t-il à raccrocher avant d’avoir tenté de briguer une ultime fois la fonction suprême ?

« Je répète : je souhaite être remplacé. François Ruffin, Mathilde Panot et Manuel Bompard y travaillent avec succès. Je leur souhaite bonne chance », s’en est défendu Jean-Luc Mélenchon sur Twitter/X le 22 mars, en réponse à un article du Monde affirmant que ce dernier « cherche à éteindre les ambitions de ses concurrents pour s’imposer à gauche en 2027 ». Vraie intention ou fausse diversion ?

La rumeur d’une reprise en main de l’insoumission par Manuel Bompard était lancée, elle vient d’être confirmée par l’intéressé au Figaro : « Je travaille (…) J’essaie de participer à l’embarras du choix (sur sa succession) », a confié l’homme politique de 38 ans au quotidien. Le député des Bouches-du-Rhône fait donc bel et bien partie des prétendants à la succession.

De chef exécutant à héritier

Une surprise qui n’en est pas tellement une : Jean-Luc Mélenchon a fait de Manuel Bompard son « poulain », qui le lui rend bien. À son service sans relâche depuis 15 ans, le député des Bouches-du-Rhône, surnommée « Mélenchon’s boy », est aussi l’architecte de ses deux dernières campagnes présidentielles, et son confident. En 2022, la figure tutélaire du parti, prenant la décision de ne pas se représenter à la députation, lui avait transmis sa propre circonscription marseillaise, déclarant, amicalement, à ses militants : « Je vous le confie ». Aujourd’hui, le trentenaire se trouve désormais à la tête de la boutique Insoumise, nommé en janvier 2023 « coordinateur du mouvement », en remplacement dans ce rôle Adrien Quatennens, hors-jeu pour cause de violences conjugales.

Pourtant, le profil de cet ancien ingénieur en intelligence artificielle a de quoi nettement contraster avec celui du personnage de grand tribun qu’est Jean-Luc Mélenchon. Sobre et mesuré, il n’est pas, à la tribune, tant disposé aux envolées. « Il a un problème d’incarnation », confiait au JDD une figure de LFI en décembre 2022. « L’homme utile de Mélenchon » est discret, voire secret. Cependant, il aurait appris à perfectionner son jeu médiatique : « Le Manuel Bompard d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui d’avant, il a beaucoup pris en épaisseur », souffle un Insoumis au Figaro. Petit à petit, l’homme politique aurait ainsi gagné en popularité, comme a pu en témoigner le meeting de lancement de la campagne des européennes où 3.000 Insoumis surexcités ont scandé son diminutif, « Manu », lors d’une standing ovation.

Peut-il toutefois concurrencer François Ruffin ? Les ambitions présidentielles de cette autre figure de l’extrême gauche ne font pas mystère, mais le député LFI de la somme ne recueille pas l’assentiment du triple candidat à la présidence. C’est le moins qu’on puisse dire. Le vieux chef redoute en effet un « big bang » sécessionniste au sein de son mouvement, comme il l’avait écrit sur son blog le 6 février. Et à ses yeux, François Ruffin, au même titre que Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, ou encore Danielle Simonet, fait partie des « frondeurs ». Manuel Bompard, accusé de verrouiller le parti au profit du patriarche, n’hésite pas lui aussi à l’associer à cette conjuration.

Quoi qu’il en soit, l’élu des Bouches-du-Rhône devra aussi compter avec la participation de Mathilde Panot, qui, elle, entretient de bien meilleures relations avec Jean-Luc Mélenchon, si bien qu’elle s’est d’ailleurs parfois vue reprocher de répercuter servilement « la voix de son chef ». Une lutte interne en perspective ? Dans l’attente, officiellement, le fondateur des Insoumis n’aurait pas de préférence pour un candidat en particulier et le coordinateur national du mouvement se dit pour sa part « dans une démarche d’émulation, pas de compétition ». À suivre.

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