La mise au rebut de Richard Gere

Par Dinesh D'Souza
24 février 2022 22:23 Mis à jour: 27 février 2022 10:06

Qui ne se souvient de Richard Gere ? La star de grande envergure des années 1990, jouant des rôles mémorables dans des films tels que Pretty Woman, American Gigolo et d’autres moins connus comme Unfaithful (Infidèle). Puis, il a pratiquement disparu. Tout le monde l’a remarqué, mais personne ne s’est jamais demandé pourquoi. Il est temps de le savoir. Richard Gere a été banni d’Hollywood pour avoir critiqué la tyrannie du régime chinois.

L’histoire de la mise au rebut de Richard Gere est racontée dans le nouveau livre d’Erich Schwartzel, intitulé « Red Carpet : Hollywood, China and the Global Battle for Cultural Supremacy ». [Tapis rouge : Hollywood, la Chine et la bataille mondiale pour la suprématie culturelle, ndt.]

Erich Schwartzel intègre l’histoire de Richard Gere dans le récit plus large du vaste plan commercial d’Hollywood concernant la Chine. La leçon que l’on peut tirer du livre d’Erich Schwartzel est que, si l’on veut accéder à un marché contrôlé par les communistes chinois, la route est longue, car il faut se plier à toutes leurs exigences.

L’hostilité de Richard Gere à l’égard du régime n’était certainement pas due au fait qu’il était de droite, que les intérêts chinois lui semblaient opposés à ceux de son propre pays. Rien de tel. Richard Gere est bouddhiste et, de ce fait, il a toujours admiré et soutenu le Dalaï Lama, que le régime tient pour un ennemi de l’État chinois.

Le  Dalai Lama (à droite), chef spirituel tibétain, s’entretient avec l’acteur américain Richard Gere (à gauche) lors d’une conférence sur la Campagne internationale pour le Tibet à Rotterdam, le 16 septembre 2018. (Robin Utrecht/AFP/Getty Images)

En 1993, Richard Gere déroge à son rôle de célébrité remettant un oscar pour déplorer « l’horrible situation des droits de l’homme qu’il y a en Chine, non seulement envers leur propre peuple, mais aussi envers le Tibet ». Mais son grand péché est survenu en 1997, lorsqu’il a réalisé le film Red Corner, l’histoire d’un cadre américain qui se retrouve piégé dans le système judiciaire pénal chinois et en subit les horreurs.

Red Corner n’a pas été un succès au box-office. Il a été écarté cette année-là par des grosses productions comme Men in Black et Le mariage de mon meilleur ami. Les Chinois ne se sont donc pas souciés du fait qu’il ait été vu par un grand nombre de personnes. Ce qui leur importait, c’est que Richard Gere a fait plus que jouer dans le film. Il a également défendu le film en tant que cause.

Alors que la MGM traitait le film comme une simple histoire palpitante, Richard Gere insistait sur le fait que le film pouvait être un « catalyseur du changement dans le monde », car il exposait les horreurs du totalitarisme chinois. Il est intéressant de noter que le président chinois Jiang Zeming s’est rendu aux États-Unis à peu près au même moment, à la recherche de nouveaux accords commerciaux et de liens diplomatiques plus étroits avec l’administration Clinton. Alors que le président Bill Clinton a organisé un dîner d’État pour Jiang Zeming, Richard Gere a organisé un « dîner apatride » de l’autre côté de la rue, sur le toit d’un hôtel chic, en invitant des célébrités telles qu’Uma Thurman et Sharon Stone.

Erich Schwartzel le documente, à mesure que Richard Gere continuait à défendre la cause du Tibet et à blâmer la Chine pour ses violations des droits de l’homme, Hollywood devenait de plus en plus mal à l’aise avec son plaidoyer public. La fin des années 1990 et le début des années 2000 correspondent à une période où le marché du cinéma américain se stabilise et où les studios hollywoodiens cherchent davantage à se développer en Chine.

La Chine, après tout, compte plus d’un milliard d’habitants. Les dirigeants des studios californiens n’ont pas manqué de remarquer que des dizaines de millions de Chinois quittaient les zones rurales pour s’installer dans les villes et qu’ils devenaient des consommateurs avides de produits occidentaux. Hollywood salive à l’idée d’exploiter ce marché pour les films américains.

Bien entendu, les dirigeants d’Hollywood comprennent qu’ils ont affaire à un régime communiste qui n’hésite pas à censurer les films autorisés en Chine. Ils étaient tout à fait disposés à satisfaire les Chinois sur ce point. Erich Schwartzel souligne qu’en 2006, Mission : Impossible 3 a supprimé des scènes auxquelles les Chinois s’opposaient, et en 2012, les producteurs du film de James Bond Skyfall ont supprimé une scène impliquant le meurtre d’un agent de sécurité chinois par ordre des censeurs chinois.

Dans cette atmosphère de cour hollywoodienne pour le régime communiste chinois, Erich Schwartzel rapporte que « Richard Gere était trop radioactif pour être recruté ». Sa simple présence au générique pouvait signifier que le film ne serait pas autorisé à sortir en Chine. À ce stade, Richard Gere est devenu persona non grata, du moins en ce qui concerne les grands studios. Il devra se contenter d’apparaître dans des longs métrages indépendants à budget modeste comme Arbitrage et Indian Palace : Suite royale.

Susan Sarandon dans le rôle de l’épouse fidèle d’un magnat des finances en difficulté, jouée par Richard Gere (à droite), dans le thriller dramatique Arbitrage. (Myles Aronowitz/Lionsgate)

Dans les années 1950, Hollywood a tenu une liste noire d’acteurs qui avaient prétendument des liens avec le communisme et étaient donc jugés trop controversés pour jouer dans les grands films. Quelle ironie qu’aujourd’hui, une fois de plus, Hollywood maintienne une liste noire, mais cette fois-ci pour les apostats comme Richard Gere qui ne sont apparemment pas assez amicaux et déférents envers le régime communiste chinois.

Richard Gere a été étonnamment discret sur sa mise à l’index. En juin 2020, cependant, il a témoigné devant le Congrès (pdf) en faveur d’un projet de loi visant à donner aux États-Unis un meilleur accès au marché du cachemire en Mongolie. Il a fait valoir que le projet de loi soutiendrait l’économie de la Mongolie et la rendrait moins dépendante de la Chine, car la dépendance dans cette région se traduit rapidement par un contrôle chinois.

À un moment donné, Richard Gere a évoqué le film qui semble l’avoir écarté des premiers rôles à Hollywood, Red Corner, en imaginant hypothétiquement la réalisation d’un tel film à Hollywood au jour d’aujourd’hui.

« Cela n’arriverait tout simplement pas », a-t-il déclaré.

L’exclusion d’une star de l’envergure de Richard Gere montre à quel point le problème est grave, à quel point Hollywood est aujourd’hui en cheville avec ses sinistres partenaires de l’Est.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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