L’UE reconnaît avoir lancé un exercice de simulation de pandémie en février 2019, mais n’avait jamais rien annoncé à ce sujet

Illustration
Photo: Shutterstock
Une demande du député européen autrichien Gerald Hauser a révélé que l’UE avait organisé son propre « jeu de simulation » de pandémie en février 2019, un an avant la pandémie de coronavirus, mais n’avait jamais rien annoncé à ce sujet.
M. Hauser exige désormais « des explications complètes ».
Les jeux de simulation existent sur divers sujets. Ils étaient déjà utilisés pour simuler certains processus il y a environ 3000 ans.
Les gouvernements et les organisations internationales les utilisent pour simuler, analyser et mieux comprendre des processus complexes. Il s’agit de simulations interactives dans lesquelles les participants, tels que des politiciens, des scientifiques, des militaires ou des membres d’ONG, endossent des rôles et réagissent ensemble à un scénario fictif.
Ils simulent par exemple des catastrophes environnementales, des cyberattaques ou encore des processus décisionnels politiques. L’objectif est d’étudier les comportements et les dynamiques des systèmes.
Ils simulent par exemple des catastrophes environnementales, des cyberattaques ou encore des processus décisionnels politiques. L’objectif est d’étudier les comportements et les dynamiques des systèmes.
Depuis 2019, le Forum économique mondial (FEM) organise chaque année, en collaboration avec l’organisation russe BI.ZONE, le jeu de simulation « Cyber Polygon ». Il s’agit d’un exercice de sécurité international qui rassemble des centaines d’équipes du monde entier afin de simuler des cybermenaces réelles et de développer ensemble des solutions.
Les crises sanitaires mondiales font également partie des programmes de jeux de simulation. Le plus connu est désormais « Event 201 », qui s’est tenu à New York en octobre 2019. Il simulait comment l’apparition d’un nouveau coronavirus pouvait entraîner une pandémie avec des répercussions économiques et sociales importantes. L’objectif était de tester la coopération internationale entre les gouvernements, les entreprises et les organisations sanitaires en cas de pandémie.
Selon les initiateurs, le nom « Event 201 » fait référence au fait qu’il y a environ 200 épidémies par an qui restent localisées. Le jeu de simulation devait représenter la 201e épidémie, celle qui se propage à l’échelle mondiale et devient une pandémie.
Quelques mois plus tard, le scénario simulé est devenu réalité.
L’UE simule une pandémie avec « Blue Orchid »
On apprend aujourd’hui que huit mois avant « Event 201 », la Commission européenne s’était préparée à une pandémie avec son propre exercice de simulation. C’est ce qui ressort d’une réponse du commissaire européen à la santé et au bien-être animal, Olivér Várhelyi, à une question du politicien européen autrichien Gerald Hauser (FPÖ).
Il y est initialement indiqué que ni le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ni l’Agence européenne des médicaments n’ont participé à d’autres exercices de simulation déjà connus, tels que « Event 201 ».
Cependant, l’ECDC et la Commission auraient organisé l’exercice « Blue Orchid » en février 2019. Celui-ci visait à tester « les mécanismes, les procédures et les canaux de communication entre la Commission et l’ECDC dans le domaine de la gestion des crises ».
Le commissaire européen hongrois ajoute :
« En outre, ils ont organisé en mars 2019 des ateliers régionaux d’experts sur la planification de la préparation aux pandémies afin de coordonner les approches nationales adoptées par les pays de l’UE et de l’Espace économique européen en matière de planification, de mise en œuvre et d’évaluation des plans de préparation aux pandémies (grippales). »
« En outre, ils ont organisé en mars 2019 des ateliers régionaux d’experts sur la planification de la préparation aux pandémies afin de coordonner les approches nationales adoptées par les pays de l’UE et de l’Espace économique européen en matière de planification, de mise en œuvre et d’évaluation des plans de préparation aux pandémies (grippales). »
Pour M. Hauser, cette réponse laisse beaucoup de questions en suspens. Dans un communiqué de presse, il évoque des « questions centrales » :
« Bien que la participation à des simulations internationales de pandémie telles que « Event 201 » ou « Clade X » soit niée, la Commission confirme toutefois avoir mené ses propres exercices, dont « Blue Orchid », qui a été réalisé le 8 février 2019 par l’ECDC […] afin de tester les procédures internes en cas de crise », poursuit M. Hauser, député européen depuis 2024.
Compte tenu de la proximité temporelle entre la pandémie de Covid-19 et les différents jeux de simulation, M. Hauser se pose la question suivante :
« Pourquoi tous ces exercices ? On a l’impression que de nombreux acteurs s’attendaient déjà à l’arrivée d’une pandémie en 2020. »
« Pourquoi tous ces exercices ? On a l’impression que de nombreux acteurs s’attendaient déjà à l’arrivée d’une pandémie en 2020. »
Le député européen exige « une transparence totale sur les préparatifs de l’époque, les bases décisionnelles et les réseaux impliqués ».
Il a donc déposé fin juillet une nouvelle demande exigeant des informations sur le contenu de l’exercice. « Une clarification complète est absolument indispensable », souligne le politicien autrichien. Il s’attend à une réponse dans le courant du mois de septembre, a-t-il déclaré dans une interview à la station de radio « Kontrafunk ».
Aucune prédiction
« Event 201 » s’est déroulé le 18 octobre 2019 à New York. Il était organisé par le Centre Hopkins pour la sécurité sanitaire (Johns Hopkins Center for Health Security), le Forum économique mondial (FEM) et la Fondation Gates. Dès janvier 2020, le centre a rejeté les suppositions selon lesquelles « Event 201 » aurait prédit la pandémie de coronavirus.
« Pour ce scénario, nous avons modélisé une pandémie fictive de coronavirus, mais nous avons clairement indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une prévision. Cet exercice visait plutôt à mettre en évidence les défis en matière de préparation et de réponse qui seraient susceptibles de se poser en cas de pandémie très grave. Nous ne prédisons pas actuellement que l’épidémie de nCoV-2019 coûtera la vie à 65 millions de personnes. […] Les données que nous avons utilisées pour modéliser les effets potentiels de ce virus fictif ne sont pas comparables à celles du nCoV-2019. »
Des simulations aussi anciennes que l’humanité
L’origine des jeux de simulation remonte au jeu de société indien Chaturanga (1000 av. J.-C.) et au jeu d’échecs apparu environ 200 ans plus tard en Perse. Il y a environ 3000 ans, l’objectif de ces deux jeux était déjà de mieux comprendre les processus du monde réel et de pouvoir prendre des décisions sans risque.
Il existe toute une série d’exemples de jeux de simulation. « Junait », par exemple, s’adresse aux enfants. Il vise à les aider à « évoluer de manière responsable dans le monde numérique, en ayant conscience des dangers potentiels », selon sa propre description. Ainsi, « les aspects positifs et négatifs de la connectivité croissante sont abordés de manière ludique et dans un espace protégé ».
Clade X
Près d’un an et demi auparavant, le 15 mai 2018, l’hôtel Mandarin Oriental de Washington D.C., la capitale américaine, avait accueilli le jeu de simulation « Clade X ».
Le Johns Hopkins Center for Health Security en était l’unique organisateur. La simulation portait sur un virus respiratoire propagé par bioterrorisme. L’objectif était de confronter des décideurs de haut rang aux défis stratégiques d’une pandémie mondiale. Il s’agissait notamment des interdictions de voyager, de la saturation des systèmes de santé et du développement d’un vaccin.
Le centre avait déjà organisé des jeux de simulation en direct auparavant : « Dark Winter » en 2001 et « Atlantic Storm » en 2005. Le journaliste et coéditeur du magazine Multipolar, Paul Schreyer, a examiné en détail ces jeux de simulation et leurs acteurs dans son livre Chronique d’une crise annoncée.
Perte de confiance et désinformation
« Spars Pandemic 2025-2028 » n’était pas un jeu de simulation en direct, mais un scénario écrit. Il était destiné à aider les décideurs à se préparer à des crises réelles, par exemple à travers des jeux de rôle, des ateliers ou des simulations basés sur le texte.
- Il abordait les thèmes centraux suivants :
- manque d’informations au début de la pandémie
- perte de confiance dans les autorités et les experts
- désinformation et dynamique des réseaux sociaux
- développement de vaccins
- dilemmes éthiques
L’initiateur était à nouveau Johns Hopkins. Le document de près de 80 pages avait été publié en octobre 2017.
Épidémies avant la Covid
Alors que les simulations du Centre Johns Hopkins sont accompagnées d’informations détaillées, le contenu et les scénarios de « Blue Orchid » ne sont pas connus.
On ne peut pour l’instant que spéculer sur l’origine du nom. « Blue Orchid » est le premier single extrait de l’album Get behind me Satan (« Mets-toi derrière moi, Satan ») du groupe « White Stripes ». Il est sorti en 2005. Le titre métaphorique de cette chanson rock joue sur des thèmes tels que la séduction, la tromperie et la perte d’identité.
Articles actuels de l’auteur
01 novembre 2025
Le véritable prix des services en ligne gratuits









