Opinion
«N’oublions jamais que les massacres du 7 octobre ont été commis aux cris de Allah Akbar, et non de Free Palestine» : Sandra Ifrah
ENTRETIEN - Deux ans après le 7 octobre, qui a coûté la vie à 1200 victimes, dont 51 Français, les plaies demeurent béantes. Pour Sandra Ifrah, porte-parole du collectif Women United for Peace, ce massacre du Hamas n’a pas seulement visé Israël : perpétré aux cris de « Allah Akbar » plutôt que de « Free Palestine », il ciblait l’ensemble de la civilisation occidentale.

Sandra Ifrah, porte-parole du collectif Women United for Peace.
Photo: DR
Militante engagée pour la paix, elle souligne que l’extrême gauche a choisi, par complaisance envers l’islamisme, par électoralisme et par anti-occidentalisme, de minimiser, voire de justifier l’attentat, pour ensuite inverser les responsabilités et imposer « un récit biaisé » sur le conflit israélo-palestinien, « à coups d’images tronquées et de mots détournés ». Le Hamas, rappelle-t-elle, ne s’en cache pourtant pas : il a promis de frapper « encore et encore ». Le 7 octobre n’est donc pas une parenthèse lointaine mais un avertissement, alerte l’ambassadrice de l’association France-Israël : comme le 13 novembre, il révèle une guerre de civilisation que la France feint trop souvent d’ignorer, au risque, selon elle, d’être désemparée lorsque l’Histoire viendra, à son tour, frapper à nos portes.
Epoch Times : La France a été, en nombre de victimes, le deuxième pays touché par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre. Que représente aujourd’hui le souvenir de cet attentat, deux ans après les faits ?
Sandra Ifrah : Pour moi, comme pour une grande partie de la communauté juive de France, le sentiment dominant deux ans après le pogrom du 7 octobre reste un mélange douloureux de fatigue, de solitude et de désillusion.
Fatigue, d’abord, de devoir expliquer, puis réexpliquer sans relâche, avec patience et pédagogie, une réalité que l’on voudrait universellement admise : Israël n’a pas choisi cette guerre, elle lui a été imposée par le Hamas, après le massacre de 1200 Juifs, dont 51 Français.
Solitude, ensuite, car en dehors de quelques élus courageux, d’associations engagées et de certains médias, la communauté juive se retrouve face à un silence. Silence devant les menaces, les insultes banalisées, les artistes juifs déprogrammés pour avoir osé se produire en Israël. Silence encore, lorsque nos enfants doivent franchir le portail de l’école sous la protection de militaires. Silence, surtout, quand les agressions antisémites explosent tandis qu’Emmanuel Macron annonçait, par un simple tweet, la reconnaissance d’un État palestinien après le 7 octobre, sans un mot pour les victimes israéliennes, sans un mot pour les otages toujours détenus à Gaza, sans une pensée pour les milliers de citoyens français juifs bouleversés par une décision sèche, applaudie par le Hamas et l’extrême gauche.
Désillusion, enfin, devant cette fracture morale béante entre l’idéal français d’universalisme et de fraternité, et la réalité faite d’indifférence, de complicité muette, voire de justifications à peine voilées des massacres dans certains discours politico-médiatiques.
Nous restons figés dans une sidération persistante. Chaque vendredi, place du Trocadéro, nous nous rassemblons aux côtés du CRIF et de la WIZO pour écouter les témoignages d’anciens captifs du Hamas, lus sur place par leurs familles ou par des personnalités françaises. Chaque parole, chaque récit dévoile des détails nouveaux, toujours plus insoutenables, toujours plus inimaginables.
Parallèlement, notre collectif Women United for Peace remet, chaque vendredi, le pain de l’Amour, le pain de la Paix, à celles et ceux qui ont le courage de lever la voix pour dire la vérité.
Ce travail de mémoire ne fait que commencer. Il rappelle, d’une certaine manière, celui qui suivit la Seconde Guerre mondiale et la Shoah : les faits étaient connus dès l’origine, mais il fallut des décennies pour en mesurer toute l’ampleur, reconstruire, transmettre. Nous entrons, nous aussi, dans ce long processus.
Ce qui blesse peut-être le plus, aujourd’hui, c’est de constater que certains, en France comme ailleurs, préfèrent détourner le regard. Ils refusent de voir la brutalité du Hamas, ce mouvement qui, conformément à sa charte fondatrice, a juré d’éradiquer le peuple juif. Deux ans après, ce déni, ce refus obstiné de voir, de nommer et de comprendre, ajoute une blessure morale à la douleur initiale.
Les médias consacrent quotidiennement une couverture abondante au conflit israélo-palestinien. D’aucuns déplorent que le sort des otages, parmi lesquels ont figuré des ressortissants français, ait souvent été relégué à l’arrière-plan. Est-ce votre sentiment ?
Women United for Peace est l’un des tout premiers collectifs nés au lendemain du 7 octobre. Notre première action symbolique fut d’installer, à l’image de ce qui s’était fait en Israël, à New York ou à Londres, une table de shabbat vide, dressée devant la Tour Eiffel avec un drapeau français. Ce geste simple visait à rappeler l’absence des otages et à porter haut l’exigence de leur libération.
En tant que porte-parole de Women United for Peace, j’ai été la première à mettre en relation les familles d’otages avec la presse française pour faire entendre dans l’espace public ce qu’ils ont vécu.
Après les enlèvements de civils, j’ai formulé une demande simple : que les visages des otages franco-israéliens soient affichés sur les façades des mairies, et rappelés dans les journaux télévisés. Un geste de solidarité élémentaire, qui, à mon sens, aurait dû aller de soi. Or, cela n’a été fait qu’à la marge, de façon timide et sporadique, dans un nombre infime de médias. Comme s’il fallait rappeler qu’être juif n’empêche pas d’être français…
Cette omission constitue déjà, en soi, une faute morale de la part d’une partie de la presse. Une partie seulement, car il faut le dire, d’autres médias se sont montrés exceptionnels.
Au lendemain du 7 octobre, la France insoumise n’avait pas condamné l’attentat, rejetant la faute sur Israël. Le Nouveau Parti anticapitaliste était, lui, allé plus loin en apportant son « soutien aux Palestiniens et aux moyens de lutte qu’ils ont choisi pour résister ». Bien qu’une enquête pour apologie du terrorisme ait été ouverte, cela n’avait pas empêché François Hollande et Philippe Poutou de mener campagne sous la même bannière du Front populaire pour les élections législatives de 2024. Aujourd’hui, Israël est présenté, par l’extrême gauche et une partie de la gauche, comme un État belliciste qui chercherait à prolonger la guerre à Gaza. Selon vous, pour quelles raisons leurs discours ne tiennent-ils pas compte des griefs israéliens : rôle de l’attentat du 7 octobre dans le déclenchement du conflit, prise d’otages qui a suivi, menace que représente le Hamas pour la sécurité d’Israël… ?
La France insoumise et une partie du reste de la gauche n’ont pas oublié ce qui a déclenché la guerre à Gaza, le 7 octobre, ils choisissent simplement de l’ignorer.
Dès le 24 octobre 2023, un dirigeant du Hamas, Ghazi Hamad, déclarait publiquement sur la chaîne libanaise LBCI que le mouvement terroriste recommencerait « encore et encore », promettant un deuxième, un troisième, un quatrième 7 octobre. Sur le terrain, des dépôts d’armes et des plans d’attaque ont été découverts sous des écoles et des hôpitaux à Gaza, preuve d’une stratégie pensée pour frapper à nouveau Israël.
Mais pour la France insoumise et leurs alliés, la question n’est pas la vérité : ils instrumentalisent les Palestiniens, dont la plupart de ces acteurs n’ont en réalité que faire, dans le cadre d’un calcul électoral cynique revendiqué par Jean-Luc Mélenchon : capter le vote des banlieues.
Cette dérive politicienne a causé un tort immense, non seulement à la communauté juive, mais aussi à l’ensemble du tissu social français. Car elle fracture davantage le pays. Et il faut le dire clairement : la France insoumise n’est pas seule dans cette stratégie. Elle dispose de relais, de soutiens médiatiques, qui épousent sa grille de lecture et diffusent ses narratifs, en martelant un discours biaisé, à coups d’images tronquées et de mots détournés.
Cela étant, certains médias et figures de gauche, tout en reconnaissant la nature terroriste du Hamas, tendent désormais à renvoyer dos à dos le mouvement islamiste et le gouvernement israélien, régulièrement accusé de commettre un génocide et d’organiser une famine à Gaza. Comment analysez-vous cette équivalence ?
Désormais, nous assistons aujourd’hui à un véritable renversement de la culpabilité : un pays démocratique qui veut neutraliser l’organisation terroriste responsable d’une attaque barbare sur son sol est aussi présenté comme coupable.
Tout d’abord, personne n’est insensible aux souffrances palestiniennes. Les images d’enfants et de femmes blessés touchent chacun d’entre nous. Mais il faut rappeler que le Hamas utilise la population comme bouclier humain pour sa guerre de communication.
Ensuite, il faut dire la vérité : il n’y a pas de génocide. La population de Gaza a continué de croître ces dernières années. En outre, depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a adopté des mesures exceptionnelles pour minimiser les pertes civiles, contrairement à un génocide qui impliquerait une extermination systématique et indiscriminée.
Par exemple, elle a mis en place des zones humanitaires et corridors sécurisés pour évacuer les civils : environ un million de personnes ont été déplacées vers le sud de Gaza. Ensuite, elle lance des avertissements avant les frappes par le biais d’appels téléphoniques, de tracts, de SMS, et utilise des munitions de précision. Par ailleurs, l’aide humanitaire parvient chaque jour, malgré les obstacles posés par le Hamas qui détourne une partie de l’aide.
Parler de famine ou de génocide relève donc du mensonge. Les images d’enfants au corps famélique affichées en Une par des médias comme le New York Times le 25 juillet, censées prouver une famine généralisée, se sont d’ailleurs à chaque fois révélées fausses : il s’agissait d’enfants souffrant de maladies préexistantes.
Je rappelle aussi une vérité effacée : Israël s’est totalement retiré de Gaza en 2005, en transférant l’intégralité du pouvoir à l’Autorité palestinienne. Ce retrait, salué à l’époque par la communauté internationale, devait ouvrir la voie à la paix. Il n’en a rien été. Très vite, les Gazaouis ont porté le Hamas au pouvoir, et Gaza est devenue une base d’où partent des milliers de missiles contre Israël. Peu de voix rappellent ces faits pourtant essentiels.
Puis vint le 7 octobre 2023, un massacre qui a replongé Israël dans la même sidération que la France après les attentats du Bataclan ou que les États-Unis après le 11 septembre. Confronté à une organisation terroriste déterminée à frapper « encore et encore », Israël ne pouvait rester immobile.
Comme d’autres États occidentaux avant lui, en Afrique ou au Moyen-Orient, Israël a pris les armes pour combattre et neutraliser le terrorisme. Aucun gouvernement israélien, qu’il soit de gauche, de centre, de droite ou d’extrême droite, n’aurait pu agir autrement.
C’est pourquoi il faut dénoncer la manipulation qui consiste à présenter le droit d’Israël à se défendre comme une agression et rejeter cette fausse et honteuse équivalence entre un régime terroriste et une démocratie.
Il est souvent affirmé que la population de Gaza est « prise en otage » par le Hamas et qu’elle se retrouve prise en étau entre le mouvement islamiste et le gouvernement israélien. Le Figaro Magazine vient de publier les extraits exclusifs du témoignage d’Eli Sharabi qui affirme : « Les civils nous ont vus souffrir et ils ont applaudi les terroristes. Il n’y a pas de “non impliqués”. » Qu’en pensez-vous ?
Il est indéniable qu’une immense partie de la population de Gaza soutient le Hamas, qui avait d’ailleurs été porté au pouvoir par une victoire électorale en 2006.
À Gaza, l’endoctrinement systématique commence dès le plus jeune âge. Une association a offert à l’Élysée un manuel scolaire trouvé sur Amazon : un livre destiné aux élèves de niveau CP qui n’enseigne pas les tables de multiplication, mais « comment tuer des juifs ». Voilà ce que l’on propose à des enfants de six ou sept ans. Ce n’est plus de l’éducation, mais un véritable empoisonnement des esprits.
À Paris, nous avons été les premiers à recevoir Mia Schem, ex-otage franco-israélienne, que nous avons interviewée avec Rachel Khan. Son récit illustre tragiquement cette réalité. Envoyée dans une famille gazaouie durant sa captivité, elle a découvert des armes dissimulées sous les lits d’enfants en âge de fréquenter la maternelle ou l’école primaire.
Et ceux qui, au sein de la minorité gazaouie, osent résister au Hamas en paient le prix fort : l’exécution.
Dès lors, comment « débiberonner » une population nourrie depuis l’enfance à la haine anti-juive ? La tâche paraît immense, presque insurmontable, car pour beaucoup, ce mal a été présenté comme un horizon naturel.
Les témoignages des otages comme celui d’Eli Sharabi que nous avons rencontrés dimanche, confirment tous la brutalité de ce système. Ils racontent les humiliations, les privations de nourriture et d’hygiène, les violences physiques. Ces récits révèlent une cruauté extrême, celle d’un mouvement qui ne recule devant rien.
Et c’est là toute la différence avec Israël. Les Israéliens, eux, ne rêvent que de paix. Chacun des responsables, diplomates ou simples familles que j’ai rencontrés n’emploie qu’un mot, encore et toujours : paix. Pour eux, la vie a un sens, et elle est sacrée. Chez le Hamas et les autres groupes djihadistes, c’est l’inverse : la mort est glorifiée.
L’extrême gauche justifie parfois les attaques du 7 octobre en faisant valoir qu’il faudrait considérer cela comme un acte de « résistance » face à « l’oppression israélienne », qualifiant Gaza de « camp de concentration à ciel ouvert ». Que leur répondez-vous ?
Avant le 7 octobre, contrairement à l’image véhiculée dans les médias, les Gazaouis ne vivaient pas dans une situation de misère absolue : ils comptaient d’ailleurs parmi les populations qui perçoivent, par habitant, le plus fort volume d’aides financières dans le monde. Aide financière largement utilisée aux fins que l’on connaît plutôt qu’à leur développement.
Ensuite, en dépit des tirs de roquettes lancés au fil des années après le retrait en 2005, beaucoup d’entre eux travaillaient malgré tout en Israël, notamment dans les kibboutz. Certains des terroristes qui ont participé au pogrom du 7 octobre étaient les mêmes qui, quelques jours plus tôt, venaient y travailler. Ils bénéficiaient d’une certaine liberté de circulation et d’opportunités économiques qu’ils ont exploité pour préparer l’horreur.
Ce massacre, rappelons-le, s’est produit un jour de fête, Simh’at Torah, l’équivalent, en France, de Noël. Les kibboutz visés étaient, en plus, habités par des Israéliens souvent très à gauche, profondément épris de paix, convaincus de la coexistence…
Par ailleurs, oser comparer Gaza à « l’Auschwitz d’aujourd’hui » est une insulte à l’histoire et une inversion obscène. Ceux qui vivent un enfer comparable aujourd’hui, ce sont les captifs israéliens, affamés dans les tunnels du Hamas. Les vidéos ignobles diffusées le 3 août par le Hamas, montrant des otages réduits à l’état squelettique, en témoignent.
L’extrême gauche fait valoir que l’antisionisme ne saurait être assimilé à de l’antisémitisme. Faut-il établir une distinction ?
Critiquer les choix politiques d’un gouvernement est parfaitement légitime. C’est l’essence même du débat démocratique. Cependant, l’antisionisme est devenu aujourd’hui le prétexte d’une haine anti-juive. Avant 1948, on pouvait débattre du projet sioniste. Mais depuis la création d’Israël, il y a plus de 75 ans, se dire « antisioniste » revient tout simplement à nier le droit à l’existence d’un État juif. En clair, l’antisionisme contemporain n’est rien d’autre qu’un nouvel habit de l’antisémitisme.
Ériger l’État d’Israël en incarnation du mal, vouloir l’éliminer « du fleuve à la mer », comme certains l’appellent de leurs vœux, relève d’un antisémitisme qui n’ose pas s’assumer comme tel.
S’agissant des reproches internes liés à l’absence de prévention du 7 octobre ou des accusations externes de crimes de guerre contre les Palestiniens, peut-on, selon vous, s’attendre à des enquêtes en Israël ?
Israël est une démocratie, la seule du Moyen-Orient, et dans une démocratie, il y a toujours des comptes à rendre. Si des fautes ont été commises, si des erreurs ont été faites, dans la prévention du 7 octobre ou dans la rapidité des interventions ce jour-là, elles doivent être examinées.
De la même façon, il conviendra de se pencher sur l’existence d’éventuelles bavures survenues durant cette guerre ou même d’abus dans la gestion des prisons palestiniennes.
Mais ce sont des questions qui ne peuvent être tranchées qu’après la guerre, et non dans l’immédiat sous le feu des combats.
Ce que je peux affirmer avec certitude, c’est qu’en Israël, la justice n’est pas un vain mot. Quand les enquêtes auront lieu, s’il y a des responsabilités à établir, elles le seront. Parce que c’est précisément cela qui distingue une démocratie d’un régime terroriste : la capacité à s’interroger et à demander des comptes à ses dirigeants.
Pour rappel, Israël a déjà jugé et emprisonné deux de ses anciens dirigeants au plus haut niveau : le président Moshe Katsav et le Premier ministre Ehud Olmert. Rien que ces deux cas illustrent l’indépendance du système judiciaire israélien.
Depuis le déclenchement de la guerre, certains médias et responsables politiques ont largement relayé des déclarations de Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et d’Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, pour étayer leurs critiques à l’égard d’Israël. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ne représentent qu’une petite minorité en Israël. Pourtant, certains médias choisissent de braquer sur eux les projecteurs afin d’alimenter leurs narratifs et de réduire l’image d’Israël à leurs excès. Or, on ne peut pas en faire une généralité.
Benjamin Netanyahou est aussi souvent en désaccord avec ces deux ministres, ce qui provoque de véritables tensions au sein du gouvernement. On l’a encore vu récemment lors des discussions autour du plan de paix proposé par Donald Trump.
Si un accord de paix devait aboutir, et j’espère que le plan américain finira par s’imposer, on peut s’attendre ensuite à des changements politiques en Israël. Mais, tant que la guerre continue, il est difficile de bouleverser un gouvernement. Aujourd’hui, Israël combat déjà sur sept fronts militaires, auxquels s’ajoute un huitième front : celui de la guerre de la communication. C’est un défi colossal.
Les médias français et étrangers aiment d’ailleurs résumer Israël à l’image d’un État en guerre contre les musulmans, et à celle d’un régime d’apartheid. Ces accusations sont infondées et reposent sur des mots dévoyés. La réalité est toute autre : Israël est une société diverse et ouverte.
Il suffit de se promener dans les rues de Jérusalem, Tel-Aviv, Jaffa ou Haïfa pour le constater. Dans les universités, juifs, musulmans et chrétiens étudient et travaillent ensemble. À l’Université de Haïfa, près de 40 % des étudiants ne sont pas juifs ; à l’Université de Jérusalem, l’une des meilleures du Moyen-Orient, plus de 20 % des étudiants sont musulmans, un chiffre en constante augmentation.
Dans les écoles et musées de Jérusalem, des enfants juifs et arabes partagent les mêmes classes, avec des cours dispensés en arabe comme en hébreu. À Tel-Aviv, nombre d’artistes émergents viennent de la diversité non juive. Bref, Israël est tout le contraire de la caricature que l’on tente de lui coller : ce n’est pas une société monolithique, mais un pays où la pluralité culturelle et religieuse est une réalité quotidienne.
Il faut aussi rappeler que les soldats israéliens, pour beaucoup très jeunes, qui partent au front ne le font pas par goût de la guerre, mais par devoir, comme ce fut le cas en France autrefois. Chacun en Israël connaît la douleur de la perte : un frère, une sœur, un ami, un voisin. Le deuil est omniprésent et, avec lui, vient l’immense tâche de reconstruction.
À vos yeux, la France et l’Occident doivent-ils tirer un enseignement politique du 7 octobre ?
N’oublions jamais : les massacres du 7 octobre ont été commis aux cris de « Allah Akbar », et non de « Free Palestine ». Ce qui est visé à travers Israël, ce n’est pas seulement l’État hébreu : c’est aussi nous, ici, en Europe et en France. Et ce message est absolument essentiel à comprendre.
Lorsque Israël se défend, il ne protège pas uniquement ses frontières. Il protège aussi une civilisation : la civilisation occidentale judéo-chrétienne, aujourd’hui prise pour cible par l’islamisme. Le 7 octobre marque une rupture historique : il y a un avant et un après, comme il y a eu un avant et un après le Bataclan, comme il y a eu un avant et un après le 11 septembre. Tous ces drames s’inscrivent dans la même logique mortifère du djihad, qui ne vise pas seulement Israël mais l’ensemble du monde occidental.
Le problème, c’est qu’une grande partie de nos responsables politiques semblent ne pas en prendre la mesure. Certains choisissent délibérément de détourner le regard pour des raisons électoralistes. D’autres, par aveuglement, par idéologie ou par lâcheté, refusent de voir le danger grandissant. Pendant ce temps, les Frères musulmans infiltrent nos institutions, nos mairies, nos écoles, nos universités. Ils sapent de l’intérieur le lien social, minent les fondements de la République et attisent une haine qui, tôt ou tard, éclatera au grand jour.
Notre situation n’est pas encore comparable à celle d’Israël, mais il serait dangereux de fermer les yeux : la menace est réelle. Et le temps presse.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Etienne Fauchaire est un journaliste d'Epoch Times basé à Paris, spécialisé dans la politique française et les relations franco-américaines.
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