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« Livrées à nous-mêmes » : deux militantes de Némésis déplorent une inaction des autorités après leur agression par des militants d’extrême gauche

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Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Deux mois et demi après avoir été agressées par une vingtaine de militants d’extrême gauche alors qu’elles dînaient à la terrasse d’un restaurant parisien, deux militantes du collectif féministe Némésis déplorent un manque d’action de la part du ministère de l’Intérieur en raison, selon elles, de l’absence d’interpellations de leurs agresseurs. Contacté, le cabinet de Bruno Retailleau indique qu’une enquête est toujours en cours.
En ce début de soirée d’été du 5 juin, Éléonore et Maëlle, militantes du collectif féministe Némésis, sont tranquillement attablées à la terrasse d’un restaurant du 11ᵉ arrondissement de Paris, jusqu’au moment où une vingtaine de militants d’extrême gauche les reconnaissent. Le diner vire alors au guet-apens. Ciblées pour leur engagement auprès du Rassemblement national, les deux jeunes femmes se retrouvent encerclées, insultées, puis rouées de coups de poing et de pied.
La police intervient rapidement. Munies de photos et vidéos prises sur le vif, les victimes orientent les forces de l’ordre vers la Bourse du travail, à proximité, où se tient une réunion sur le conflit israélo-palestinien. Plusieurs agresseurs s’y sont réfugiés. Deux sont identifiés, mais une foule hostile, arborant keffiehs et t-shirts « Free Palestine », bloque l’intervention. Face à la tension grandissante, les policiers battent en retraite.
Bilan : blessées, mais aucun interpellé
Éléonore s’en sort avec la lèvre inférieure déchirée et de multiples ecchymoses. Maëlle souffre d’une côte déplacée. Selon elles, plusieurs assaillants appartiendraient à Urgence Palestine, à la Jeune Garde ou encore à Action antifasciste Paris-Banlieue (AFAPB). Mais aucune arrestation n’a suivi.
« À ce jour, le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas condamné ces violences. Nous avons été renvoyées de préfecture en ministère, sans réponse claire », déplore Éléonore auprès d’Epoch Times.
De quoi faire monter Christine Kelly au créneau. Cette « inaction des autorités » révèle « une vérité amère : la violence politique semble non seulement tolérée, mais finalement encouragée », fustige la présentatrice de CNews dans un billet publié le 18 août par le JDD.
Contacté, le cabinet de Bruno Retailleau confirme qu’une enquête est en cours, et précise qu’à ce titre, le ministère de l’Intérieur ne peut faire de commentaires.
Un climat de harcèlement
Les deux militantes affirment vivre aujourd’hui dans la peur, parfois suivies jusque devant leur domicile. En mars dernier déjà, Éléonore aurait été agressée près de chez elle : saisie à la gorge par-derrière, son assaillant aurait pris la fuite en criant « Siamo tutti antifascisti » (« Nous sommes tous antifascistes », NDLR). La militante s’est vu prescrire 12 jours d’ITT.
Une enquête pour violences volontaires aggravées a été ouverte par le parquet de Créteil, mais classée sans suite, en raison, dénonce la jeune femme, de l’absence d’images de vidéosurveillance, faute de volonté de la mairie d’équiper le secteur malgré de multiples agressions.
Maëlle, elle, avait déjà été violentée le 27 mai lors d’une action de Némésis devant la Bourse du travail, où les militantes protestaient contre un meeting du « collectif des jeunes du parc de Belleville », opposé aux obligations de quitter le territoire (OQTF). L’événement avait dégénéré : deux journalistes de Valeurs Actuelles présents pour couvrir la mobilisation avaient également été pris pour cibles.
Pour ces faits de violence sur les deux reporters du média conservateur, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le 8 août Nathan C., militant d’extrême gauche de 34 ans, à un mois de prison avec sursis pour violences ayant entraîné une ITT de moins de huit jours. En revanche, ce dernier a été relaxé pour l’agression visant Anaïs : la militante féministe du collectif dénonce une décision « injuste ».
Quant à Maëlle, elle a choisi de ne pas porter plainte, de peur que cela ne compromette ses chances d’intégrer la police. Un an et demi après avoir réussi le concours, celle-ci affirme, avec inquiétude, n’avoir toujours pas reçu d’affectation en école, contrairement à ses camarades.
Normalisation médiatique de la violence politique
Ces incidents ne sont pas isolés. Agressions, intimidations, harcèlement… Depuis plusieurs mois, les violences attribuées à des groupes d’extrême gauche visant des élus, des journalistes ou des militants classés à droite se multiplient, tandis que leur couverture médiatique est régulièrement accusée d’être lacunaire, sinon franchement biaisée.
En témoigne la polémique autour du traitement de la manifestation parisienne pour la Journée internationale des droits des femmes, en mars dernier : les militantes du collectif Nemesis ont essuyé un déluge d’insultes, et leur directrice, Alice Cordier, a été la cible de menaces de mort.
Cependant, c’est le collectif Nemesis qui a été présenté dans la plupart des médias comme responsable des tensions : ainsi, Le Parisien a décrit Nemesis comme un groupe venu « semer le trouble », Libération a parlé d’une « riposte militante à une incursion de l’extrême droite », tandis que L’Humanité a dénoncé un « cortège raciste » qui aura pu défiler malgré ce qu’il qualifie de « désapprobations » exprimées par certains manifestants.
Ce biais médiatique agit comme un voile protecteur, offrant à la mouvance antifa une forme d’impunité aux yeux d’une partie de l’opinion publique, expliquait le journaliste américain Andy Ngo dans un entretien à Epoch Times consacré aux méthodes de l’extrême gauche. « Il n’y a aucune sanction sociale contre ces individus, ce qui a conduit à normaliser leurs violences », soulignait-il.
Aux sources du mouvement
Spécialiste de ce courant né en Allemagne dans l’entre-deux-guerres et rattaché au « front uni » de l’Internationale communiste soviétique, Ngo rappelle qu’historiquement, le groupe le plus visé par les antifas au nom de la lutte antifasciste n’était pas les nazis… mais les sociaux-démocrates.
Une logique toujours à l’œuvre, selon lui : « Ceux que les antifas qualifient de “fascistes“ ne le sont pas. Ce terme est appliqué à tout opposant idéologique : conservateurs classiques, centristes, voire progressistes modérés. » Loin de se limiter à une outrance verbale, cette rhétorique constitue une stratégie, explique-t-il : n’importe qui peut être assimilé au « fascisme » ou à une « complicité avec le fascisme ».
« C’est une manière de préparer le terrain à la violence. Car si vous étiquetez quelqu’un comme “fasciste“, une partie du public finira par se dire qu’il mérite peut-être d’être attaqué. » En ce sens, conclut Ngo, l’extrême gauche représente aujourd’hui une menace directe pour la démocratie.