Mary Holland, présidente de Children’s Health Defense : « Robert Kennedy Jr entend identifier les causes possibles de l’épidémie d’autisme, vaccination comprise »

Par Etienne Fauchaire
30 avril 2025 18:52 Mis à jour: 30 avril 2025 18:52

ENTRETIEN – Le nombre de cas d’autisme s’envole. Lors d’une conférence de presse à Washington, le 16 avril dernier, Robert Kennedy Jr.. a décidé de s’attaquer à ce qu’il désigne sans ambages d’« épidémie » : une vaste étude scientifique destinée à en identifier les causes a donc été annoncée. Pour Mary Holland, ancienne professeure à la New York University School of Law et présidente de Children’s Health Defense, l’organisation fondée par Kennedy pour défendre la santé des enfants, cette flambée ne saurait être reléguée à une simple évolution des critères diagnostiques, ou noyée dans des arguties génétiques. Vaccins, polluants, pesticides… : tous les facteurs environnementaux possibles, plaide-t-elle, doivent pouvoir être investigués, sans a priori ni tabou. Car la science ne se nourrit pas de certitudes figées, mais avance au rythme des bonnes questions posées.

Epoch Times : Que ce soit aux États-Unis ou en France, le discours de Robert Kennedy Jr au cours duquel il a annoncé une étude des autorités sanitaires américaines sur les causes de l’autisme a été critiqué par une large partie de la presse. Par exemple, dans l’Hexagone, TF1, dénonçant un « antivax à la Santé » qui « multiplie les fausses déclarations en matière de santé publique », affirme que « parler d’ »épidémie d’autisme », comme le fait Robert Kennedy Jr, n’a aucun fondement scientifique ». « L’augmentation de ces cas est d’abord la conséquence des redéfinitions successives dans les nomenclatures », soutient, dans le même esprit, France info. Que répondez-vous à ces affirmations ?

Mary Holland : J’étais présente à Washington, D.C., le mercredi 16 avril, lors de la conférence de presse du secrétaire Kennedy. Celui-ci y a fermement contesté l’idée selon laquelle l’épidémie d’autisme, dont le point de départ remonterait à 1989 selon une étude de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) qu’il a citée, pourrait s’expliquer par une simple amélioration des capacités diagnostiques. Il est totalement fallacieux de prétendre qu’une multitude d’enfants autistes auraient auparavant échappé à toute détection pour cette principale raison.

Certes, l’élargissement de la définition de l’autisme a évolué au cours des vingt dernières années et explique en partie l’augmentation du nombre de diagnostics. Autrefois, il existait plusieurs sous-catégories distinctes, telles que le syndrome d’Asperger, le trouble désintégratif de l’enfance ou encore le trouble envahissant du développement non spécifié (TED-NS). Aujourd’hui, tous ces diagnostics ont été regroupés sous une seule et même appellation : le trouble du spectre de l’autisme (TSA).

Cependant, cette redéfinition plus large ainsi que la « meilleure prise en compte de ces troubles » ne sauraient justifier l’explosion du nombre de cas, passés d’un enfant sur 10.000 en 1970 à… un enfant sur 31 en 2022, selon les chiffres publiés en ce mois d’avril par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). En Californie, on recense désormais jusqu’à 1 garçon sur 12,5 diagnostiqué…

Kennedy a rappelé à juste titre qu’il est âgé de plus de soixante-dix ans, et qu’au sein de sa génération, on n’observait nullement une prévalence des troubles autistiques comparable à celle qui frappe aujourd’hui les jeunes générations. L’argument selon lequel cette différence serait donc imputable aux progrès des capacités de diagnostic a ainsi été écarté par ces mots : un « canular de l’industrie pharmaceutique » repris par les médias mainstream.

Dès lors, il n’est guère étonnant qu’une bonne partie de la presse américaine et internationale s’en prenne à lui : depuis plus de vingt ans, les médias dominants et une large partie du corps médical s’emploient à minimiser cet essor fulgurant des cas d’autisme qui, aujourd’hui, apparait au grand jour.

Selon un rapport des CDC publié en 2023, un enfant autiste sur quatre présente un trouble sévère. Durant sa conférence de presse, le ministre a parlé « d’enfants qui ne paieront jamais d’impôts, n’auront jamais d’emploi, ne joueront jamais au baseball, n’écriront jamais de poème, n’iront jamais à un rendez-vous galant. Beaucoup d’entre eux, a-t-il ajouté, ne pourront même jamais utiliser les toilettes sans assistance. » En réaction, une large partie de la presse américaine, à l’instar de CNN, s’est fait le relai de critiques accusant Kennedy de donner une « description réductrice de l’autisme », jugée à la fois « simpliste et préjudiciable ».

S’il existe des personnes qui s’identifient comme autistes et rapportent avoir surmonté de grandes difficultés, il va de soi que la population autiste qui préoccupe prioritairement Robert Kennedy n’est pas celle capable de parler, de travailler, de nouer des amitiés et de suivre un parcours scolaire classique.

Comme le ministre l’a indiqué, son attention se porte avant tout sur le gros quart de personnes autistes sévères qui ne pourront jamais vivre pleinement de manière autonome.

Imaginez ce que serait votre existence si vous étiez incapable d’exprimer vos besoins, vos sentiments ou même vos pensées les plus simples.

Selon Robert Kennedy Jr, les causes de l’augmentation alarmante des cas d’autisme doivent être identifiées, et elles trouvent nécessairement leur origine dans des facteurs environnementaux. Cette hypothèse est contestée par des scientifiques qui insistent sur le rôle du facteur génétique, et que la majorité des médias choisissent de privilégier comme interlocuteurs.  En France, l’AFP cite par exemple Thomas Bourgeron, responsable de l’unité de génétique humaine et fonctions cognitives à l’Institut Pasteur, qui affirme qu’« environ 80 % des cas d’autisme peuvent être liés à des mutations génétiques ». Qu’en pensez-vous ?

Les gènes peuvent muter au fil du temps, mais ils n’évoluent pas radicalement en l’espace d’une ou deux générations. Par nature, les mutations génétiques majeures nécessitent généralement plusieurs centaines d’années pour se traduire en changements significatifs. Or, les troubles profonds observés chez de nombreuses personnes autistes témoignent d’altérations substantielles du fonctionnement cérébral, des transformations qui ne sauraient raisonnablement être attribuées à la seule évolution génétique sur une période aussi brève.

Comme l’a souligné le ministre, si le facteur génétique peut effectivement prédisposer à une certaine vulnérabilité, il ne peut pour autant provoquer une épidémie.

Avant d’aborder la question d’un éventuel lien entre autisme et vaccination, considérez-vous que d’autres facteurs environnementaux, tels que la pollution atmosphérique ou l’exposition à certains pesticides, pourraient être responsables de l’augmentation exponentielle du nombre de cas d’autisme ?

Dans le cadre de cette vaste étude scientifique annoncée le 16 avril, Robert Kennedy ambitionne de fournir, à tout le moins, des données préliminaires sur les causes de l’autisme. S’il n’a pas encore désigné de facteurs spécifiques, il s’est montré catégorique sur un point : les causes de l’autisme sont nécessairement environnementales, et non génétiques. Moisissures, additifs alimentaires, pesticides, médicaments, ultrasons… tout sera donc passé au crible de l’analyse.

Pour ma part, bien que je sois convaincu que les vaccins ne sont pas le seul facteur en cause, à Children’s Health Defense, nous avons particulièrement concentré notre attention sur la vaccination. Nous avons recueilli les témoignages de milliers de parents, qui racontent invariablement la même histoire déchirante : un enfant se développant normalement, se faisant vacciner, puis régressant brutalement, souvent de manière spectaculaire, peu de temps après. C’est également l’épreuve que j’ai vécue avec mon fils, il y a vingt ans.

De nombreux médias n’hésitent pas à écrire que Robert Kennedy fait de « fausses déclarations » concernant le lien entre vaccination et autisme, en particulier à propos du vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole). « Le doute n’est pourtant scientifiquement plus permis : de très nombreuses études ont démontré l’absence totale de lien entre le vaccin ROR et le développement de l’autisme », peut-on lire dans une dépêche de l’AFP largement reprise par la presse française. Même son de cloche outre-Atlantique. Selon vous, l’absence de lien entre vaccination et autisme a-t-elle réellement été scientifiquement démontrée ?

Non, l’existence d’un lien entre vaccins et autisme n’a pas été réfutée par la science. En réalité, les recherches existantes se sont concentrées sur un champ d’étude extrêmement restreint : seul le vaccin ROR a été examiné pour déterminer l’existence éventuelle d’un lien avec l’autisme. Un seul vaccin.

Ainsi, aucun des vaccins administrés durant les six premiers mois de vie — une période critique où, conformément au calendrier vaccinal, les nourrissons reçoivent la majorité de leurs premières doses — n’a fait l’objet d’une évaluation scientifique sérieuse à cet égard. De même, parmi tous les composants utilisés dans les vaccins, un seul — le thiomersal, un composé neurotoxique à base de mercure, toujours présent dans certains vaccins contre la grippe — a été spécifiquement étudié pour son rôle possible dans le développement de troubles autistiques.

Or, un vaccin ne se compose pas uniquement des antigènes cibles (par exemple ceux de la rougeole ou des oreillons) ; il contient également de nombreux autres ingrédients, dont certains, comme les adjuvants à base d’aluminium, sont neurotoxiques et franchissent la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau contre les substances nocives.

En outre, au-delà de leur champ limité, les études fréquemment citées pour affirmer l’absence de lien entre vaccination et autisme présentent toutes des défauts méthodologiques majeurs. Comme l’a rappelé Robert Kennedy Jr récemment, même l’Académie nationale de médecine des États-Unis a reconnu que quatorze de ces études étaient invalides.

Leur faiblesse principale tient à ce qu’aucune d’entre elles n’a comparé un groupe vacciné à un groupe non vacciné, ce qui constitue pourtant la seule méthode fiable pour évaluer l’existence d’un lien de causalité.

Pour contester l’existence d’un lien entre autisme et vaccination, France info cite David Masson, psychiatre au Centre psychothérapique de Nancy : « Il est difficile d’imaginer comment un vaccin pourrait provoquer l’autisme alors que ces troubles concernent un développement cérébral pendant la grossesse, et donc avant même la naissance. » Que répondez-vous à cette déclaration ?

Que l’exposition des femmes enceintes à certains composants chimiques pendant la grossesse peut avoir un impact important sur le développement du fœtus et augmenter significativement le risque de donner naissance à un enfant autiste. Cette réalité scientifique est aujourd’hui établie et officiellement reconnue.

Ceci étant rappelé, aux États-Unis, il est actuellement recommandé aux femmes enceintes de recevoir quatre vaccins : le DTaP (diphtérie, tétanos, coqueluche), le vaccin contre le VRS (virus respiratoire syncytial), le vaccin contre le Covid-19 et le vaccin contre la grippe. Et aucun de ces vaccins n’a été spécifiquement testé pour évaluer sa sécurité chez les femmes enceintes. C’est irresponsable.

Si le lien entre autisme et vaccination n’a pas encore été scientifiquement et officiellement établi, il existe néanmoins un faisceau d’indices suffisamment sérieux et concordants pour justifier non seulement la conduite d’études sérieuses à ce sujet, mais aussi un appel à la prudence, selon vous.

Il est par ailleurs important de rappeler que la capacité des vaccins à provoquer des lésions cérébrales est déjà reconnue. Les laboratoires pharmaceutiques eux-mêmes mentionnent cette possibilité dans les notices d’information de leurs produits (product inserts). De plus, le Vaccine Injury Compensation Program (VICP) aux États-Unis reconnaît clairement que des blessures vaccinales peuvent survenir, notamment des inflammations cérébrales (encéphalopathies) et des lésions cérébrales, deux affections dont les manifestations comportementales recoupent fréquemment les symptômes associés à l’autisme.

Il y a plus de dix ans, j’ai personnellement mené une étude sur les cas indemnisés par le VICP. Parmi les 83 dossiers que nous avons examinés, il apparaissait clairement que de nombreux enfants avaient été diagnostiqués autistes après avoir été indemnisés pour des lésions cérébrales ou des troubles épileptiques, deux conditions étroitement liées à l’autisme. Nous avons contacté directement les familles concernées pour confirmer les diagnostics, et toutes les ont validés.

En 2010, lorsque nous avons interrogé le service de presse du ministère américain de la Santé pour savoir s’ils suivaient les cas où un vaccin pourrait avoir causé un autisme, leur réponse fut révélatrice : « Non, nous ne suivons pas les cas où les vaccins pourraient causer l’autisme. Nous suivons seulement les cas d’encéphalopathie ou de troubles épileptiques. »

Autrement dit, les autorités américaines disposent de données montrant que les vaccins peuvent provoquer des lésions cérébrales, lésions dont l’autisme peut être une manifestation directe.

Il est à noter que même des adultes peuvent, après certaines vaccinations, développer des symptômes proches de ceux de l’autisme, tels que l’hypersensibilité sensorielle ou des troubles de la coordination motrice.

L’accès aux données détenues par le gouvernement américain a d’ailleurs donné lieu, en mars, à une passe d’armes entre Robert Kennedy Jr et Peter Marks, alors directeur du Centre d’évaluation et de recherche biologique de la Food and Drug Administration (FDA), qui a, en conséquence, démissionné.

Le secrétaire Kennedy a demandé l’accès au Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS), le système national de déclaration des effets indésirables liés aux vaccins, afin d’analyser les données qu’il contient. Cependant, Peter Marks a refusé de le lui accorder.

Marks l’a lui-même admis lors d’une interview accordée à The Associated Press, déclarant qu’il craignait que Kennedy et son équipe ne manipulent ou n’effacent des informations : une accusation qui relève de l’absurde.

Ce qui est certain, en revanche, c’est que le ministre de la Santé demeure fermement résolu à examiner et à évaluer l’immense quantité de données détenues par le gouvernement américain. Et très franchement, il était grand temps que quelqu’un s’attelle sérieusement à cette tâche.

Le National Childhood Vaccine Injury Act, ou Loi nationale sur les blessures dues aux vaccins infantiles en français, revient régulièrement dans le débat public sur la vaccination aux États-Unis. Pouvez-vous expliquer quels sont les tenants et aboutissants de cette loi controversée, adoptée en 1986, qui protège les fabricants de vaccins contre les poursuites judiciaires ?

En 1986, le Congrès américain a adopté le National Childhood Vaccine Injury Act, une loi toujours en vigueur aujourd’hui. Ce texte relativement concis poursuivait trois objectifs principaux.

Premièrement, il offrait une protection juridique aux fabricants de vaccins et aux professionnels de santé, sous le prétexte que les vaccins étaient si « vitaux » qu’il fallait prémunir l’industrie contre les poursuites judiciaires.

Deuxièmement, il instituait un programme d’indemnisation destiné aux victimes d’effets secondaires vaccinaux, reconnaissant de fait que les vaccins sont, en termes juridiques, des produits « inévitablement dangereux ». Ce programme devait être rapide, sans faute et équitable, reposant sur un principe simple : en cas de doute, l’indemnisation devait être accordée.

Troisièmement, la loi chargeait le ministère de la Santé (Department of Health and Human Services – HHS) de rendre compte tous les deux ans au Congrès des mesures prises pour améliorer la sécurité vaccinale, notamment en détaillant les efforts entrepris par des agences comme les CDC pour inciter l’industrie à progresser, dans un contexte où les fabricants devenaient juridiquement intouchables.

Dans les faits, presque aucune de ces promesses n’a été tenue. Le programme d’indemnisation s’est transformé en un véritable cauchemar administratif : les procédures peuvent durer plus de dix ans. Sur plus de 5000 dossiers déposés par des familles mentionnant l’autisme, pas un seul n’a abouti favorablement.

En outre, le délai de prescription pour déposer une demande est extrêmement court — seulement trois ans après la première apparition des symptômes — ce qui complique encore davantage l’accès à la justice pour de nombreuses familles, en raison du temps nécessaire pour obtenir un diagnostic précis, du manque d’information sur l’existence du programme, ou encore de la lourdeur administrative et juridique.

Surtout, le HHS n’a jamais respecté son obligation de remettre des rapports biennaux au Congrès sur l’état de la sécurité vaccinale. En 2018, Robert Kennedy Jr, en collaboration avec l’Informed Consent Action Network, a poursuivi avec succès le HHS, le forçant à reconnaître publiquement cette violation flagrante de la loi.

Parallèlement, cette immunité juridique octroyée aux laboratoires pharmaceutiques en 1986 a déclenché une véritable ruée vers l’or. Comme Bobby Kennedy le rappelle souvent, une fois les fabricants libérés de tout risque judiciaire et capables d’exercer des pressions sur les législateurs pour imposer des obligations vaccinales au niveau des États, le marché des vaccins a littéralement explosé.

Aujourd’hui, le calendrier vaccinal fédéral recommande quinze vaccins, administrés en plus de 72 doses entre la naissance et l’âge de 18 ans…

Face à un système ne reposant ni sur de solides assises scientifiques, ni sur un authentique souci de la sécurité vaccinale, personnellement, je me félicite que Robert Kennedy soit aujourd’hui en position d’agir.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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