Lueur d’espoir à Konna, ville martyrisée du centre du Mali

Par Epoch Times avec AFP
21 mars 2021 13:20 Mis à jour: 21 mars 2021 13:47

Un kilomètre à peine sépare la carcasse abandonnée d’un blindé de l’armée malienne du nouveau camp militaire flambant neuf de Konna, symbole pour les autorités d’une lueur d’espoir dans la guerre au Sahel et dans le centre du Mali.

Comme les problèmes qui hantent Konna et le reste du centre du Mali depuis 2013, la carcasse est toujours là et des enfants jouent aux alentours.

-Le Premier ministre malien Moctar Ouane et sa délégation assistent à l’inauguration du nouveau port fluvial de Konna dans le centre du Mali le 20 mars 2021. Photo par Michele Cattani / AFP via Getty Images.

Une délégation gouvernementale emmenée samedi par son chef Moctar Ouane a voulu afficher de l’optimisme dans une ville devenue un symbole national, en inaugurant le nouveau port de pêche et visitant le nouveau camp militaire.

Konna, entraîné par surprise dans la guerre

Konna représente « la résistance au Mali », a estimé le gouverneur de la région Abass Dembélé, faisant référence à 2013 quand lui-même dirigeait des unités de l’armée à Konna, carrefour commercial et fluvial entraîné par surprise dans la guerre.

Les jihadistes, qui tenaient plusieurs villes du Nord du pays (Tombouctou, Gao), descendaient vers le centre du Mali. Le 10 janvier 2013, ils ont pris Konna, dernière digue avant la principale ville du centre, Mopti.

Dans la petite ville surplombée d’une mosquée jaune, ils se sont installés dans les bâtiments du port, à l’époque tout neuf et à peine inauguré.

La France entrait en guerre

Le lendemain, sur demande de Bamako, la France entrait en guerre. Dans la foulée, le port de pêche comme d’autres bâtiments de la ville étaient bombardés.

Huit ans plus tard, le Premier ministre estime que la réhabilitation du port « est une illustration de ce qui est engagé à Konna et qui se poursuivra », félicitant les populations pour leur « résilience ».

-Une photo aérienne montre la grande mosquée de Konna le 20 mars 2021. Photo par Michele Cattani / AFP via Getty Images.

Mais si aujourd’hui la ville est « plutôt calme », selon un habitant, « dès que vous sortez ça ne l’est plus ».

Depuis 2015, le djihadisme s’est répandu dans les campagnes du centre du Mali. Il y est emmené par le prédicateur peul affilié à Al Qaïda Amadou Kouffa qui avait participé à l’attaque de la ville en 2013.

Les attaques se sont multipliées dans la région et les services publics ont pris la poudre d’escampette. A Konna, chef-lieu d’une petite commune rurale, le sous-préfet n’est plus physiquement présent.

« Konna veut vivre et Konna vivra »

L’imposant déploiement militaire entourant le Premier ministre atteste de la tension qui reste permanente dans la zone pour les représentants de l’Etat. Des dizaines de pickups faisaient samedi matin des rondes dans et autour de la ville.

Reste que « Konna veut vivre et Konna vivra », selon le Premier ministre qui a appelé à la multiplication des projets coordonnés entre plusieurs partenaires du Mali.

-Le nouveau port fluvial de Konna financé par la Banque mondiale le 20 mars 2021, inauguré par Premier ministre malien et sa délégation. Photo par Michele Cattani / AFP via Getty Images.

Car Konna a été érigée en modèle de collaboration (plus de 2 milliards de francs CFA investis, 3 millions d’euros) entre Etat et partenaires.

« Synergie »

Cette ville a été louée pour la « synergie » entre l’apport sécuritaire (onusien et national) et les projets de développement (avec des fonds des partenaires, principalement Banque mondiale et Union européenne).

Et désormais, « tous les bailleurs veulent y avoir un projet », souligne une autorité locale du secteur de la pêche.

Des enfants remplissent des litres d’eau à une pompe à l’extérieur de la grande mosquée de Konna le 20 mars 2021. Photo par Michele Cattani / AFP via Getty Images.

Le « modèle » de Konna est appelé à être répliqué ailleurs: huit autres « PSDG » (Pôle sécurisé de développement et de gouvernance, des camps militaires construits sur financement européen) comme celui de Konna doivent encore être construits dans le centre du pays, selon M. Ouane.

« Sécurité, paix et développement: le triptyque est une réalité à Konna », a affirmé le gouverneur Dembélé.

Arrestations arbitraires et exécutions sommaires

Mais beaucoup ici n’associent pas les forces de sécurité à la sécurité: « les arrestations arbitraires et exécutions sommaires continuent à Konna à la suite de dénonciations de Peuls par des habitants pour leur complicité réelle ou supposée avec les jihadistes », indique un chercheur malien de la zone, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Un soldat malien au bord de la rivière à Konna le 20 mars 2021,  le Premier ministre malien assiste à l’inauguration du nouveau port fluvial, qui a été détruit par les bombardements pendant la guerre en 2013. Photo par Michele Cattani / AFP via Getty Images.

Trois personnes, peules, ont confirmé à l’AFP ne plus avoir de nouvelle d’un membre de leur famille arrêté à Konna ou alentour par les forces de sécurité; l’un depuis quelques mois, les deux autres depuis un an.

Ces accusations de bavures contre des Peuls sont nombreuses dans le centre du Mali et particulièrement à Konna où une foire rassemble chaque semaine de nombreux éleveurs de la zone.

« Les forces de l’ordre sont là pour la quiétude, s’il y a des rumeurs qui courent, c’est normal qu’il y ait arrestation! », a affirmé à l’AFP Demba Samouka, notable de Konna et conseiller du maire. Et d’asséner: les militaires « ne font pas de bavure! »

 

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