« Nous sommes les vrais insoumis » : le Medef mobilise avant son meeting, Jean-Luc Mélenchon ironise

Le président du Medef Patrick Martin.
Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images
Le Medef a lancé vendredi soir un appel aux entrepreneurs pour participer à son meeting du 13 octobre à Paris, sous le slogan « Faisons gagner la France ». L’organisation patronale présente les chefs d’entreprise comme « les vrais insoumis ».
L’invitation mentionne : « Entrepreneurs, tous à l’Accor Arena », une salle située à proximité du ministère des Finances et pouvant accueillir environ 13.000 personnes pour l’événement, selon le Medef.
Assez d’être « traités comme des profiteurs ou des nantis »
Rédigé en bleu-blanc-rouge et dans un style proche d’un tract syndical, le texte appelle à une « mobilisation générale des entrepreneurs » à 14h ce jour-là. « Le moment est venu de relever la tête, de se faire entendre », affirme le message, dénonçant le fait d’être « traités comme des profiteurs ou des nantis ».
L’invitation poursuit : « Pourquoi devrait-on s’excuser de créer des emplois, de faire tourner l’économie, de donner une chance aux jeunes ? Réussir ce n’est pas une honte, c’est une chance pour la France. »
Le Medef met également en avant les risques pris par les entrepreneurs : « Tous les jours, les entrepreneurs prennent des risques, sans filet : quand ça échoue, c’est eux qui payent, quand ça marche, c’est tout le pays qui en profite. Alors stop à la stigmatisation, aux taxes et aux réglementations qui s’empilent toujours plus, aux procès d’intention ! L’entreprise n’est pas l’ennemie de la justice sociale : elle en est la condition. »
Le texte se conclut par un appel : « Le 13 octobre, soyons fiers d’être les vrais insoumis, ceux qui ne se résignent pas. »
Vives réactions à gauche et dans les syndicats
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a réagi sur X, accusant le Medef d’être « le cortège des patrons soumis aux grandes fortunes et à la finance qui détruit la nature et la société humaine ».
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a opté pour un ton humoristique. Elle a écrit à Patrick Martin sur X : « Comme on sait que les manifs c’est pas votre spécialité, on s’est occupé de la playlist du meeting », accompagnant son message d’un extrait vidéo de la chanson parodique « Syndiqué tu m’auras pas », du groupe Les Goguettes. La séquence met en scène une fausse manifestation de patrons scandant notamment : « CGT t’es foutue, le Medef est dans la rue », « on est là, on est là, même si Binet le veut pas nous on est là », ou encore « le patronat vaincra et Zucman disparaîtra ».
Des tensions internes dans le patronat
Patrick Martin avait annoncé mardi ce meeting, promis comme « énorme » et regroupant « toutes organisations patronales confondues ». Mais certaines organisations ont déploré ne pas avoir été consultées. Le président de l’U2P (entreprises de proximité), Michel Picon, a déclaré qu’il ne participerait pas. La CPME n’a pas encore pris position.
Les grandes entreprises s’inquiètent d’une possible hausse de leurs impôts dans le budget 2026, qui pourrait aussi prévoir des mesures concernant les plus hauts patrimoines.
Un événement rare dans le patronat
Une telle mobilisation patronale est exceptionnelle. Le précédent le plus marquant remonte au 14 décembre 1982, lorsque le CNPF, ancêtre du Medef, avait rassemblé 25.000 chefs d’entreprises au parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), pour protester contre les politiques menées par le président socialiste François Mitterrand.
Avec AFP
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