«La mère de toutes les crises économiques est imminente», prévient l’économiste Nouriel Roubini

Par Naveen Athrappully
9 décembre 2022 16:35 Mis à jour: 9 décembre 2022 16:35

L’économiste Nouriel Roubini a mis en garde contre l’imminence d’une crise économique mondiale que les responsables politiques ne seront probablement pas en mesure de gérer.

Après l’explosion de l’endettement, des emprunts et des déficits au cours des dernières décennies, l’économie mondiale se dirige maintenant vers une « confluence sans précédent » de crises financières, économiques et de la dette, a averti M. Roubini dans un article publié le 2 décembre par Project Syndicate. Les ménages, les entreprises, les entités financières, les gouvernements, les régimes de retraite, etc. sont maintenant accablés par des montants massifs de dettes qui ne feront que « continuer à croître avec le vieillissement des sociétés ».

La dette totale des secteurs privé et public en pourcentage du PIB est passée de 200% en 1999 à 350% en 2021. Aux États-Unis, ce taux est de 420%, tandis qu’il est de 330% en Chine.

Les ratios d’endettement insoutenables ont transformé de nombreux emprunteurs comme les banques, les entreprises, les ménages, les nations, les banques parallèles et les gouvernements en « zombies insolvables ». Les faibles taux d’intérêt de ces dernières années ont contribué à maintenir cette tendance.

Mais avec une inflation élevée, « l’aube financière des morts » a pris fin, observe M. Roubini. Alors que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, les « zombies » sont confrontés à une forte hausse du coût du service de la dette. M. Roubini a été conseiller principal de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor de l’ère Obama.

Depuis janvier, la Réserve fédérale a fait passer son taux d’intérêt de référence de 0,25% à une fourchette comprise entre 3,75% et 4%.

« Pour beaucoup, cela représente un triple coup dur, car l’inflation érode également le revenu réel des ménages et réduit la valeur de leurs actifs, comme les maisons et les actions », écrit l’économiste.

« Il en va de même pour les entreprises, les institutions financières et les gouvernements fragiles et surendettés : ils sont confrontés à une forte hausse des coûts d’emprunt, à une baisse des revenus et des recettes, et à une diminution de la valeur des actifs en même temps. »

La crise économique

Ces développements interviennent dans un contexte de retour de stagflation, une situation de faible croissance économique et de forte inflation. Contrairement à la crise financière de 2008 et à la crise du COVID-19, le renflouement des entités privées et publiques ne fera que verser « davantage d’essence sur le feu inflationniste ».

Cela signifie qu’une « récession profonde et prolongée » viendra s’ajouter à une crise financière intense. « La mère de toutes les crises économiques se profile, et les responsables politiques ne pourront pas faire grand-chose pour y remédier », prévient M. Roubini.

Une prédiction négative similaire pour l’économie américaine a également été faite par Larry Summers, professeur à Harvard, dans une interview récente avec Bloomberg.

M. Summers, qui a également servi sous le gouvernement Obama, a souligné qu’il sera beaucoup plus difficile de faire baisser l’inflation sans récession car, à un certain moment, les consommateurs n’auront plus d’économies, ce qui réduira la consommation. Cela signifie que le ralentissement économique sera « assez vigoureux ».

« Quand le taux de chômage augmente de 0,5%, le ralentissement économique augmente de plus de 2%. C’est parce qu’une fois qu’on est dans une situation négative, il y a un aspect avalanche. Je pense que nous avons un risque réel que cela se produise à un moment donné », a ajouté M. Summers.

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