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Municipales : les frais des maires sous le feu des critiques

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Photo: JACQUES DEMARTHON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

À moins de six mois des municipales, la question des notes de frais des maires alimente la campagne électorale à Paris. La révélation de dépenses parfois jugées personnelles ou inappropriées nourrit un climat tendu autour des pratiques des élus.

Anne Hidalgo sur la sellette

L’association anticorruption Transparence citoyenne, fondée par trois personnes associés à la mouvance conservatrice, a pointé les frais de représentation de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. L’affaire s’est élargie après que Libération a consulté des milliers de justificatifs publiés par la Ville, mettant en évidence des dépenses « flirtant parfois avec l’illégalité ».

En réaction, Anne Hidalgo a publié jeudi un état des lieux des indemnités des élus parisiens, précisant que les plafonds des frais de représentation – 19.720 euros pour la maire et 11.092 euros pour les maires d’arrondissement – n’avaient jamais été dépassés en cinq ans. Le détail des justificatifs reste toutefois consultable uniquement sur rendez-vous à l’Hôtel de Ville.

Un cadre juridique flou

Ces pratiques révèlent un encadrement insuffisant. Selon l’Association des maires de France (AMF), seuls les maires et présidents d’intercommunalités – à l’exception des communautés de communes – bénéficient d’une indemnité de frais de représentation. Le conseil municipal peut voter une enveloppe spécifique et en fixer le montant.

« La loi n’est pas si précise que ça. On peut même dire qu’elle n’est pas très précise du tout », souligne Éric Verlhac, directeur général de l’AMF. Les gouvernements successifs ont refusé d’établir une liste des frais admissibles en raison de la diversité des situations. Le juge administratif reste néanmoins « très attentif » à ce que les dépenses soient justifiées par le mandat et dans l’intérêt de la commune.

Ainsi, l’achat d’un costume pour représenter la ville lors d’une cérémonie peut être validé, à condition de prouver qu’il ne s’agit pas d’un complément de rémunération, explique M. Verlhac.

Transparence et méfiance citoyenne

Pour Samuel Boissaye, de Transparency International, « n’importe quel citoyen peut faire une demande de publication de documents administratifs, mais on voit que les collectivités traînent souvent des pieds, comme à Paris ». Le recours au juge pour obtenir ces informations « nourrit la suspicion ».

À Paris, le montant global des frais de représentation de la maire, soit 84.260 euros, respecte les plafonds, mais la nature des dépenses, comme des chaussures à 770 euros ou un repas à 150 euros, choque dans un contexte d’austérité. « Même si le montant est élevé, du moment qu’il est public et qu’il y a un contrôle, il n’y a pas de problème », nuance néanmoins Samuel Boissaye, en appelant les élus à « assumer publiquement » leurs choix.

« Exemplarité »

Face à « l’émoi suscité », le candidat communiste Ian Brossat plaide pour « supprimer totalement » les frais de mandat. Il rappelle que « la seule des 17 maires d’arrondissement à n’avoir utilisé aucun frais de mandat est Madame Dati », elle-même convoquée en septembre 2026 pour corruption et trafic d’influence.

Ces révélations deviennent un angle d’attaque politique en pleine campagne. « La première attente des citoyens envers leur maire n’est pas la compétence mais l’exemplarité », rappelle Martial Foucault, chercheur au Cevipof. Selon lui, l’idée que « l’élu est un privilégié » alimente la défiance et mine la confiance dans les responsables publics.

Avec AFP