Militaires français tués au Mali : le témoignage poignant du père de l’un des soldats ayant perdu la vie

Par Paul Tourège
27 novembre 2019 22:01 Mis à jour: 27 novembre 2019 22:02

Le père adoptif du brigadier-chef Romain Salles de Saint-Paul a livré un témoignage bouleversant au lendemain de la perte de son fils, qui figure parmi les treize soldats de la force Barkhane décédés pendant une opération de combat contre des djihadistes dans le sud du Mali.  

Brigadier-chef du 5régiment d’hélicoptères de combat de Pau, Romain Salles de Saint-Paul fait partie des treize soldats français de la force Barkhane ayant perdu la vie pendant une opération de combat contre des djihadistes de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) menée dans le secteur du Liptako – une zone frontalière située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Né le 26 août 1984 à Bogota en Colombie, il avait été adopté à l’âge de 5 ans et demi par Philippe Salles de Saint-Paul, un notaire girondin qui est également officier de réserve.

« Dès qu’il a eu le bac, il a voulu rentrer à l’école nationale des sous-officiers de Saint-Maixent [Deux-Sèvres]. Mais ma femme l’en a dissuadé. Elle avait trop peur qu’il s’engage dans l’armée », confie son père dans les colonnes du Parisien.

« Il voulait rendre à la France ce qu’elle lui a donné »

Après un BTS immobilier, le jeune homme se décide finalement à poursuivre son rêve et s’engage en tant que militaire du rang au 5régiment d’hélicoptères de combat de Pau le 4 août 2009.

« Finalement, il est entré par la petite porte. Je crois qu’il avait besoin de cette famille que représente l’armée», observe Philippe Salles de Saint-Paul. « Il voulait rendre à la France ce qu’elle lui a donné », ajoute-t-il.

Son fils effectue une mission au Gabon en 2010 avant d’obtenir la qualification d’opérateur membre opérationnel de soute au sein de l’escadrille d’hélicoptères n°3 du 5régiment d’hélicoptères de combat de Pau en 2012.

Il retourne ensuite au Gabon en 2013 avant d’être projeté une première fois au Mali en 2015. Il y retournera deux fois par la suite : en 2018 et en septembre 2019.

« Je savais que la mission était dangereuse. Avant qu’il ne parte, je lui ai dit que je l’aimais, qu’il devait être prudent. Il m’a répondu qu’il ferait aux mieux mais que de toute façon, il ferait son devoir jusqu’au bout », se souvient son père.

« Il se battait pour notre sécurité »

Ce mardi, vers 8 heures, Philippe Salles de Saint-Paul reçoit un coup de téléphone de sa belle-fille qui lui apprend que Romain fait partie des treize victimes ayant perdu la vie la veille après une collision entre deux hélicoptères venus appuyer une offensive terrestre de commandos parachutistes contre « un groupe d’ennemis équipé d’un pick-up et de plusieurs motos », comme l’a expliqué le Chef d’État-Major des Armées (CEMA).

« Ce matin [mardi], j’étais laminé, vidé. Je n’arrive toujours pas à prendre conscience de cela », souffle le père du jeune homme.

« Il nous disait juste que c’était périlleux et que son camp avait déjà été attaqué. Une fois, il avait été obligé d’aller chercher les corps d’enfants maliens morts », poursuit M. Salles de Saint-Paul.

Lui-même père de famille, le brigadier-chef laisse derrière lui une épouse et deux petites filles âgées de 3 et 7 ans.

« Je vais leur dire que leur père les aimait beaucoup et que moi, je serai toujours là pour elles. Elles peuvent être fières de lui », témoigne le grand-père des fillettes.

« Moi aussi, je suis fier de mon fils. Il défend un certain nombre de valeurs. Il se battait pour notre sécurité », ajoute-t-il.

Très ému, Philippe Salles de Saint-Paul tient à rendre hommage aux douze autres militaires français qui ont perdu la vie le 25 novembre : « Je veux que l’on se souvienne d’eux comme des jeunes qui se donnaient pleinement. »

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