«Nouvelles mises en garde» du chef de l’OMS Tedros contre la maladie X lors de la réunion du WEF à Davos

Lors de la réunion annuelle du World Economic Forum à Davos, un panel d'experts a parlé de l'avenir de l'humanité face aux menaces futures. Des connaissances sur les candidats potentiels à la maladie X doivent être constituées dans une bibliothèque mondiale de vaccins. La surveillance des maladies doit être renforcée

Par Olivier Signus
24 janvier 2024 17:37 Mis à jour: 24 janvier 2024 17:37

Il viendra le jour X qui apportera dans ses bagages la maladie X. Elle sera dévastatrice, en comparaison de laquelle la pandémie de Covid-19 n’aura été, au mieux, qu’un grattement de gorge mondial. Selon le World Economic Forum (WEF), en introduction à un échange entre experts, le mercredi 17 janvier à Davos, cette maladie X fera « 20 fois plus de morts ». Ces « nouveaux avertissements » de l’OMS ont servi de formule de bienvenue.

Le groupe d’experts n’a pas expliqué sur quoi se basaient ces « prévisions », il n’en a même pas été question. Dans le contexte d’une menace potentielle, la question est de savoir quels efforts sont nécessaires pour « préparer les systèmes de santé aux multiples défis qui nous attendent ».

La prochaine urgence

La maladie X et la manière de la gérer ont fait l’objet d’un exposé d’un peu plus de 45 minutes de la part de différents orateurs lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse.

En guise d’introduction, Shyam Bishen, directeur du Centre pour la santé et les soins de santé du WEF et membre du comité exécutif du WEF, a affirmé qu’il s’agissait de savoir comment préparer le système de santé mondial à la prochaine « urgence ». « Nous savons tous très bien qu’il y aura des virus, qu’il y aura des agents pathogènes, qu’il y aura des épidémies. Comment pouvons-nous empêcher que des épidémies ne se transforment en pandémies de grande ampleur ? »

C’est ce à quoi nous travaillons, a-t-il ajouté, évoquant un partenariat pour les systèmes de santé, la durabilité et la résilience. Il ne s’agit pas seulement des pandémies, mais aussi d’autres crises menaçantes comme le changement climatique. Il faut également réagir à l’augmentation de nombreuses maladies, qu’elles soient contagieuses ou non.

Menaces biologiques et surveillance des maladies

« Nous devons bien préparer le système à cela », a déclaré Shyam Bishen, poursuivant qu’il y avait également des initiatives dans les domaines des menaces biologiques et de la surveillance des maladies. « Nous avons également des systèmes de données rapidement accessibles pour que le secteur privé puisse faire son travail. Ils peuvent développer des contre-mesures médicales, que ce soit sous forme de vaccins, de diagnostics ou de produits thérapeutiques ».

Nous avons également travaillé sur tous ces points. Nous veillons à une répartition équitable des vaccins et à ce que la production soit possible dans différentes parties du monde.

Il a ensuite passé le micro à Nancy Braun, directrice de l’American Heart Association, qui a dirigé ce qui était présenté comme une « discussion ».

Le Covid-19 a été la première maladie X

Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2017, a d’abord eu l’occasion d’expliquer le terme « maladie X ». Selon lui, il n’est pas nouveau, il a été utilisé pour la première fois en 2018. Il y a beaucoup de maladies que l’on connaît : « Le MERS pourrait en être une, Zika, Ebola », a-t-il énuméré. Mais il y a aussi des choses qui sont inconnues. « Et tout est une question de quand ça va arriver, pas de si ça va arriver ».

Pour cette maladie (inconnue), il faut avoir un « substitut ». C’est pourquoi on lui a donné le nom de « maladie X ». Le Covid a été la première « maladie X ». « Et cela peut se reproduire », a ajouté Tedros. Certains critiquent le fait que l’on crée ainsi la panique. « Mais selon lui, il est « préférable d’anticiper ce qui pourrait arriver ».

On peut faire beaucoup de choses, même si on ne sait pas ce qui va se passer exactement. Tedros a cité l’installation de systèmes d’alerte précoce. Ou encore la planification de la préparation. En cas d’urgence, il faut avoir la possibilité de « s’agrandir rapidement » afin de pouvoir traiter tous les patients.

Il a affirmé que cela n’avait pas été possible pendant la pandémie du Covid-19 et que les cliniques étaient surchargées, y compris le personnel. Quelle que soit la maladie en question, il faut s’y préparer et cela peut se produire dans tous les domaines: recherche et développement, chaînes d’approvisionnement, secteur privé.

Tedros a appelé à davantage d’investissements dans les soins de santé et à renforcer la coopération entre les pays (qualifiés de « communautés »). Le chef de l’OMS a également fait la promotion du projet de traité mondial sur les pandémies, qui devrait être prêt à être signé en mai.

Partage mondial des données

Michel Demaré, président administratif du fabricant britannique de vaccins AstraZeneca, a appelé à un échange mondial des collections de données. L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pourrait être utile dans le cadre de la préparation à une pandémie.

La ministre brésilienne de la Santé, Nisia Trindade Lima, veut réduire les différences entre les pays industrialisés, les pays émergents et les pays du tiers monde – en premier lieu pour les médicaments, les vaccins et les tests médicaux. 90% des brevets sont concentrés dans 10% des pays, a-t-elle déclaré. Le Brésil assume la présidence du G20 depuis le 1er décembre 2023 pour une durée d’un an et souhaite s’engager pour plus de multilatéralisme durant cette période.

250 à 300 menaces virales ?

Kate Kelland, ancienne correspondante de « Reuters » et actuelle rédactrice en chef de la « Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies » (Coalition für Epidemic Preparedness Innovations CEPI), demande également que le monde soit mieux préparé à faire face à la prochaine pandémie.

« On peut parcourir un long chemin pour produire quelque chose qui cible un nouveau type de virus avant même que ce virus n’apparaisse », a précisé Kate Kelland dans une interview accordée à « Radio Davos », que le WEF a publiée sur son site Internet. Elle n’a pas expliqué comment cela serait concrètement possible, mais a parlé d’un « travail de détective pour empêcher une nouvelle pandémie de l’ampleur et des effets du Covid-19 ».

Et d’ajouter : « C’est un virus que nous ne connaissons pas encore, mais nous savons qu’il est là, et nous savons qu’il a le potentiel de passer éventuellement d’une population animale à l’homme, peut-être de muter ou de s’adapter, puis de se propager et de tuer des gens plus rapidement que nous ne pouvons le contenir ».

Elle a par ailleurs souligné que la réalisation de recherches et le développement de vaccins pour les 25 « familles » virales connues susceptibles d’affecter les humains donneraient à l’humanité, au sens large, un avantage décisif sur la prochaine maladie.

« Nous parlons de 250 à 300 menaces virales. » C’est « un grand nombre, mais il est fini », a continué Kate Kelland, sans toutefois fournir de preuve à l’appui de cette affirmation. Il ne s’agit donc pas d’une « quantité de travail inimaginable ». Il s’agit d’une « charge de travail énorme », mais c’est « faisable ».

Avoir toujours une longueur d’avance sur les nouveaux virus ?

La CEPI plaide pour une bibliothèque mondiale de vaccins (« One World Vaccine Library »). Le but de cette bibliothèque serait d’accumuler des connaissances sur les candidats potentiels à la maladie X, d’effectuer des travaux préparatoires et de rendre les informations ainsi obtenues disponibles lorsqu’un nouveau virus apparaît.

L’idée serait que le monde se partage ce travail. « Cela ne peut pas être fait par une seule institution ou un seul groupe scientifique », a expliqué Kate Kelland. « Quand tout ce travail sera fait, nous pourrons avoir plusieurs longueurs d’avance sur tout nouveau virus avant qu’il n’apparaisse. Et si nous y parvenons dans toutes ces familles, alors nous serons presque prêts pour tout ce que ces familles virales peuvent nous réserver ».

Kate Kelland a souligné la nécessité d’un traité sur les pandémies. Cela faciliterait la coopération mondiale et les travaux scientifiques nécessaires pour se préparer à de futures pandémies. Un fonds pour les pandémies doit être alimenté avec de « l’argent réel » avant que de « telles situations » ne se produisent. Il devrait également y avoir des accords sur la manière dont les connaissances et les alertes seraient partagées. Les participants pourraient alors réagir plus rapidement en cas d’urgence.

Selon le WEF, le CEPI est une organisation à but non lucratif qui finance la recherche et le développement de vaccins contre des maladies susceptibles de devenir des épidémies ou des pandémies. Avec le Forum économique mondial comme l’un de ses membres fondateurs, le CEPI a financé trois vaccins Covid-19, dont ceux d’AstraZeneca et de Moderna. L’organisation travaille également sur une série de maladies qui pourraient conduire à la prochaine propagation de la pandémie.

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