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Massive Attack joint le mouvement « No Music for Genocide » et refuse d’être streamé en Israël pour protester contre la guerre

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Le groupe britannique Massive Attack a annoncé jeudi 19 septembre sur Instagram sa décision de retirer sa musique de la plateforme Spotify et de bloquer l'accès à ses titres en Israël.

Photo: Matthew Horwood/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le groupe britannique Massive Attack a annoncé jeudi 19 septembre sur Instagram sa décision de retirer sa musique de la plateforme Spotify et de bloquer l’accès à ses titres en Israël. Cette double action s’inscrit dans le cadre d’un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza et les investissements du fondateur de Spotify dans l’industrie militaire.
Cette décision des pionniers du trip-hop marque une escalade dans le mouvement de boycott culturel qui gagne du terrain dans l’industrie musicale internationale depuis le début du conflit au Proche-Orient.

Un boycott géographique et commercial

« Massive Attack a adressé une requête formelle à notre label (Universal Music Group) afin que notre musique soit retirée de tous les services de streaming sur le territoire d’Israël », indique le groupe de Bristol dans son communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Le groupe s’inscrit dans le mouvement « No Music for Genocide » qui regroupe désormais plus de 400 artistes et labels appelant au boycott culturel d’Israël. Cette initiative coordonnée vise à exercer une pression économique et symbolique en bloquant géographiquement l’accès aux catalogues musicaux.
Parallèlement, Massive Attack a également demandé à Universal Music Group que sa musique « soit retirée des services de streaming de Spotify dans tous les pays », élargissant ainsi son action à l’ensemble de la plateforme suédoise.

Des investissements militaires contestés

Cette décision concernant Spotify fait suite aux investissements de 600 millions d’euros réalisés en juin 2025 par Daniel Ek, fondateur et PDG de la plateforme, dans Helsing. Cette startup allemande se spécialise dans le développement de systèmes d’intelligence artificielle militaire et de drones de combat autonomes.
L’investissement, mené par Prima Materia, la société de capital-risque de Daniel Ek, a porté la valorisation de Helsing à 12 milliards de dollars. La société affirme utiliser ces fonds pour « accélérer son leadership dans l’innovation de défense tous domaines ».
Massive Attack justifie sa décision par ces « importants investissements » dans l’industrie militaire, estimant que « le fardeau économique placé depuis longtemps sur les artistes par Spotify est désormais aggravé par un fardeau éthique et moral ».

Une technologie militaire en expansion

Helsing a annoncé début 2025 la production de 6 000 exemplaires de drones pour l’Ukraine, après une première commande de 4 000 unités. L’entreprise diversifie ses activités au-delà de l’aérien, ayant dévoilé en mai un drone sous-marin de surveillance, le sG1-Fathom.
Selon le site internet de Helsing, la société fabrique des « systèmes autonomes » militaires « renforcés par l’intelligence artificielle ». L’entreprise a récemment démenti que ses drones soient utilisés dans « d’autres zones de conflits que l’Ukraine », tentant de circonscrire l’usage de ses technologies.

Un mouvement artistique grandissant

En réponse aux investissements de Daniel Ek dans l’industrie militaire, le groupe de rock art de San Francisco Deerhoof avait déjà retiré l’intégralité de son catalogue de Spotify. Cette action préfigurait le mouvement plus large auquel se rallie aujourd’hui Massive Attack.
La campagne de boycott vise à la fois les investissements militaires de Daniel Ek et la rémunération jugée trop faible accordée aux artistes par la plateforme de streaming. Cette double critique économique et éthique renforce la portée du mouvement protestataire.

Silence de Spotify

Contacté par l’AFP, Spotify n’a pas souhaité faire de commentaires sur les décisions de Massive Attack ou sur les critiques concernant les investissements de son fondateur. Cette absence de réaction officielle contraste avec l’ampleur médiatique prise par le mouvement de boycott.
La plateforme suédoise, qui compte plus de 500 millions d’utilisateurs dans le monde, fait face à une contestation inédite de la part d’artistes remettant en cause non seulement sa politique de rémunération, mais désormais aussi l’usage fait des profits générés par leurs œuvres.

Un engagement politique de longue date

Massive Attack, formé à Bristol en 1988, n’en est pas à son premier engagement politique. Le duo composé de Robert Del Naja et Grant Marshall a toujours affiché ses convictions, notamment sur les questions environnementales et géopolitiques.
Leur décision s’inscrit dans une démarche cohérente de militantisme culturel, utilisant leur notoriété internationale pour porter des messages politiques. Le groupe avait déjà pris position sur diverses causes sociales et environnementales au cours de sa carrière.

Impact sur l’industrie musicale

Cette action de Massive Attack pourrait créer un précédent significatif dans l’industrie musicale. La combinaison d’un boycott géographique (Israël) et commercial (Spotify) représente une stratégie inédite de protestation artistique.
L’efficacité de ce mouvement dépendra de sa capacité à fédérer d’autres artistes de renom et à maintenir la pression médiatique sur les plateformes de streaming. L’enjeu dépasse le cadre artistique pour questionner la responsabilité éthique des acteurs économiques de l’industrie culturelle.

Enjeux économiques et diplomatiques

Au-delà de l’aspect symbolique, ce boycott soulève des questions économiques complexes. Le retrait de catalogues d’artistes reconnus pourrait affecter les revenus des plateformes, tout en privant les artistes eux-mêmes de sources de revenus importantes.
Cette tension illustre les dilemmes auxquels font face les créateurs souhaitant concilier principes éthiques et impératifs économiques dans un secteur largement dominé par quelques acteurs technologiques majeurs.

Perspectives d’évolution

L’initiative « No Music for Genocide » appelle artistes et labels à retirer leur musique des plateformes numériques en Israël comme forme de boycott culturel. L’ampleur de ce mouvement déterminera son impact réel sur les politiques des plateformes de streaming.
La réaction d’autres artistes de premier plan et l’évolution de la position de Spotify face à cette contestation constitueront des éléments clés pour mesurer la portée de cette protestation inédite dans l’industrie musicale contemporaine.