Ligue des champions – En Israël, une femme à la tête des « chameaux » de Beer-Sheva

6 juillet 2018 12:46 Mis à jour: 6 juillet 2018 12:51

Cité du désert, Beer-Sheva n’a rien d’un grand d’Europe: pour la 3e année de suite, son club s’apprête toutefois à représenter Israël dans la prestigieuse Ligue des champions. Une réussite qui parachève le projet d’une femme, Alona Barkat, à la tête des « chameaux ». Alors que la planète football reste obnubilée par le Mondial en Russie, le petit club israélien débute son parcours en C1 mardi en Estonie, lors du premier tour de qualifications face à Flora, avec la faveur des pronostics.

Sa présidente, qui rate rarement les matches, y compris en déplacement, devrait être l’un des rares visages féminins au départ de la compétition. Les autres exemples dans la hiérarchie continentale? Marina Granovskaia, la vice-présidente de Chelsea surnommée la « dame de fer » et Margarita Louis-Dreyfus, l’ex-propriétaire de l’Olympique de Marseille qui avait succédé en 2009 à son défunt mari avant de jeter l’éponge en 2016.

En Israël, c’est en 2007 qu’Alona Barkat est devenue la première femme propriétaire d’un club de football professionnel, en rachetant l’Hapoel Beer-Sheva, avec le soutien de son mari, l’homme d’affaires Eli Barkat. A l’époque, elle ne savait rien ou presque du ballon rond, admet-elle auprès de l’AFP.

Rentrée quelques années plus tôt des Etats-Unis, où son mari a fait fortune dans la high-tech avec son frère Nir Barkat, l’actuel maire de Jérusalem,  Alona Barkat n’était pas non plus familière de Beer-Sheva, capitale longtemps somnolente du désert du Néguev. Après une période dorée dans les années 1970, l’Hapoel traînait alors sa peine en deuxième division, dans un stade au bord du délabrement, plombé par les difficultés financières et surtout connu pour les débordements de ses supporteurs.

Dès 2009, le club remonte néanmoins en première division, avant de remporter en 2016 son premier titre national en 40 ans. En 2017 et 2018, les « chameaux », surnom de l’équipe, en référence à l’animal emblématique du désert, récidivent. « Il nous a fallu du temps pour en arriver là, mais je crois au travail et à la patience », dit-elle d’une voix posée dans le stade ultra-moderne inauguré en 2015.

Au moment de reprendre le club, la réservée Mme Barkat reconnaît qu’elle rêvait de trophées nationaux pour ses « chameaux ». Mais avoue aussi qu’elle voyait déjà plus large. La quatrième agglomération d’Israël (200.000 habitants) est longtemps restée à l’écart sur la carte de la « start-up nation ». Mais ces dernières décennies, l’ancienne ville de migrants, majoritairement des juifs venus d’Afrique du Nord, a connu une mue spectaculaire, se réinventant en capitale de la cybersécurité et en pépinière de talents informatiques.

« Il était important de montrer que n’importe qui pouvait réussir, y compris ici, dans le sud. Le club a donné aux habitants de Beer-Sheva un sentiment de fierté et de vivre-ensemble », affirme Alona Barkat. Sous sa conduite, l’Hapoel a beaucoup investi dans les catégories de jeunes. Dans un but social, il parraine quatre centres d’éducation spécialisée, avec des entraînements pour enfants en difficulté encadrés par le staff du club.

Les relations avec les bouillants supporteurs se sont par ailleurs notablement apaisées. « Je considère que l’Hapoel Beer-Sheva est bien plus qu’un club. C’est un pont qui permet de connecter des gens avec des religions et des statuts socio-économiques différents », argue encore la présidente.

« Alona Barkat nous donne tout ce dont nous avons besoin, elle nous laisse travailler et fait beaucoup en coulisses », commente pour sa part l’attaquant des « chameaux », Ben Sahar. « Elle a très bien réussi à se faire respecter dans ce milieu d’hommes », ajoute-t-il. « Au début, certaines personnes ne savaient pas comment l’accepter mais ensuite les gens vous jaugent par rapport à ce que vous faites », minimise-t-elle.

Aujourd’hui, elle assure que cela n’est « vraiment plus un problème ». « Nous sommes en 2018, cela ne doit pas compter ». L’entraîneur, Barak Bachar, loue son investissement personnel… et financier, de la même manière qu’il le ferait pour n’importe quel autre dirigeant. Sur les incontournables interrogations autour de la manière de concilier contraintes professionnelles et familiales, cette mère de trois enfants (25, 22 et 17 ans) en plaisante. « J’ai eu beaucoup de chance: mes trois garçons adorent le boulot de leur maman! », clame-t-elle.

 

DC avec AFP

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