L’Iran construit une nouvelle centrale nucléaire alors que l’ONU s’inquiète de son programme nucléaire

Par Aldgra Fredly
5 décembre 2022 17:12 Mis à jour: 5 décembre 2022 17:12

L’Iran a commencé à construire une centrale nucléaire de 300 mégawatts dans la province du Khouzestan, dans le sud-ouest du pays, qui devrait coûter environ 2 milliards de dollars, a déclaré samedi l’agence de l’énergie atomique du pays.

Mohammad Eslami, directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a annoncé que la nouvelle centrale est en cours de construction dans le district de Darkhovin, dans le Khouzestan, et qu’elle utilisera un réacteur à eau pressurisée alimenté à 4% d’uranium.

M. Eslami a précisé que le réacteur nucléaire sera construit par des entreprises iraniennes sur une période de huit ans.

La construction de la centrale de Darkhovin avait été initialement confiée à une société française en 1979, mais le contrat a été abandonné après la révolution islamique. En 1992, la Chine a accepté de construire deux réacteurs sur le site, mais elle a finalement renoncé en raison des sanctions imposées par les États-Unis à l’Iran en 1995.

Préoccupations de l’AIEA

Des ouvriers travaillent sur le chantier de construction du deuxième réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr, le 10 novembre 2019. (Atta Kenare/AFP via Getty Images)

Avant les remarques d’Eslami, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’organisme de surveillance de l’ONU, a exprimé ses préoccupations quant au manque d’explications du gouvernement iranien concernant les traces d’uranium trouvées sur trois sites non déclarés.

« Il semble que nous ne voyons pas du même œil que l’Iran ses obligations envers l’AIEA », a déclaré Rafael Grossi, le chef de l’AIEA, aux journalistes à Rome samedi.

M. Grossi a ajouté que les pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les puissances mondiales en 2015, connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (PAGC), sont également au point mort. L’accord prévoit que l’Iran démantèle une grande partie de son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions.

« Pour l’instant, il ne semble pas avoir les conditions nécessaires pour être relancé », a commenté M. Grossi.

Il s’est également dit préoccupé par l’annonce récente de l’Iran, qui a commencé à enrichir l’uranium à 60% de pureté dans son usine d’enrichissement d’uranium de Fordo, ce qui le rapprochera de la qualité de 90%, nécessaire pour l’utilisation dans des buts militaires.

« L’Iran nous a informés qu’il triplait, non pas qu’il doublait, mais qu’il triplait sa capacité à enrichir l’uranium à 60%, ce qui est très proche du niveau militaire, qui est de 90% », a poursuivi M. Grossi.

« Ce n’est pas banal. C’est quelque chose qui a des conséquences. Cela leur donne un stock de substance nucléaire et on ne peut pas exclure (…) qu’il puisse y avoir une autre utilisation. Nous devons y aller. Nous devons vérifier. »

L’Iran a nié vouloir se doter d’armes nucléaires et a affirmé que sa technologie nucléaire était uniquement destinée à des fins civiles. Cependant, l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les puissances mondiales en 2015 n’autorisait que l’enrichissement de l’uranium à 3,67%.

Kamal Kharrazi, conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, s’est vanté en juillet que l’Iran avait « les moyens techniques de produire une bombe nucléaire, mais que l’Iran n’a pas pris la décision d’en fabriquer une ».

En septembre, un rapport de l’AIEA a montré que le stock iranien d’uranium enrichi jusqu’à 60% avait augmenté suffisamment pour permettre, s’il était enrichi davantage, de produire une bombe nucléaire.

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