Le message de Keanu Reeves pour la Chine

Par John Mac Ghlionn
14 février 2022 11:35 Mis à jour: 14 février 2022 11:35

La relation amoureuse entre Hollywood et la Chine est bien documentée. Mais les histoires d’amour entre les acteurs hollywoodiens et la Chine ne le sont pas.

Ces dernières années, des acteurs américains comme Michael Douglas, Michael Pitt, Frank Grillo (qui a joué un rôle principal dans « Wolf Warrior 2 », le film chinois le plus rentable de l’histoire), Bruce Willis et Adrien Brody ont tous tenu un discours pro‑chinois.

Bien sûr, on ne peut pas parler des acteurs et du narratif pro‑chinois sans parler de John Cena, l’homme qui a eu l’audace de considérer Taïwan comme une nation. Pour cette « fausse note », il s’est excusé auprès du Parti communiste chinois (PCC). Abondamment. En mandarin courant. Il y a eu des excuses, et puis encore des excuses. La performance de John Cena était digne d’un Oscar.

Heureusement, il existe un acteur qui n’a aucune envie de s’excuser auprès du PCC. Cet homme, c’est Keanu Reeves. En ce qui concerne la Chine, contrairement aux acteurs susmentionnés, la star de « Matrix » a clairement choisi la pilule rouge !

Né à Beyrouth, Keanu Reeves, 57 ans, n’est pas seulement un acteur accompli. Il est également un musicien accompli. Le 3 mars prochain, il se produira lors du 35e concert‑bénéfice annuel de la Tibet House aux États‑Unis, aux côtés de Patti Smith, Trey Anastasio et Jason Isbell.

Fondée à la demande du Dalaï‑Lama en 1987, la Tibet House est un organisme éducatif à but non lucratif basé à New York, qui se consacre à la préservation et à la protection des anciennes traditions philosophiques, artistiques et culturelles du Tibet.

Le PCC s’intéresse au Tibet pour une raison bien précise : ses ressources naturelles. Le plateau tibétain, qui abrite plus de 46 000 glaciers, possède une des plus grandes réserves d’eau douce au monde. Connu comme le « château d’eau » de l’Asie, près d’un quart de milliard de personnes dans 10 pays différents d’Asie – Bangladesh, Cambodge, Chine, Inde, Laos, Birmanie (Myanmar), Népal, Pakistan, Thaïlande et Vietnam – dépendent de ce réservoir naturel pour leur approvisionnement en eau. Ne nous y trompons pas… le PCC veut contrôler l’approvisionnement en eau du continent, d’où son obsession à vouloir contrôler le Tibet.

On peut voir la rivière Yarlung Zangbo lors d’une visite organisée par le gouvernement pour les journalistes à Linzhi, dans la région du Tibet, en Chine, le 4 juin 2021. (Kevin Frayer/Getty Images)

Prendre position

Le peuple tibétain est désespéré. Alors que la plupart des pays se contentent de rester les bras croisés, Keanu Reeves, et c’est tout à son honneur, est prêt à prendre position. Sans grande surprise, les Chinois sont loin d’apprécier cela.

Comme le rapportait récemment The Hollywood Reporter, l’acteur s’est « attiré les foudres » de millions de nationalistes chinois. Les « Little Pinks », un groupe de jeunes guerriers numériques hyper‑agressifs et excessivement chauvins, suggèrent maintenant que Keanu Reeves, et tous ses futurs films, soient interdits en Chine. La star du cinéma est en passe de devenir « de facto une persona non grata dans le paysage du divertissement chinois », ce qui rend sa volonté de défendre le Tibet d’autant plus audacieuse.

Avec une fortune avoisinant les 380 millions de dollars, Keanu Reeves n’a plus besoin de jouer. Il n’a plus besoin de faire quoi que ce soit. Mais il s’est proposé de le faire. Et c’est quelque chose qui mérite d’être loué.

Après tout, cela fait longtemps qu’un véritable poids lourd d’Hollywood n’a pas tenu tête à la Chine. De fait, cela fait plus de 30 ans.

En 1993, Richard Gere, alors l’une des plus grandes stars d’Hollywood, fait la une des journaux du monde entier, et plus particulièrement en Chine. Lors de la cérémonie des Oscars, Richard Gere est monté sur scène pour remettre le prix du meilleur directeur artistique. Mais avant d’annoncer le lauréat, Richard Gere, bouddhiste pratiquant et ami de longue date du Dalaï‑Lama, s’est totalement écarté du script, critiquant l’occupation du Tibet par le PCC ainsi que sa « situation épouvantable, épouvantable en matière de droits de l’homme ». Pour avoir dit la vérité, Richard Gere a été sévèrement puni. Le comité a choisi de le bannir des futurs Oscars, une interdiction toujours en vigueur à ce jour.

De toute évidence, Richard Gere a payé un lourd tribut pour son honnêteté. En 2017, l’acteur a déclaré à The Hollywood Reporter qu’il y avait (et qu’il y a toujours) « des films dans lesquels je ne peux pas jouer parce que les Chinois diront : ‘Pas avec lui.’ » Il a ajouté : « J’ai récemment vécu un incident où quelqu’un m’a affirmé qu’il ne pourrait pas financer de film avec moi sous peine de contrarier les Chinois. »

Un an avant cette interview plutôt déprimante, la musicienne Lady Gaga, formidable actrice à part entière, a rencontré le Dalaï‑Lama. De ce fait, la voilà dans le même bateau que Richard Gere. L’artiste est désormais interdite de tournée ou de vente de produits dérivés en Chine.

Ce qui nous ramène à Keanu Reeves. Pourquoi prendre position ? Pourquoi mettre en péril sa carrière d’acteur ?

En matière de cinéma, le marché chinois, ne l’oublions pas, est de loin le plus important au monde. Pour Reeves, il semble y avoir des choses plus importantes que l’argent. En 2019, le New Yorker a publié un article intéressant, intitulé « Keanu Reeves est trop bon pour ce monde ». Après avoir lu l’article, il est difficile de ne pas être d’accord. Il semble certainement être trop bon pour Hollywood, un endroit plein de grandiloquence morale et de préoccupations superficielles.

Alors que de nombreux acteurs prétendent défendre quelque chose, Keanu Reeves le fait vraiment. Pour cela, il mérite une grande reconnaissance.

John Mac Ghlionn est un chercheur et un essayiste. Ses travaux ont été publiés, entre autres, par le New York Post, le Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review et The Spectator US. Il est spécialisé en psychologie et en relations sociales, et s’intéresse de près aux dysfonctionnements sociaux et à la manipulation des médias.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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