Midterms 2022: la bataille des gouverneurs prépare le terrain pour 2024

Par Laïla Hachimi
6 novembre 2022 10:23 Mis à jour: 6 novembre 2022 11:40

Les élections de mi‑mandat auront lieu le mardi 8 novembre aux États‑Unis. 160 millions d’électeurs se prononceront par les urnes pour désigner, non seulement leurs représentants au Congrès américain, mais aussi leurs représentants locaux, avec des postes clés de gouverneurs au cœur de la bataille entre républicains et démocrates, pour préparer la présidentielle de 2024.

Lors des élections américaines de mi‑mandat, 36 États sur 50 vont choisir leur gouverneur. Actuellement, 28 gouverneurs sont républicains, 22 sont démocrates. Parmi les 14 postes de gouverneurs qui ne sont pas en jeu, 6 sont tenus par des démocrates et 8 par des républicains. Sur les 36 postes qui sont en jeu, les candidats républicains pourraient en emporter 22 contre 14, pour les candidats démocrates.

« On va probablement finir avec 20 démocrates et 30 républicains, avec un gain net de deux pour les républicains et cela risque d’être plus. Si New York, l’Oregon, la Pennsylvanie et le Michigan tombent chez les républicains, on sera à 34 contre 16 », estime Anthony Lacoudre, avocat français basé à New York et commentateur de la politique américaine. Et d’ajouter : « Il est évident que pour l’establishment républicain, emporter le plus grand nombre de gouverneurs en 2022, c’est préparer l’élection présidentielle de 2024. »

Gagner des États pour préparer 2024

Le gouverneur est un personnage politique de haute importance. Il est non seulement le chef du gouvernement de son État mais il a en plus un droit de veto qui lui permet de s’opposer à l’adoption de n’importe quelle loi des assemblées législatives, notamment si elles ne sont pas du même bord politique. « Le gouverneur est l’équivalent d’un chef d’État d’un État de l’Union européenne », souligne Anthony Lacoudre. « Toutes les questions d’avortement, toutes les questions de peine de mort, toutes les questions de légalisation de drogue, de mariage homosexuel, d’adoption par les couples homosexuels… Toutes ces questions‑là ne relèvent pas du tout de la fédération. Elles sont décidées localement », ajoute‑t‑il.

En outre, le gouverneur a un rôle dans l’organisation des élections. D’un point de vue administratif, il est chargé de la tenue des listes électorales et de leur mise à jour suite aux décès et déménagements. Il est également chargé du découpage des circonscriptions électorales. Suivant l’analyse d’Anthony Lacoudre, « si vous diluez les électeurs de l’opposition avec une légère majorité d’électeurs de votre coin, vous avez une nouvelle circonscription et un nouvel élu garanti ».

New York, État démocrate depuis 2007, peut‑il basculer ?

New York fait étonnamment partie des quatre États qui pourraient passer du bleu au rouge. Pourquoi peut‑on envisager cette possibilité et que disent les derniers sondages ?

« Andrew Cuomo était gouverneur pendant le Covid, il a très mal géré la situation. Il y a eu un énorme scandale avec les maisons de retraite », explique Anthony Lacoudre. « Il a, par décret, contraint les hospices à garder les personnes âgées qui étaient malades du Covid. Donc, les personnes âgées sont mortes dans les hospices et elles ont contaminé beaucoup d’autres personnes âgées. Mais dans d’autres États, à droite, ils ont fait l’inverse, ils ont protégé les seniors. »

La gestion du Covid‑19 est donc un des dossiers qui suscite le ressentiment des habitants de l’État de New York. Mais il y a deux autres dossiers qui ont ravivé les flammes de leur ire : l’arrivée massive des migrants clandestins dans l’État et la hausse de la criminalité, d’après l’analyse d’Anthony Lacoudre.

Certes, Andrew Cuomo avait fini par démissionner suite au scandale du Covid‑19 doublé d’un scandale de harcèlement sexuel. Mais sa remplaçante, l’ex‑lieutenant‑gouverneur Kathy Hochul qui se présente à sa propre succession, est inconnue des électeurs démocrates. Cela augmente le risque pour les démocrates de perdre l’État. Néanmoins, d’après l’agrégateur de données de sondage RealClearPolitics, on lui prédit une avance de +6,2 points sur son adversaire républicain Lee Zeldin, actuellement député à la Chambre des représentants. Toutefois, lors du débat entre les deux candidats la semaine dernière, le républicain s’est montré plus proche des préoccupations des habitants de l’État.

Une tendance au basculement amorcée en 2021

La tendance au basculement des États bleus vers le bord républicain a commencé, il n’y a pas si longtemps, en Virginie lorsque, à la surprise générale, le républicain Glenn Youngkin avait détrôné le très influent démocrate Terry McAUliffe.

Concernant New York, le Michigan, l’Oregon et la Pennsylvanie, si leur changement de bord se confirme, l’humiliation sera douloureuse pour le Parti démocrate qui se posera alors la question de « faire démissionner le président avant la fin de son mandat pour freiner la chute du parti », présume Anthony Lacoudre. Et d’ajouter : « Kamala Harris est encore plus impopulaire que Joe Biden. » Le Parti démocrate sera donc face à un choix très difficile si les résultats du 8 novembre confirment ces pronostics.

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