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L’IA génère du contenu bâclé qui nuit à la productivité

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Un ordinateur arborant le logo OpenAI est présenté sur un fond bleu dégradé, projetant l’ombre d’un homme à Grenoble, France, le 12 février 2025.

Photo: Anouk Anglade/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

L’usage des outils d’intelligence artificielle (IA) en entreprise entraîne une baisse de productivité, car les salariés s’en servent pour produire des résultats de qualité inférieure, selon une analyse publiée le 22 septembre dans la Harvard Business Review.
« Une contradiction déroutante se profile dans les entreprises qui adoptent les outils génératifs d’IA : alors que les salariés respectent globalement les consignes d’intégration technologique, peu constatent une réelle valeur ajoutée », indique le rapport.
L’analyse, menée par des chercheurs du Stanford Social Media Lab et du laboratoire comportemental BetterUp, a identifié une explication possible à ce phénomène.
Les employés s’appuient sur l’IA pour générer du « travail à faible effort et à l’apparence convenable », qui finit par générer davantage de travail pour les autres.
Les chercheurs qualifient ce contenu de « production bâclée », défini comme du contenu généré par IA qui se fait passer pour du bon travail, sans apporter l’avancée nécessaire à la mission confiée.
L’« effet insidieux » de la production bâclée est que le destinataire doit interpréter, corriger et refaire le travail, souligne le rapport.
Dans une enquête menée auprès de 1150 salariés américains à temps plein, 40 % déclarent avoir reçu un travail de qualité inférieure au cours du mois écoulé.
« Le phénomène intervient principalement entre collègues (40 %), mais la production bâclée est aussi transmise aux managers par les collaborateurs directs (18 %) », précise l’étude.
« Dans 16 % des cas, la production bâclée descend dans la hiérarchie, du manager vers son équipe, voire des niveaux supérieurs. Le phénomène touche tous les secteurs, mais nous constatons que les services professionnels et la technologie sont particulièrement touchés. »
Les salariés ont indiqué devoir consacrer, en moyenne, une heure et 56 minutes pour traiter chaque cas de production bâclée.
Les chercheurs calculent que ces travaux insatisfaisants représentent une « taxe invisible » de 186 dollars par mois, soit plus de 9 millions de dollars de perte de productivité annuelle pour une entreprise de 10.000 salariés.
« Lorsqu’on a interrogé les participants sur leur ressenti face à ce travail bâclé, 53 % se disent agacés, 38 % déroutés et 22 % offensés », rapporte l’étude.
« Près de la moitié des personnes interrogées jugent les collègues à l’origine des productions bâclées moins créatifs, capables et fiables qu’auparavant. 42 % les considèrent comme moins dignes de confiance, 37 % moins intelligents. »
Bien que les travaux de Stanford Social Media Lab et BetterUp révèlent un impact négatif de l’IA sur la productivité, un rapport de Penn Wharton, publié le 8 septembre, prévoit un gain de productivité et de PIB de 1,5 % d’ici 2035, atteignant 3,7 % en 2075.
« Le gain en croissance annuelle de productivité apporté par l’IA est maximal au début des années 2030, mais s’estompe ensuite, avec un effet permanent inférieur à 0,04 point en raison des mutations sectorielles », souligne le rapport Penn Wharton.
Les métiers les plus exposés à l’automatisation par l’IA sont identifiés comme l’administration, la gestion financière, l’informatique et les ventes.
À l’inverse, les secteurs les moins concernés sont l’entretien et le nettoyage, la construction et l’extraction, l’agriculture, la pêche, la sylviculture, ainsi que la maintenance et la réparation.

Sophie, un robot conçu par Hanson Robotics, utilisant l’intelligence artificielle, donne un « high five » à un visiteur lors du sommet mondial « AI for Good » de l’Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le 8 juillet 2025. (Valentin Flauraud/AFP via Getty Images)

Dans un rapport publié le 13 août, Goldman Sachs estime que l’innovation liée à l’IA pourrait déplacer 6 à 7 % de la main-d’œuvre américaine si la technologie était adoptée à grande échelle.
M. Goldman qualifie cet impact de « transitoire », car les emplois créés grâce à ces innovations devraient permettre à d’autres profils de s’employer dans de nouveaux rôles.
« Malgré les préoccupations concernant les pertes d’emplois massives, l’adoption de l’IA devrait n’avoir qu’un effet modeste et relativement temporaire sur les niveaux d’emploi », assure le rapport. « Goldman Sachs Research prévoit que le taux de chômage augmentera d’un demi-point durant la période de transition, le temps que les salariés déplacés retrouvent un poste. »
Un rapport de Stanford University paru le 26 août estime que les jeunes en début de carrière, entre 22 et 25 ans, sont confrontés à un risque disproportionné de perte d’emploi liée à l’IA générative.
Ces jeunes travailleurs ont connu une baisse relative d’emploi de 13 % dans les métiers exposés à l’IA, selon les auteurs.
À l’inverse, les employés des secteurs moins exposés, ainsi que les plus expérimentés dans les métiers à risque, restent stables ou continuent de voir leur emploi progresser.
Un rapport d’Anthropic révèle que l’IA adopte une attitude plus trompeuse, notamment lorsqu’elle doit être mise à jour vers une nouvelle version ou lorsque son objectif assigné se trouve en conflit avec la nouvelle orientation de l’entreprise.